Au sein de la communauté turque du Limbourg, les querelles entre la Turquie et les Pays-Bas échauffent davantage les esprits que le référendum proprement dit. La personnalité du président Erdogan y sème plus que jamais la discorde. 

Dans les cafés turcs de Genk, personne n’ose affirmer qu’il votera « non » au référendum devant renforcer les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan. « Cela mène à de trop fortes tensions », explique un homme turc d’âge moyen. « Ce n’est pas que j’ai peur, mais je ne veux pas de disputes. Les Pays-Bas ont raison: une campagne autour d’un référendum organisé en Turquie ne devrait pas être menée en Europe. Erdogan est en train de s’arroger trop de pouvoir. »

« Pas démocratique »

Certains clients partagent la même idée, mais des avis contraires surgissent. « Je ne me mets pas vite en colère, mais ce que les Pays-Bas ont fait m’a vraiment heurté », affirme Erol Uysal, originaire de Genk. « Je suis d’accord, la Turquie n’a pas à organiser de grands meetings publics aux Pays-Bas ou en Belgique. Mais il faut tout de même offrir aux gens l’opportunité d’exprimer leurs propres idées. Comment, le cas échéant, se forger une opinion avant de se rendre aux urnes? Est-ce bien cela la leçon de démocratie de l’Europe ? »

« Bien entendu, les personnes du camp opposé ont le droit de venir de Turquie pour défendre leur position. C’est tout aussi important. Si Erdogan était un dictateur – comme on le dépeint ici – un référendum n’aurait pas été nécessaire. Il aurait dès lors simplement agi à sa guise », conclut Erol Uysal.