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« La communauté musulmane doit se réveiller »
23·10·20

« La communauté musulmane doit se réveiller »

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

TanteTanti via Pixabay

Auteur⸱e
Laurence Hamels
Traductrice Laurence Hamels

En ne condamnant pas l’islamisme, on le renforce. Plus encore : on fait une cible des musulmans non-islamistes.

Un enseignant a été décapité en France. Égorgé. Et ce, pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves. Peu importe si ces illustrations ont été présentées dans le cadre d’un cours d’esthétique ou d’une leçon axée sur la liberté d’expression. Un professeur a été décapité parce qu’il donnait cours. Pas en raison d’un climat islamophobe ambiant ni d’un extrémisme laïque prôné par l’État français. Ni à cause d’une polarisation médiatique.

Cet homme donnait cours. Il a montré des caricatures du prophète Mahomet. À une époque où des organisations telles que PEN Vlaanderen s’inquiètent à juste titre de la liberté d’expression et des éventuelles répercussions pour la démocratie, ces dessins sont presque devenus un impératif pédagogique. À peu près partout dans le monde, des écrivains, journalistes et dessinateurs humoristiques sont persécutés, bannis ou emprisonnés parce qu’ils expriment leur opinion. Ou assassinés, comme ce fut le cas il y a presque six ans, lors de l’attentat perpétré contre le journal satirique parisien Charlie Hebdo.

Pas de censure

La raison ? Les dessinateurs avaient caricaturé le prophète Mahomet. L’attentat et les caricatures sont étroitement liés et ne peuvent ni ne doivent être effacés de la mémoire collective. Et ils ne devraient pas faire l’objet d’une censure dans une classe.

L’enseignement n’est pas une caisse de résonance se réduisant à la seule représentation de l’homme et du monde par l’élève. La classe n’est pas une bulle virtuelle au sein de laquelle l’information est servie à la carte. Les cours ne sont pas définis par un algorithme. L’enseignant n’est pas un responsable marketing qui, pour rallier des clients, débite une rengaine. À moins que ce ne soit ce que nous voulons ? Présenter à nos jeunes une image de l’homme unidimensionnelle et sur mesure, tout en filtrant d’autres perspectives, subversives. Pour ne pas blesser.

Hausse de 900%

Pour certains, se sentir blessé est un choix. Cela leur permet de fuir et de ne pas regarder le problème en face : l’islamisme. Selon le rapport « La fabrique de l’islamisme », publié par le groupe de réflexion Institut Montaigne, en quinze ans, le nombre de partisans de cette idéologie a connu, en France, une hausse de neuf cents pour cent.

Selon les estimations du ministère des Affaires étrangères, 30 000 à 50 000 personnes sont adeptes d’une des interprétations rigoristes de l’islam. Un islam qui veut mener une politique violente avec une vision – une croyance – sur l’organisation de la société et l’exercice du pouvoir.

Cette croyance regorge de discriminations sociales, notamment envers les femmes. Elle se caractérise aussi par un rejet absolu des non-musulmans, considérés comme inférieurs. Cette croyance a une antichambre : le jihad, qui considère la prédication et l’engagement politique comme insuffisants. Aussi la décapitation devient-elle un moyen légitime d’exercer la politique. Cette sentence est attisée par les fabriques à fatwa sur les médias sociaux.

Réfuter la thèse du loup solitaire

Cet assassinat sauvage est-il l’œuvre d’un loup solitaire ? Absolument pas. L’antichambre de l’islamisme est largement étayée par une idéologie politique telle que celle des Frères musulmans et des wahhabites saoudiens qui répandent avidement leur doctrine par le biais d’organisations satellites, de livres et de médias (sociaux).

Le terreau est propice à la violence. En Arabie saoudite, la décapitation est une forme d’exécution, une application de la loi islamiste. Quoi qu’il en soit, l’islamisme n’a pas surgi de nulle part, il porte l’ADN de l’islam. Derrière l’éléphant dans le magasin de porcelaine se cache le mammouth du mouvement islamiste qui n’est pas exempt d’impuretés. La porcelaine, ce sont les journalistes, les dessinateurs humoristiques, les enseignants et, en premier lieu, les musulmans eux-mêmes.

En ne condamnant pas l’islamisme, on le renforce. Plus encore : on fait une cible des musulmans non-islamistes. Or, ceux-ci n’ont de cesse de se distancier de l’horreur. Ils sont constamment en mode défense : « ceci n’est pas notre islam ». Mais tant que les impuretés de l’islam ne seront pas combattues, cela restera leur islam.

Et je terminerai sur une citation de Hassen Chalghoumi, l’imam de Drancy : « La communauté musulmane doit se réveiller ».

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