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La Belgique n’est pas responsable de la misère qui régnait en Flandre au XIXe siècle
04·06·21

La Belgique n’est pas responsable de la misère qui régnait en Flandre au XIXe siècle

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Le départ des volontaires liégeois pour Bruxelles, Charles Soubre (1821-1895). Domaine Public

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Selon Guy Vanthemsche, ce n’est pas la Révolution belge, mais l’essor du capitalisme qui a miné la Flandre.

Saupoudrer les prises de position de la N-VA d’une pointe d’histoire ou de philosophie, Joren Vermeersch en a fait sa marque de fabrique. Logique et légitime, si ce n’est que les lecteurs doivent garder à l’esprit que l’homme prend régulièrement des libertés au regard de la réalité historique. En atteste son dernier édito paru le 31 mai dans De Standaard. Selon lui, la Révolution belge a été source de malheur en Flandre sur le plan social. Si personne ne peut nier les troubles sociaux qui ont secoué la région au dix-neuvième siècle, il est injuste d’en attribuer la responsabilité à l’État belge.

La Révolution belge a été source de malheur en Flandre sur le plan social

Si les provinces flamandes du Royaume uni des Pays-Bas ne s’étaient pas détachées du Nord en 1830, si elles avaient été annexées par les Prussiens ou accédé à l’indépendance, rien n’aurait changé au triste sort des petits paysans et ouvriers flamands qui vivotaient dans une misère abjecte. Ces hypothétiques scénarios auraient accouché d’autant de souffrances – avec ou sans nation belge – pour la bonne et simple raison que les petites gens étaient exploitées par des capitalistes et des propriétaires fonciers « du cru », et non pas par des suzerains « étrangers » venant, par exemple, de Wallonie.

Cette misère s’explique en effet par l’émergence du capitalisme, qui a engendré des disparités de développement (régionales et sociales) partout en Europe occidentale. Nous devons cette vision à un obscure fuyard prussien nommé Karl Marx. Il est impossible d’observer et de comprendre les bouleversements socio-économiques qui ont traversé l’Europe – et qui sont toujours à l’œuvre – à travers le seul prisme nationaliste de Joren Vermeersch. Les nationalistes de son acabit, d’où qu’ils viennent, considèrent et interprètent les choses à l’aune des États-nations, là où la réalité sociétale est bien plus vaste (ce qui ne signifie pas pour autant que cette grille de lecture n’est pas pertinente – ne serait-ce que parce que bon nombre de personnes ont tendance à réduire une réalité complexe à « l’identité » et à la « nationalité »).

Un Viktor Orbán flamand

Imaginez une seconde qu’un nationaliste belge affirme, triomphant, que « la prospérité et la sécurité sociale apparues après-guerre sont le fruit de l’État-nation belge. » Une telle déclaration serait-elle correcte ? Si la sécurité sociale a en effet pris forme au sein du cadre belge, ce constat ne démontre nullement la qualité intrinsèque, et encore moins la quelconque supériorité du modèle. La sécurité sociale doit bien davantage aux luttes sociales qui ont essaimé par-delà les frontières en Europe de l’Ouest – notamment parce que des démocrates socialistes se sont inspirés des principes de Marx. Bien entendu, Karl Marx avait parfois tort – il n’était après tout qu’un homme de son temps, pas le « prophète » que d’aucuns en ont fait. Il est tout aussi évident que ses visions ont été détournées, menant ainsi à d’atroces massacres – au même titre que l’éthique chrétienne, qui prône la tolérance et l’amour du prochain, a été souillée durant des siècles par les hautes strates du pouvoir (clérical) et l’Inquisition.

Pour terminer, ajoutons que Vermeersch n’a pas à craindre la censure de ses opinions au sein du cadre belge actuel. Opinions qui, avec un Victor Orbán sauce belgicaine au pouvoir, n’auraient sans doute pas le même écho. Pas plus que ma publication aurait de chance d’être diffusée au sein d’une Flandre indépendante dirigée par un Orbán flamand.

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