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06·03·18

Les jeunes flamingants ne sont plus nécessairement anti-francophones

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo CC (KVHV Antwerpen) Flickr

Christof Willocx
Auteur⸱e
Ludovic Pierard
Traducteur⸱trice Ludovic Pierard

Les jeunes qui ont participé ce dimanche à la Vlaams Nationaal Zangfeest (Fête nationale flamande du chant) à la Lotto Arena ne sont pas nécessairement francophobes. Ce qu’ils veulent avant tout, c’est qu’on utilise moins d’anglais et que le Flamand moyen soit fier de son identité.

Organisée chaque année par l’Algemeen Nederlands Zangverbond (Union générale de la chanson néerlandaise), la Fête nationale flamande du chant a attiré ce dimanche après-midi 4 500 participants pour sa 81e édition à la Lotto Arena d’Anvers.

La plupart d’entre eux n’étaient plus dans leur première jeunesse et la visée politique de leur message était claire, avec des titres tels que « Zelfbestuur » (Autonomie) et « Volk wordt staat » (Le Peuple, c’est l’État), ou encore des paroles telles que « komt straks de harde strijd, wij zijn bereid » (L’heure de la lutte a bientôt sonné, nous sommes prêts). Mais la relève semble assurée : dimanche, trois fanfares composées exclusivement de jeunes ont ouvert le spectacle et, dans le public, on pouvait croiser quelques centaines de 20-30 ans.

Une identité détournée

« L’identité flamande n’a rien de négatif. Au contraire, c’est un facteur de cohésion », déclarent Rien Hoeyberghs (27 ans), de Dessel, et Jolien Raskin (28 ans), de Tongres. « Auparavant, c’était le catholicisme qui jouait ce rôle fédérateur en Flandre, mais il a perdu de son influence et n’a pas été remplacé. L’identité flamande pourrait être un bon substitut, mais le Vlaams Blok et le Vlaams Belang l’ont tellement détournée au cours des dernières décennies que la honte d’être flamand est trop ancrée parmi nos citoyens. »

Thomas Decat (21 ans), de Bornem, acquiesce : « quand j’ai dit à un ami que j’irais à la Fête nationale flamande du chant, il a cru à un événement sympathisant du Troisième Reich ! Pour beaucoup, arborer un simple drapeau flamand est déjà scandaleux. Mais quel mal y a-t-il à afficher son identité ? »

« Le Flamand doit être plus fier »

Mais qu’est-ce que l’identité flamande ? « C’est très vaste. Ça va de l’égalité homme-femme au respect des autres cultures. Et parler la langue flamande, bien entendu », poursuit Thomas.

« Par ailleurs, ce ne sont pas tellement les migrants ou les francophones qui représentent une menace, mais plutôt les Flamands eux-mêmes. Ils souffrent d’une forme “d’oikophobie”, à savoir le rejet de son héritage culturel. Il est urgent que les Flamands apprennent à être plus fiers d’eux-mêmes. »

Ces convictions, ce n’est pas à la maison que Thomas les a acquises. « Je n’ai pas du tout grandi dans un milieu nationaliste. En fait, j’ai développé mes propres idées pendant mes études en Sciences politiques, à la KU Leuven. On y apprend à se forger ses propres opinions. J’ai découvert que l’histoire de l’identité flamande est trop associée à des questions négatives, comme la collaboration avec l’occupant, alors qu’elle a au contraire un côté très positif. »

« On abuse des termes anglais »

Chelsy Swerts (24 ans), d’Oostmalle, ne provient pas non plus d’une famille nationaliste flamande. « Je viens ici pour entonner des chants flamands avec d’autres personnes. Le fait que mon copain soit membre de la Nationalistische Studentenvereniging (association des étudiants nationalistes) n’y est évidemment pas étranger non plus », explique-t-elle.

Chelsy n’est pas francophobe. « Il est certain que pour moi, la Flandre peut devenir indépendante, mais je viens d’abord parce que la culture flamande est importante à mes yeux. À la radio, on diffuse énormément de chansons anglaises, et on entend de plus en plus de termes anglais dans les publicités et à la télévision. Pourtant, ce n’est pas toujours nécessaire, vu qu’il existe dans la plupart des cas un équivalent en néerlandais. »

« Attention, je ne suis pas contre l’anglais. D’ailleurs, je traduis et j’interprète dans cette langue. Mais aujourd’hui, le néerlandais est beaucoup trop souvent mis à l’écart », déclare Chelsy.

L’exemple sud-africain

Le présentateur, Koen Huygebaert, a également abordé la question de l’anglicisation croissante de la langue néerlandaise. « Nous parlons sans cesse d’apps, de PowerPoint, de The Voice, de kids, de “power on stage”, etc. Pourtant, il existe aussi des termes flamands pour exprimer la même idée, non ? », explique-t-il.

Son collègue Erik Stoffelen, président de la Fête nationale flamande du chant, estime que nous pourrions nous inspirer de l’exemple sud-africain. « Là-bas, un smartphone se dit “streelpaneel” »  (+/- tablette tactile, ndt).

Mais il ne veut pas non plus donner l’impression que le seul problème serait l’anglicisation de la société flamande. « La francisation se poursuit », se plaint-il. « Nous sommes régulièrement confrontés à des manœuvres de ralentissement ou de sabotage de la part des francophones. Comme dans le dossier du stade national ou des vols de nuit au-dessus de Bruxelles. Notre objectif doit rester une Flandre libre et autonome. »

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