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04·10·16

ING : Destruction Créatrice ?

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo ING

Hier soir, l’action du Groupe ING se dirigeait vers une baisse d’un pour cent en Bourse. Une tuile sans doute pour les cyniques du conseil d’administration de la banque, qui avaient très probablement compté sur des applaudissements plus nourris de la part des actionnaires après l’annonce d’une vague massive de licenciements aux Pays-Bas et surtout en Belgique. C’était également l’avis des analystes. Qui ont estimé que le licenciement de 7.000 travailleurs (dont la moitié dans notre pays) ne posait aucun problème, et de recommander à leurs clients de prendre une part dans cette splendide entreprise.

Destruction créatrice, c’est là le nom de l’opération qu’ING dit mettre en place. L’expression est associée à Joseph Schumpeter, un économiste autrichien du siècle dernier. La destruction créatrice, c’est, dans le système capitaliste, progresser en détruisant quelque chose, laissant dès lors de la place pour l’innovation.

« Élaguer pour favoriser la floraison », c’est ainsi que le CEO d’ING Ralph Hamers qualifie ce processus, avec une insouciance caractéristique. En Belgique, la moitié du personnel va passer à la trappe. Si l’on est un tant soit peu jardinier, on sait que quand on supprime la moitié des arbres, on est bien loin d’un simple ‘élagage’. Mais qu’on est carrément en train de donner des coups de hache.

Les choses doivent changer dans le système bancaire, c’est indéniable. Disruption et numérisation – encore des termes à forte résonnance dans l’économie d’aujourd’hui – sont à l’ordre du jour. On admet généralement que la nouvelle révolution numérique va rendre inutiles un certain nombre d’emplois de bureau à faible valeur ajoutée, à l’image de la mécanisation qui a balayé de nombreux emplois industriels lors des précédents bouleversements technologiques. Comme à l’époque, il va nous falloir croire au fait que l’innovation créera suffisamment de croissance pour y substituer de nouveaux emplois, et que ces emplois seront suffisamment précieux et épanouissants.

Mais la gifle infligée par ING est encore un coup qui fait mal. C’est, pour ce pays, la vague de licenciements la plus lourde depuis Ford Genk. On peut craindre que d’autres banques dépoussièrent aussi leur hachette et commencent à tailler dans leur propre jardin au nom de la croissance.

Il y a un côté très mordant à cet emballage disruptif dans lequel ING tente d’emballer cette violente restructuration. ING veut apparemment devenir le Spotify du système bancaire. C’est tendance, non ? Mais ce n’est apparemment pas ce qu’elle veut pour ses actionnaires. On leur a promis un dividende permanent de quelque 10 pour cent. Pour eux, point de destruction créatrice. Point d’élagage pour mieux fleurir. ING a – semble-t-il – vite fait son choix entre demander un peu de patience à l’actionnaire dans cette phase d’expérimentation et d’investissement et jeter 7.000 familles dans l’incertitude. Ce n’est pas de l’innovation. C’est purement et simplement du capitalisme démodé.

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