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13·04·18

Google connaît mieux les utilisateurs de De Lijn que De Lijn elle-même

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo by Pau Casals on Unsplash

Ludovic Pierard
Traducteur⸱trice Ludovic Pierard

Il est hautement probable que Google dispose de plus d’informations que De Lijn sur ses propres utilisateurs.

De Lijn, la société flamande de transports en commun, n’a qu’une vague idée du nombre de voyageurs qu’elle transporte. Selon ses dires, ses clients sont montés dans un bus ou dans un tram 518 millions de fois l’an dernier pour un trajet. Il ne s’agit toutefois que d’une estimation grossière, probablement exagérée, car elle repose en partie sur des hypothèses irréalistes. L’absence de méthode de calcul n’est pas une si mauvaise chose pour l’entreprise. En effet, en maintenant le flou sur le nombre de ses utilisateurs, elle se protège contre toute critique éventuelle de l’insuffisance de ses prestations par rapport aux subsides publics dont elle bénéficie. En l’absence de chiffres clairs, toute discussion ne peut être menée que dans le vide.

De Lijn ignore donc combien de personnes utilisent ses services, et encore moins qui effectue quel trajet et quand. Il s’agit pourtant là d’une condition essentielle pour organiser un réseau avec efficacité. Connaître ses clients. Les technologies de l’information modernes permettent d’enregistrer l’identité de l’individu qui monte dans un bus ou un tram, quand et pour quel trajet, éventuellement avec une correspondance. Mais jusqu’à présent, De Lijn n’a aucun moyen de collecter ces données.

Un projet a bien été lancé en 2011 au sein de l’entreprise publique pour améliorer le système d’enregistrement, mais il a accumulé beaucoup de retard, il a déjà coûté 150 millions d’euros et il sera en grande partie obsolète le jour où il deviendra opérationnel. En outre, les données collectées sont incomplètes (il n’y a pas d’enregistrement à la sortie du bus ou du tram), de telle sorte que De Lijn n’a qu’une vue partielle de l’utilisation que font les voyageurs de ses services. La société de transports publics continuera donc à organiser son réseau en se fiant à des informations bancales, des impressions ou peut-être même l’intuition de la direction.

Pourtant, une autre voie existe. Il suffit de rassembler in extenso les données sur les voyageurs et leurs trajets. Si De Lijn est incapable de le faire seule, alors peut-être devrait-elle aller frapper chez Google. Il est hautement probable que l’entreprise technologique américaine dispose de plus de données sur les utilisateurs du réseau De Lijn, qu’elle collecte par l’entremise des smartphones et de toutes sortes d’applications mobiles, que la société publique flamande elle-même.

Ses responsables pourraient aussi demander conseil aux sociétés de transports publics étrangères qui exploitent déjà à fond les possibilités offertes par l’ère numérique. De Lijn ne doit pas inventer l’eau chaude. Il existe aujourd’hui des systèmes d’enregistrement faciles d’utilisation pour le train, le métro, le tram et le bus, qui collectent des informations sur l’identité des passagers et leur destination. De Lijn n’est pas un précurseur. Elle peut donc choisir un système qui a fait ses preuves.

Pour organiser efficacement des transports en commun, il est essentiel de disposer d’informations détaillées sur leurs utilisateurs. Mesurer pour connaître. L’argent investi par les autorités dans les transports publics rapportera alors plus à la société civile.

Mais ce n’est pas tout. En multipliant les données collectées et en les analysant, De Lijn pourrait contribuer davantage à débrouiller l’écheveau de la mobilité dans lequel la Flandre est empêtrée. Apparemment, la direction de l’entreprise n’est pas encore suffisamment consciente de cette responsabilité.

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