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L’Église flamande accorde sa bénédiction aux couples LGBTQ+
22·09·22

L’Église flamande accorde sa bénédiction aux couples LGBTQ+

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo by Ian Taylor on Unsplash

Auteur
Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

Non, l’Église ne vient pas d’approuver le mariage homosexuel. Mais les évêques flamands prennent fait et cause pour les couples LGBTQ+. Ils souhaitent que « l’Église soit accueillante et n’exclue personne ». Tous les couples, quelle que soit leur orientation, pourront dorénavant célébrer leur relation à l’église, avec sa bénédiction — même si, sur ce point, les choses ne sont pas encore tout à fait claires.

« Historique » : voilà comment Willy Bombeek qualifie la position adoptée hier par les évêques de Flandre. « L’attention pastorale de la congrégation concerne d’abord et avant tout les personnes homosexuelles elles-mêmes », peut-on lire dans leur communiqué. « Nous voulons demeurer auprès d’elles tout au long du chemin parfois complexe qu’elles suivent pour admettre leur orientation, l’accepter et la vivre positivement. »

Et l’Église n’entend pas limiter son soutien aux seuls célibataires : elle vise également les personnes qui sont dans une relation et ont une sexualité. « Elles aussi méritent notre reconnaissance et notre aide. Car cette relation, bien que n’étant pas un mariage religieux, peut être une source de paix et de bonheur partagé pour les personnes concernées. »

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Ce faisant, l’Église flamande accueille tous les croyants, quelle que soit leur orientation. Elle va même beaucoup plus loin, puisqu’il sera désormais possible de célébrer sa relation à l’église et de la faire bénir. « Il y a quinze ans, personne n’aurait pu prévoir que ça arriverait », s’enthousiasme Willy Bombeek, qui milite en ce sens depuis longtemps et est devenu, sur cette thématique, l’interlocuteur privilégié au sein de l’Église. « Des relations homosexuelles ont déjà été célébrées, mais c’est la première fois que cette démarche est validée noir sur blanc. » Le document comprend même une sorte de guide pour le déroulé des célébrations.

C’est le même Willy Bombeek qui est à l’origine de cette évolution. Lui-même homosexuel, il a pris une année sabbatique pour trouver des réponses à ses questionnements. Ce qui l’a finalement conduit à présenter un texte exprimant sa conception des choses à l’archevêque de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles. « Je pensais que cela sonnerait le glas de cette initiative. Mais au contraire : Jozef De Kesel m’a invité à approfondir le sujet au sein d’un groupe de travail. » C’est cette démarche qui a abouti au texte que les évêques viennent d’approuver.

Les prêtes restent maîtres chez eux

« On ne peut pas employer l’expression de “mariage homosexuel” », poursuit Willy Bombeek. « Car ce n’en est pas un. Pour l’Église, le mariage est un sacrement qui unit un homme et une femme. Ce qui n’empêchera pas les homosexuels de se sentir mariés après une telle célébration. Leur relation sera bénie. Pour eux, la différence sera négligeable : simplement, on ne prononcera pas la formule “je vous déclare mari et mari” ou “femme et femme” ».

« C’est très bien que l’Église prenne clairement position. Et c’est le bon moment. » 

Reste à savoir si l’on assistera prochainement dans toutes les églises à des mariages entre hommes, entre femmes ou entre une personne trans et un homme ou une femme. Car les prêtres restent maîtres de leur paroisse — et bon nombre d’entre eux sont encore très conservateurs. « Mais ce cadre officiel, il leur est également destiné. L’Église, l’archevêque De Kesel en tête, donne son autorisation. » Face aux éventuelles réticences de certains prêtres, Willy Bombeek jouera le rôle de point de contact afin d’accompagner le couple concerné vers une solution.

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« C’est très bien que l’Église prenne clairement position sur ce sujet », estime le théologien Rik Torfs. « Et c’est le bon moment. » Il trouve le texte des évêques finement rédigé. « Ils parviennent à éviter certains pièges. On pourrait croire que la liturgie ou la célébration ressemble au sacrement du mariage, mais il est très clairement dit que ce n’est pas le cas. » Le spécialiste estime par ailleurs que le texte ne dit rien sur une éventuelle bénédiction de la relation au cours de la célébration. « Il n’est dit nulle part que la bénédiction sera donnée par un prêtre. Simplement qu’il sera demandé à Dieu s’il peut bénir la relation. » Selon Rik Torfs, il s’agit là d’une manière, pour les évêques flamands, d’assurer leurs arrières face à de possibles critiques émanant de Rome. « C’est une façon de contourner l’interdiction de bénédiction. »

Plusieurs pays ont mis sur pied des groupes de travail qui planchent sur des initiatives similaires. Mais la démarche de l’Église flamande est une première. Selon le porte-parole des évêques de Flandre, le Vatican n’en avait pas été informé.

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