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Agressions sexuelles contre les femmes : dites-le avec un cocktail
26·10·21

Agressions sexuelles contre les femmes : dites-le avec un cocktail

Maxine Willemsen et Lore Baeten sont respectivement membre du Conseil communal de Malines (Groen) active dans la société civile ; et membre du Conseil communal de Sint-Niklaas (CD&V), autrice du livre Ve(e)kracht. Lorsqu’elles étaient mineures, ces deux jeunes femmes ont été victimes d’une agression, l’une d’elles dans un café.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(cc) Pixabay

Si nous voulons vraiment évoluer vers un environnement sécurisant, il est impératif d’inciter à la coopération et à la solidarité, écrivent Maxine Willemsen et Lore Baeten. Ces deux jeunes femmes appellent à la mobilisation du secteur horeca en tant qu’allié. 

Les témoignages d’agressions sexuelles dans le quartier étudiant de Bruxelles nous affectent profondément. Nous comprenons l’indignation générale provoquée par de tels actes. Certes, l’instruction sur le barman suspect doit être menée, mais nous pensons avant tout aux victimes.

À Bruxelles et dans le monde politique, la stratégie a surtout consisté à mener une enquête auprès des différents établissements horeca concernés par les plaintes et d’en interroger le personnel si nécessaire. À nos yeux, cela ne suffit pas, car aujourd’hui encore, beaucoup de personnes considèrent que le monde de la nuit est insécurisant. À cet égard, le personnel horeca peut devenir un allié de taille dans le cadre de la lutte contre la violence sexuelle.

Dans une société où les agressions sexuelles sont monnaie courante, nous avons besoin les uns des autres. L’entraide pourrait également être bénéfique au secteur horeca. La stigmatisation de la culture nocturne a peu de sens, car nous croyons fermement que des outils adaptés permettraient d’assurer la sécurité des cafés, boîtes de nuit et autres établissements. 

Dites-le avec un cocktail

Des exemples fleurissent déjà à l’étranger. Ainsi, dans de nombreuses boîtes de nuit à Dublin, les numéros de téléphone de la police et d’autres services d’aide sont affichés. Ailleurs, un certain cocktail peut s’avérer salvateur, car le fait de le commander signifie que l’on se sent menacé. Le personnel peut alors intervenir, par exemple en appelant un taxi, en abordant le harceleur si la personne le souhaite ou en conduisant cette dernière dans un lieu sûr jusqu’à ce que la situation s’apaise. D’autres cafés ou bars travaillent en étroite collaboration avec la police locale, qui peut être prévenue promptement.

En Angleterre, le patron d’un pub du comté de Lincolnshire a lancé une campagne de sensibilisation à la violence sexuelle baptisée « Ask for Angela ». Cette idée a été reprise par plusieurs pubs et bars tant en Europe qu’aux États-Unis. Le « demandez Angela » fonctionne selon le même principe que le cocktail : quiconque se sent en insécurité peut se rendre au bar et demander à parler à la fictive Angela. Ainsi, les client(e)s signalent discrètement un harcèlement, et le personnel peut leur venir en aide de diverses manières. 

Cette idée a également été adoptée en France et aux Pays-Bas. Les fêtards interrogés dans les pays où cette campagne est appliquée considèrent cette initiative comme positive. En effet, elle accroît le sentiment de sécurité et de soutien dans le cas où les choses tournent mal. De plus, le caractère préventif de la campagne Angela rassure, dans la mesure où le mécanisme de contrôle peut intimider les agresseurs potentiels.

Formation du personnel

Si nous voulons promouvoir ce genre d’initiatives en Belgique, une formation spécifique s’impose dans l’horeca. Quelques heures suffiraient pour présenter les signes d’un comportement déplacé et les réactions à adopter. De plus, une telle formation de base permettrait au personnel horeca non seulement d’intervenir de manière plus proactive dans le cas d’une attitude outrancière, mais aussi aux exploitants d’apprendre à sécuriser davantage leur établissement. 

Ces ateliers seraient plus efficaces s’ils étaient obligatoires et conçus en collaboration avec les exploitants, la société civile et les organismes d’aide aux victimes. Ils garantiraient ainsi un échange fructueux de connaissances et permettraient d’élaborer un mode de fonctionnement adapté. Cela accroîtrait également le contrôle social mutuel, en particulier si une déviance est constatée dans le chef d’un membre du personnel. De plus, l’équipe entière participerait à la création d’un espace sécurisant.

Pour que l’horeca fasse partie intégrante du projet, il est important d’offrir un ancrage local efficace à de telles campagnes. En outre, ces formations et initiatives doivent se dérouler collectivement, en collaboration avec le voisinage et les instances locales. Si la participation se limite à quelques quartiers, cela ne fera que déplacer les problèmes. En revanche, l’engagement de toute une zone permet de détecter les débordements plus tôt et de les signaler à la police.

Trop c’est trop

De nombreuses administrations locales et corps de police peuvent être impliqués, pour autant que ceux-ci reçoivent de l’aide des autorités supérieures. Une collaboration constructive avec les groupes horeca constituerait déjà une énorme différence dans le domaine de la prévention.

Aujourd’hui, beaucoup trop de personnes, pas seulement des femmes, ne se sentent pas en sécurité lorsqu’elles sortent. Leur message est fort et clair : trop c’est trop. Pendant bien trop longtemps, les victimes ont dû porter seules la responsabilité de leur intégrité psychique et physique. La société a tendance à les accabler davantage en les blâmant, notamment en les interrogeant sur les boissons consommées, sur le type de vêtements portés et même sur les motifs de leurs sorties. Nous nous réjouissons que l’attention se concentre désormais sur les agresseurs, sur la sensibilisation au danger lié à la drogue du viol. Nous espérons que la lutte sera âpre. 

Mais, si nous voulons vraiment évoluer vers un environnement sécurisant, il est impératif d’inciter à la coopération et à la solidarité. Prévenir les agressions sexuelles et les comportements déplacés requiert une approche collective. Celle-ci commence à l’échelle individuelle.

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