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26·06·17

Et soudain, tout le monde apprécie nos militaires en rue…

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(cc) Miguel Discart

« Nos militaires, qui assurent jour après jour notre sécurité dans la rue, ont effectué une nouvelle intervention. Merci pour votre vigilance sans faille ! » L’intervention des militaires qui a permis de neutraliser un terroriste à Bruxelles-Central conforte la NV-A.

« Le sens et le non-sens de l’aide apportée par les militaires à la police ont déjà fait l’objet de nombreux débats », a déclaré le ministre de la Défense, Steven Vandeput (N-VA), mercredi matin sur la radio de la VRT. « Je pense que nos soldats font du bon travail chaque jour et les derniers événements montrent que le déploiement des militaires est utile. »

Des marques d’affection

Hier, la députée Valerie Van Peel (NV-A) a promis solennellement d’embrasser tous les militaires qu’elle rencontrerait, tandis que le premier militaire qui croiserait la route de la secrétaire d’État Zuhal Demir (N-VA) pouvait se réjouir d’une étreinte. 

Même ceux qui se montrent habituellement plus frileux, comme le Vice-Premier ministre Kris Peeters (CD&V), qui a fait campagne contre les militaires sur le Meir anversois il y a deux ans, et la présidente de Groen, Meyrem Almaci, ont félicité les services de sécurité. La présidente de l’Open VLD, Gwendolyn Rutten, qui s’est exprimée en début d’année contre les patrouilles militaires en affirmant qu’on n’était pas à Kaboul, leur a également donné un coup de chapeau. 

La plus-value des militaires dans la rue semble aujourd’hui définitivement prouvée. Néanmoins, leur présence n’a pas allégé le travail de la police, ce qui était pourtant le but. En plus, cette opération a déjà coûté plus de 100 millions d’euros.  

Par ailleurs, la question est de savoir si les militaires ont effectivement déjoué un attentat  mardi soir ou s’ils ont abattu un terroriste qui n’est pas parvenu à faire exploser sa bombe. Il semblerait que la deuxième hypothèse soit la plus plausible.  

Un dialogue de sourds

Cette intervention n’a donc pas mis un terme aux débats sur l’utilité du déploiement des militaires dans la rue. Sammy Mahdi, le président des jeunes CD&V qui demandait aux militaires de quitter les rues il y a quelques mois, maintient qu’il ne leur incombe pas de patrouiller dans les rues belges.  

« Je plaide en faveur de davantage de bleu dans la rue », déclare-t-il. « C’est la police qui aurait dû abattre ce terroriste. Les militaires doivent partir en mission à l’étranger et s’y préparer. » Nombreux sont ceux qui partagent cette opinion au SPF Défense. Au lieu de déployer des militaires dans le cadre d’une mission qui n’est pas la leur, nous ferions mieux d’employer nos policiers plus efficacement. 

Sammy Mahdi s’est toutefois heurté à une forte opposition. Mercredi soir, il a partagé sur Twitter un propos haineux qu’il a reçu et dans lequel il est qualifié de « singe à abattre ». Il a porté plainte à la police.  

Dans le courant de la journée, les débats sont allés crescendo : les louanges ont laissé place à un dialogue de sourds sur l’intervention des militaires et la question de savoir s’il s’agissait d’un attentat « échoué » ou « déjoué ». La gauche et la droite se sont accusées l’une et l’autre de récupération politique. 

Un État policier

Le député de Groen, Wouter De Vriendt, craint que les missions de surveillance prolongées ne compromettent progressivement les capacités des militaires. « Des militaires, y compris de jeunes recrues, doivent renoncer à des heures d’entraînement. Ils n’ont par exemple quasi pas la possibilité de s’exercer avec leur arme à feu.  Le SPF Défense mais aussi les syndicats au sein de l’armée ont déjà signalé que cela mettait en péril leur opérationnalité. »  Steven Vandeput admet que le déploiement continu de militaires suffisamment formés pose problème. 

Quoi qu’il en soit, les militaires resteront présents dans la rue jusqu’à nouvel ordre.  Le Centre de Crise de l’Intérieur maintient le niveau d’alerte à 3, qui permet d’apporter un appui militaire aux zones de police, et il prend même des mesures de sécurité supplémentaires. Les services de sécurité seront par exemple plus visiblement présents dans les gares et les stations de métro.

Il y a néanmoins des limites à ce que l’on peut demander aux militaires et aux forces de l’ordre. Le ministre de l’Intérieur, Jan Jambon (N-VA), s’en rend compte : « Dans quelle société voulons-nous vivre ?  Après les gares, allons-nous armer jusqu’aux dents toutes les stations de métro ou les maisons communales ? Allons-nous vraiment effectuer des contrôles en toute circonstance ? Est-ce dans ce genre d’État policier que nous voulons vivre ? Je veux vous prévenir, car c’est ainsi que nous jouons le jeu des terroristes. » 

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