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Le dernier prêtre-enseignant de Belgique: « La religion est ma vocation , l’histoire, ma passion »
02·09·22

Le dernier prêtre-enseignant de Belgique: « La religion est ma vocation , l’histoire, ma passion »

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo by Kelly Sikkema on Unsplash

Auteur
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Francis Dierckxsens, qui retrouve aujourd’hui son poste, devant sa classe du Sint-Michielscollege à Brasschaat, est quelqu’un d’unique : c’est très probablement le tout dernier prêtre-enseignant de notre pays. À 52 ans, Francis Dierckxsens effectue deux mi-temps : l’un en qualité de directeur pédagogique du collège, et l’autre comme professeur d’histoire et de religion. « La religion est ma vocation ; l’histoire, ma passion », avoue le professeur, qui est déjà une légende vivante à Brasschaat et aux alentours.

S’il lui arrive encore d’endosser la soutane aux grandes occasions, comme lors de la commémoration des victimes d’une fusée V1 tombée sur le collège, il reste aux yeux de ses élèves un enseignant dynamique, encore relativement jeune, qui sait transmettre son savoir avec verve. Ils voient en lui le professeur avant l’ecclésiastique.

Enfant, Francis effectue sa scolarité à Brasschaat, à l’Openluchtschool Sint-Lutgardis et au Sint-Michielscollege. En 1987, il entre dans les ordres auprès des frères prémontrés de l’abbaye d’Averbode, avant d’être ordonné prêtre en 1994. Après ses études d’histoire à la KU Leuven, il commence à enseigner au Sint-Michielscollege en 1998 : il y dispense les cours d’histoire et de religion en rhétorique et assume également, à mi-temps, la fonction de directeur pédagogique. Tout comme son ex-collègue Jacques Adriaens, il réside au collège, dont il est devenu au fil du temps une légende vivante.

Il faut plus qu’une hausse des salaires pour remédier à la pénurie d’enseignants

« Il y a quelques années, notre pays comptait encore deux ou trois prêtres enseignants, mais les autres semblent avoir cessé leur activité. Peut-être pourrions-nous lancer un appel pour savoir s’il reste d’autres prêtres-enseignants dans le pays ? », plaisante Francis, qui est l’auteur, en marge de son activité dans l’enseignement, d’un ouvrage consacré à une grande famille locale : les de Baillet-Latour.

« Au long de mes 24 années de carrière dans l’enseignement, j’ai déjà vécu de nombreux changements. Prenons les objectifs finaux d’enseignement (eindtermen), par exemple, qui ont suscité de nombreux débats. Cahin-caha, ils ont été finalement adoptés, mais leur maintien est tout sauf assuré. La crise du coronavirus a également donné un coup d’accélérateur à la digitalisation. J’avoue que sur ce point, je ressentais personnellement une grande inquiétude. Mais si le coronavirus a eu un effet secondaire positif, c’est bien cette digitalisation. Avant la crise, j’étais persuadé que je finirais ma carrière devant un tableau noir, craie à la main, en diffusant de temps à autre un petit bout de film ou de DVD. Sur ce plan, tout a changé. »

Un comédien interactif

« Je constate également une individualisation graduelle de l’enseignement. Comme enseignant, il faut pouvoir se montrer flexible dans l’élaboration des trajectoires d’apprentissage, pour continuer de stimuler les élèves les plus forts tout en apportant un soutien aux plus faibles. C’est un exercice d’équilibriste parfois difficile. »

Pas d’école pendant deux mois en été : est-ce vraiment bénéfique ?

Au cours de sa carrière, Francis a vu plusieurs élèves acquérir ensuite une notoriété nationale : le champion de voile Sébastien Godefroid, le hockeyeur Felix Denayer, le joueur de basket-ball Jean-Marc Mwema, ou encore Simon Nuytten et Olivier Symons, respectivement guitariste et chanteur du groupe indie-pop Bazart. « Là, je tiens à apporter une précision : je pense que nous tentons avant tout de former des jeunes qui, individuellement, souvent en toute modestie, apportent une importante contribution à la société. Avec mes cours d’histoire, je veux apprendre à mes élèves à réfléchir sur notre passé, qu’il s’agisse de la Belgique et de ses institutions, de la Guerre froide, de l’intégration européenne, du Congo ou de la Corée du Nord. L’histoire est un extraordinaire professeur, mais on l’écoute trop peu. Il m’arrive de me voir comme un comédien en mode interactif. Je dois rendre la matière que j’enseigne séduisante pour mes élèves, je dois les convaincre de son importance. Mon jeu de comédien m’aide évidemment à mieux capter leur attention. J’entends parfois d’anciens élèves me dire que certaines anecdotes les ont marqués. Je trouve cela un peu dommage. Je veux surtout les amener à réfléchir, et les voir se muer en jeunes adultes dotés d’un esprit sainement critique. »

Francis Dierckxsens a été amené à bénir d’innombrables mariages d’anciens élèves. « C’est probablement le plus important des gestes d’accompagnement que je puisse apporter à mes élèves », sourit-il.

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