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Inscriptions dans les écoles flamandes de Bruxelles : une loterie qui laisse 650 élèves sur le carreau
11·05·21

Inscriptions dans les écoles flamandes de Bruxelles : une loterie qui laisse 650 élèves sur le carreau

À Bruxelles, 650 élèves ne sont pas parvenus à s’inscrire dans l’enseignement secondaire néerlandophone au moyen du système centralisé prévu à cet effet. « Comment est-ce possible ? » se demandent les parents.

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

Crédit: Juraj Varga via Pixabay

Auteur⸱e
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Katleen Brokken, mère de Marius Salomon, onze ans, ne cache pas sa déception : « Je voulais inscrire mon fils dans une école proche de chez nous, mais cela n’a pas fonctionné. C’est stressant, car nous ne voulons pas que notre fils passe une heure dans un tram avant de devoir prendre le bus pour se rendre à l’école. »

Elle poursuit : « J’ai sans doute péché par naïveté, car je pensais avoir toutes mes chances en mentionnant sur le formulaire trois grandes écoles. Il nous reste à espérer une bonne place sur la liste d’attente pour avoir accès à une des écoles que nous avons choisies, mais il y a des centaines d’autres enfants avant nous. »

Gijs Ieven a, lui aussi, tenté en vain d’inscrire son enfant : « Nous avons même mentionné cinq écoles et mis sur pied une stratégie. Nous n’avons pas mis les écoles les plus populaires dans les premiers choix. Quand nous avons appris qu’il n’y avait plus de place dans aucune des cinq écoles que nous avons mentionnées, ce fut la douche froide. C’est d’un droit de base qu’il est question ici, pas d’une inscription à un hobby pour enfants privilégiés. »

Ils sont 650, les élèves qui, pour l’instant, n’ont pas encore de place dans l’une des 33 écoles néerlandophones de l’enseignement secondaire bruxellois soumises au système d’inscription centralisé. Par ailleurs, il reste encore 241 places libres dans 14 de ces écoles, car les parents ont souvent choisi les mêmes écoles. Pour les familles qui n’ont pas obtenu de place et qui se trouvent sur une liste d’attente, le processus est particulièrement crispant. Pour éviter que des gens campent devant les écoles, comme on l’a vu par le passé, il a été décidé de développer un système d’inscription centralisé. De cette manière, les parents sont supposés recevoir une école sur la base de leur choix et des places disponibles. Et dans le pire des cas, c’est-à-dire le cas actuel, il n’y a plus de place du tout.

Les écoles bruxelloises très prisées

Dans le reste du pays, chaque année, il y a des parents obligés de patienter. Jean Pierre Verhaeghe, de la plateforme de concertation locale, explique que notre pays souffre d’un problème général de capacité, qui s’est aggravé depuis les années 2000. « De 2002 à 2010, le taux de natalité a augmenté en Flandre et à Bruxelles. Le problème ne date donc pas d’hier. »

Selon Guy Vanhengel (Open VLD), vice-président du parlement bruxellois, la situation bruxelloise est unique : « Nous ne savons jamais à l’avance le nombre d’enfants qui opteront pour l’enseignement néerlandophone à Bruxelles. Bon an mal an, 80 pour cent des enfants vont dans l’enseignement francophone et 20 pour cent dans l’enseignement néerlandophone. Nous nous rendons compte que la demande évolue au fur et à mesure que l’offre augmente. »

« Il y a autre chose qu’il est impossible de déterminer à l’avance : c’est le nombre d’enfants non bruxellois qui s’inscrivent dans des écoles bruxelloises, et vice versa, ajoute Vanhengel. Ainsi, beaucoup d’enfants viennent de la périphérie bruxelloise – et d’écoles primaires non bruxelloises – pour s’inscrire dans le secondaire à Bruxelles. Bruxelles attire de nombreux élèves, malgré la création massive de nombreuses écoles dans les communes de la périphérie.

En effet, les parents ont le droit de choisir où leurs enfants étudieront. Cependant, pour Dirk Jacobs, expert de l’enseignement à l’ULB, ce libre choix en matière d’enseignement est menacé : « Mais quoi qu’il en soit, cette liberté n’est pas celle de choisir une école bien précise, car quand une école est pleine, elle est pleine. Le libre choix implique qu’il doit être possible de choisir un réseau d’enseignement ou une filière spécifique. » Dirk Jacobs explique que le problème n’est pas lié au système en soi : « Le système d’inscription centralisé est un système plus équitable. Les élèves doivent pouvoir choisir leur école, et non l’inverse, comme c’était le cas avant. »

Des investissements pour l’avenir

C’est tout sauf une évidence pour les parents qui doivent désormais attendre, la peur au ventre malgré les promesses de Guy Vanhengel, qui assure qu’une solution sera trouvée dans un futur proche. En tout état de cause, la nécessité de nouvelles solutions structurelles se fait de plus en plus ressentir. Le ministre flamand de l’Enseignement, Ben Weyts (N-VA), a fait savoir, par la voix de son porte-parole, que les budgets en matière d’infrastructure, destinés notamment à augmenter les capacités des écoles, ont été revus à la hausse. « Au cours de cette législature, nous prévoyons 360 millions d’euros pour développer des moyens spécifiques en termes de capacité. Cette année-ci, l’enveloppe à répartir s’élève à 68 millions d’euros, dont 34 millions pour l’enseignement secondaire, et ce à Bruxelles également, où les investissements permettront de créer 535 places supplémentaires. » Ces efforts ne suffiront donc pas à satisfaire tous les élèves dans la situation actuelle. Dirk Jacobs : « Il faut trouver d’urgence des solutions qui dépassent les clivages entre réseaux avant septembre, puis pour les prochaines années. De surcroît, qui dit plus de classes supplémentaires, ne dit pas seulement plus de locaux. Il faut aussi plus d’enseignants. »

Le ministre bruxellois Sven Gatz (Open Vld) tient à rassurer malgré tout les parents inquiets. Il souligne que dans 99 pour cent des cas, les élèves obtiennent une place dans l’une des quatre premières écoles choisies par les parents. « Au début du mois de juin, nous pourrons équilibrer les places libres et les places dans les écoles pleines à Bruxelles, mais aussi entre les écoles bruxelloises et les écoles de la périphérie flamande. » Katleen Brokken, pour sa part, se montre moins sereine : « À l’heure qu’il est, je suis dans ma voiture pour calculer le temps qu’il faut pour aller de mon domicile à Saint-Gilles à une école de Tervuren qui fonctionne avec un autre système d’inscription. Je préférerais encore camper devant une école, car le système actuel, c’est une loterie. »

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