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Le VDAB peut-il surveiller les données internet des chômeurs ?
06·09·17

Le VDAB peut-il surveiller les données internet des chômeurs ?

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Pixabay

Auteur⸱e
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Il ne s’agit encore que d’une expérience, mais elle a déjà fait couler beaucoup d’encre. Le VDAB, l’office flamand pour l’emploi (l’équivalent du Forem ou d’Actiris, ndlr), a pour ambition de surveiller les chercheurs d’emploi lorsqu’ils surfent sur Internet. C’est ce qu’a déclaré l’administrateur délégué de l’organisme Fons Leroy samedi 2 septembre dans le quotidien De Standaard. Le VDAB souhaiterait mieux connaître les intérêts des chômeurs afin de leur proposer des postes plus adéquats. Mais pas seulement : il aimerait aussi savoir si les chercheurs d’emploi surfent de manière suffisamment active sur le site du VDAB. Ainsi, celui qui ne visiterait pas assez le site recevrait une invitation pour un entretien, qui pourrait être suivi de sanctions, car le VDAB est chargé, depuis l’année passée, de l’éventuelle suspension des allocations de chômage, en plus du travail de médiation qu’il fournit depuis toujours.

L’ABVV, (aile flamande de la FGTB, ndlr), a immédiatement émis ses réserves. Pour Caroline Copers, la secrétaire générale du syndicat socialiste, il n’est pas normal qu’on tire ce genre de conclusions sur la base de simples algorithmes informatiques. « N’importe qui peut prétendre chercher du travail en demandant à quelqu’un de cliquer dix fois par jour sur des offres d’emploi. » 

Une autre question se pose : celle de la qualité du service offert par le VDAB. En effet, permet-elle de surveiller réellement si le chercheur d’emploi cherche de l’emploi ? Il faut savoir que de nombreux chômeurs préfèrent se tourner vers d’autres outils, comme LinkedIn. « Dans un monde idéal, un consultant engagé à temps plein s’occuperait de chaque travailleur pour trouver l’emploi idéal, mais cela coûterait bien trop cher au contribuable », explique Stijn Baert, professeur à l’Université de Gand et expert en marché de l’emploi. « Lorsqu’on touche une allocation, il faut fournir quelque chose en contrepartie. Par exemple, parcourir régulièrement toutes les offres d’emploi envoyées par le site du VDAB, quand bien même seulement dix pour cent d’entre elles seraient vraiment adaptées à vos qualifications. »

L’utilisation du big data doit justement permettre d’améliorer cette offre. « On reproche au VDAB son manque de modernité, mais quand on veut moderniser le service, on le lui reproche aussi, fait remarquer M. Baert. On contrôle depuis des années le nombre de lettres de candidature envoyées par les chômeurs. Est-ce vraiment mieux ? LinkedIn aussi utilise des données pour trouver l’emploi le plus adapté à ses utilisateurs. »

Libre choix

Dans tous les cas, le VDAB devra tenir compte des nouvelles réglementations européennes en matière de respect de la vie privée et devra demander explicitement aux demandeurs d’emploi l’autorisation d’utiliser leurs données. « Pour répondre à la nouvelle législation, il faut qu’un site informe clairement et en détail le visiteur sur ce qui sera fait de ses données : il doit savoir si les données serviront à sanctionner ou à mieux accompagner, mais aussi le temps que durera la surveillance, etc., précise Caroline De Geest de la Commission vie privée. L’utilisateur doit aussi donner son autorisation explicite par une signature ou en cochant une case, qu’on appelle Opt in. »

Est-il clair que le chômeur doit quand même avoir accès aux offres d’emploi même s’il ne donne pas son autorisation ? « Oui, il faut être libre de choisir si on donne l’autorisation ou non, explique Mme De Geest. Bloquer l’accès au site à quelqu’un qui refuserait qu’on utilise ses données reviendrait à l’obliger d’accepter. »

« Cette nouvelle législation entrera en vigueur au mois de mai 2018. La seule alternative envisageable serait de faire voter une loi spéciale sur mesure. Cette loi définirait comment les données pourront être collectées et utilisées. En attendant, la Commission vie privée a déjà entretenu des contacts avec le VDAB, qui viendra présenter ses projets quand ils seront plus aboutis. »

Le cas des noms étrangers

Entre-temps, l’ABVV a déjà demandé si on ne pouvait pas utiliser les données de navigation pour détecter les cas de discrimination par les entreprises. « Si nous pouvons identifier des sociétés ou des secteurs qui refusent systématiquement des catégories de demandeurs d’emploi en fonction de leur âge, sexe, origine, etc., il serait intéressant aussi d’utiliser ces données pour mieux lutter contre les discriminations à l’embauche », plaide Steven Genbrugge, conseiller au service d’étude de l’ABVV.

Stijn Baert se dit séduit par l’idée. « Si c’est possible techniquement, ce serait très intéressant en effet. Dans les années nonante, il existait déjà une base de données qui enregistrait le moindre clic. Et effectivement, on a remarqué à l’époque que les recruteurs cliquaient moins sur les noms de citoyens d’origine étrangère. On pourrait donc envisager de contrôler les employeurs aussi. » Le VDAB, pour sa part, n’exclut pas l’idée.

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