Les associations Natuurpunt et Bond Beter Leefmilieu s’opposent aux projets du gouvernement flamand, qui souhaite autoriser la construction d’éoliennes dans les zones naturelles. « Une menace grave pour la nature. »
Le gouvernement flamand prévoit la mise en place d’une « neutralité de destination » : on ne pourra plus refuser a priori la construction d’une éolienne au motif que le terrain visé est considéré comme faisant partie d’une zone naturelle. Selon Joke Schauvliege (CD&V), la ministre chargée de l’Environnement, cette mesure est nécessaire pour pouvoir construire davantage d’éoliennes à l’avenir : il faudra en ériger environ 200 entre 2020 et 2030 pour atteindre les objectifs fixés en matière de climat.
Une décision que déplorent les associations Natuurpunt et Bond Beter Leefmilieu (BBL). « Il va de soi que nous soutenons l’ambition du gouvernement consistant à construire de nouvelles éoliennes : elles sont essentielles pour respecter nos engagements internationaux en matière de climat. Mais nous ne sommes pas d’accord avec la proposition visant à permettre qu’elles le soient partout, notamment dans les zones naturelles », résume Erik Grietens, collaborateur stratégique au sein de Bond Beter Leefmilieu.
Des obstacles dangereux
Les organisations de protection de la nature mettent en garde contre le fait que la construction d’éoliennes dans les zones naturelles constitue une « menace grave » pour la faune et la flore locales. La Flandre est une région déjà fortement urbanisée, ce qui met en péril la survie de très nombreuses espèces végétales et animales, font-elles valoir. Les préoccupations portent surtout sur différents oiseaux migrateurs et chauves-souris, pour lesquels les éoliennes sont de dangereux obstacles.
Natuurpunt et Bond Beter Leefmilieu estiment par ailleurs que cette décision entraînera des désordres et des protestations de citoyens. « La “neutralité de destination” entraînera une ruée vers les zones naturelles, comme on a déjà pu l’observer par le passé dans les zones agricoles. Les promoteurs font de la surenchère pour la maîtrise foncière et les permis sont délivrés sans tenir compte du tableau dans son ensemble. Tout le monde fait n’importe quoi », explique Erik Grietens.
Erik Grietens préconise l’approche adoptée, entre autres, par la Flandre-Orientale et la ville d’Eeklo. Elles examinent les sites les plus adaptés aux éoliennes en associant les citoyens aux démarches, puis font des concessions. « Il se peut toujours qu’une partie d’une zone naturelle soit concernée, mais le projet a été réfléchi et il est soutenu », fait valoir Erik Grietens.
Pas une carte blanche
La ministre flamande insiste sur le fait que cette « neutralité de destination » ne constitue pas une carte blanche pour les promoteurs. « Certes, les permis pour les nouvelles éoliennes ne seront plus refusés a priori lorsque le projet porte sur une zone naturelle. Mais il faut toujours passer par toute une procédure d’attribution du marché », répond-elle. « On vérifie notamment si les éoliennes sont adaptées à leur environnement, sur le plan de l’aménagement du territoire, ou si leur présence risque de nuire à des espèces végétales et animales. »
Selon Joke Schauvliege, les organisations de défense de la nature vont donc trop vite en besogne. « Tous les éléments sont examinés de manière approfondie durant la procédure d’attribution », insiste-t-elle.