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19·11·19

Fin des subventions pour le journalisme indépendant ? Nous savons où trouver 120 millions !

Media.21 regroupe des plateformes médiatiques novatrices en Flandre telles que : Apache, newsmonkey, dewereldmorgen, Charlie Magazine, Doorbraak, MO*, Rekto:Verso et Stampmedia.

Pour tout savoir sur les pure players flamands, consultez cet article du journaliste Aubry Touriel publié en novembre 2015.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo from Pexels

Auteur⸱e
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Quand on parle de subsides et de deniers publics, il convient de se pencher sur les ordres de grandeur des montants. En effet, alors que tout le monde se focalise sur les subsides rachitiques que la Flandre octroie au journalisme, les coffres du fédéral sont grand ouverts quand il s’agit d’arroser de subventions les grands groupes médiatiques.

En Flandre, les discussions s’enflamment sur les budgets de la culture et des médias. Les économies appliquées par le gouvernement flamand suscitent la colère. En effet, le ministre de la Culture, Jan Jambon (N-VA), a fait passer le budget total de la culture de 518 millions à 508 millions, c’est-à-dire dix millions de moins que l’année dernière.

Et il en va de même pour le journalisme. Sans la moindre concertation, le nouveau ministre des Médias, Benjamin Dalle (CD&V), a décidé de supprimer le Fonds pour le journalisme flamand créé en 2018, ainsi que la « Mediacademie ». Le fonds, une caisse d’environ 500 000 euros, permettait de soutenir de petites initiatives médiatiques en ligne. Il ne subsiste plus, désormais, que le Fonds Pascal Decroos, dont les moyens très limités soutiennent tant bien que mal le journalisme d’investigation.

Ce faisant, le gouvernement flamand renonce à ses ambitions en termes d’innovation et de qualité de la presse. Là où auparavant, les pouvoirs publics investissaient des montants ridicules, ils n’investissent désormais quasiment plus rien.

Le mot « ridicule » n’a par ailleurs rien d’excessif au vu des sommes d’argent du contribuable dépensées pour subventionner d’autres médias. En effet, face aux quelques centaines de milliers d’euros (aujourd’hui supprimés) du gouvernement flamand, un petit nombre de grands conglomérats médiatiques profitent de 120 millions d’euros par an de subventions par le truchement de Bpost. L’entreprise cotée en bourse reçoit chaque année une somme énorme du gouvernement fédéral (douze fois les économies faites dans la culture !) pour poster les journaux et hebdomadaires dans les boîtes aux lettres des abonnés.

Tout cela baigne dans l’opacité la plus totale. Le contrat passé entre les autorités fédérales, Bpost et les sociétés de médias relève du secret commercial et ne peut donc pas être divulgué. Le public ne peut donc pas savoir quelle somme d’argent ruisselle indirectement vers les différents groupes médiatiques. Ce que nous savons, en revanche, c’est que seuls quelques grands et vieux acteurs du secteur en profitent : DPG Media, Mediahuis, Roularta, Rossel et IMP. Bien entendu, les mauvaises langues prétendront que ces derniers finiront également par se casser la figure quand les robinets en or de l’État seront fermés.

Il va de soi que les médias papier, en particulier les plus grands groupes, bénéficient ainsi d’un immense avantage sur le marché. Chaque année, l’État injecte des millions dans une technologie qui n’est pas durable. Et peut-être pire encore : les conditions pour bénéficier de ce soutien de l’État ne sont pas de nature qualitative, mais quantitative. En effet, le soutien est proportionnel au nombre d’abonnements aux journaux et magazines. Les emplois des journalistes ne sont donc en rien garantis, et il n’est pas nécessaire de développer des contenus sérieux de manière approfondie. De surcroît, il n’existe aucune sécurité quant au maintien des titres existants : en un mot comme en cent, le gouvernement signe des chèques en blanc.

Nous plaidons par conséquent pour une réorientation de ces aides de l’État en vertu de critères transparents et journalistiques et selon des procédures claires. Ainsi, le journalisme en général, et les petits acteurs indépendants en particulier, pourront faire bon usage de ces aides et jouer à armes égales. À la vue de l’ampleur des montants en question, il serait utile d’ouvrir sans attendre le débat afin de définir s’il faut réellement récompenser à hauteur de 120 millions d’euros les grands conglomérats médiatiques ou s’il vaut mieux consacrer cet argent au vrai journalisme, ainsi qu’aux salles de spectacle, à l’art et à la culture en général.

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