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Un doctorat consacré aux homosexuels musulmans
19·05·15

Un doctorat consacré aux homosexuels musulmans

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Pour rappel : Wim Peumans est le fils de Jan Peumans, président du Parlement flamand et membre de la N-VA.

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Ce weekend des dizaines de milliers d’ « holebis » ou « LGBT » (lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels) ont à nouveau célébré la Gay Pride à Bruxelles. Un groupe était toutefois sous-représenté, celui provenant de la communauté musulmane. Si le « coming-out » est toujours difficile, il représente en effet pour les musulmans un défi plus complexe.

Wim Peumans, 30 ans et fils du président du parlement flamand Jan Peumans [ndrl: membre de la N-VA], est, dans la perspective de sa thèse de doctorat, allé à la rencontre de personnes qui ont émigré vers la Belgique en raison de leur préférence sexuelle : « Les musulmans préfèrent la dissimuler de peur de perdre leur famille, et c’est surtout pour les femmes qu’il est délicat de la divulguer », souligne Peumans

Wim Peumans, originaire de Riemst, a recueilli pour sa thèse à la faculté des sciences sociales de la KUL les témoignages de personnes qui ont été poussées à émigrer en raison de leur sexualité.

« Tant de la première que des deuxième et troisième générations d’immigrés, tant hommes que femmes » explique Peumans, « tous ont conservé leur référence musulmane, même si tous ne s’identifient plus à l’Islam. Je me suis entretenu avec 31 personnes au cours de plus de 60 interviews, leur ai demandé de tenir un journal et ai suivi les activités des associations LGBT. J’ai pu prendre contact avec ces personnes grâce à leurs tracts, les réunions de leur communauté et des sites de rencontres ».

Même si les choses sont également compliquées face au même dilemme pour les Flamands non issus de l’immigration, Peumans a identifié des caractéristiques spécifiques aux Musulmans qui envisagent de divulguer leur préférence : « On ne peut toutefois généraliser les données qui ressortent de mon enquête » souligne-t- il.

« Le jour où les LGBT de culture musulmane se décident à révéler leur nature sexuelle, ils ne le font pas ouvertement » précise Peumans. « Ils la suggèrent subtilement, souvent d’abord auprès de leurs frères ou sœurs, puis seulement en parlent à leurs parents.

Beaucoup ne veulent pas mettre un nom sur leur préférence et la taisent de crainte de perdre leur famille, mais s’ils la révèlent malgré tout, on constate que la défiance initiale des parents à l’égard de leur fils ou fille s’atténue au fil des mois et des années.

Mon impression est que les jeunes hommes musulmans dans cette situation révèlent plus aisément leur nature que les jeunes femmes, car les hommes sont plus indépendants et se disent ‘je m’en fous’[1].

Avec les années, les hommes quittent aussi plus facilement le toit familial tandis que, dans le contexte migratoire, les femmes demeurent les gardiennes de la culture du pays d’origine ; les attentes à leur égard sont plus élevées, il leur est demandé de pérenniser cette culture.

Les LGBT provenant de la communauté musulmane sont coincés entre deux feux, d’une part les attentes de leur famille, d’autre part celles de la communauté LGBT, ce qui a pour effet qu’ils décevront toujours l’une ou l’autre »  selon Peumans.

La réaction des parents issus de l’immigration n’est pas toujours imputable à leur religion : « Il apparaît que les parents eux-mêmes se retrouvent brusquement dans une impasse. Leurs amis et relations de même origine risquent de stigmatiser le fait que leur enfant ne satisfait pas au codes sexuel et de genre convenus, étant donné que les enfants sont éduqués dès leur naissance suivant certains schémas sur l’école, le mariage, la descendance ; si un enfant se révèle LGBT, beaucoup de ces prérequis tombent à l’eau…

Etre musulman et LGBT est difficilement compatible, mais beaucoup d’entre eux revendiquent néanmoins leur appartenance à l’Islam, restent attachés à leur religion et recherchent les enseignements du Coran sur la question.

D’autres, mais ils sont peu nombreux, prennent progressivement leurs distances vis-à-vis de leur foi et se tournent vers une autre religion ou deviennent agnostiques ou athées ».

En V.O. : Het Belang Van Limburg, 16 mai 2015, p.18 et 19

[1] En français dans le texte (NDT)

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