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01·07·15

Huit policiers aux abonnés absents

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo : capture d’écran sur Youtube

Fabrice Pintiaux
Traducteur⸱trice Fabrice Pintiaux

Contexte DaarDaar: En janvier 2010, Jonathan Jacob décédait dans la cellule d’un commissariat de police de Mortsel après l’intervention d’une équipe spéciale des forces de l’ordre. Il était sous influence d’amphétamines lors de son interpellation et son internement avait été refusé par un centre psychiatrique à cause de son comportement agressif. Plus de 5 ans après le décès du jeune homme de 26 ans, 7 agents de l’équipe d’assistance spéciale de la police anversoise ont été condamnés pour homicide involontaire. Ils reçoivent 4 mois de prison avec sursis et une amende. Le psychiatre et le directeur de la clinique de Boechout écopent, eux, de 6 mois de prison avec sursis pour non-assistance à personne en danger.

 

Suis-je vraiment le seul à m’en n’étonner ? Accusés d’avoir tué Jonathan Jacob, huit policiers anversois ne se sont pas présentés à l’audience de leur procès. Jonathan Jacob était un être humain, un fils, un ami, et aussi un toxicomane tout en chair et en muscles en plein délire hallucinogène, qui a été battu à mort il y a cinq ans dans une cellule du commissariat de Mortsel, par ceux qui sont censés nous protéger.

Droit au silence

Au début de l’enquête, les déclarations des policiers se sont résumées à quelques mots : personne n’a été battu (des agents de police qui mentent, ne faut-il pas y voir un petit problème pour notre société ?)

Ensuite, confronté aux images (NDLR: attention, images très violentes), un certain monsieur « Hollywood » a bien dû avouer qu’il avait asséné des coups à la victime, des « stimuli douloureux », comme on dit dans le jargon. Par la suite, tous les policiers concernés ont revendiqué leur droit au silence, et se sont abstenus de toute déclaration. Lors du procès, le parquet général s’est ouvertement indigné de l’attitude « déloyale » des agents de police. Leurs avocats ont justifié l’absence des policiers au procès en expliquant qu’ils estimaient que cette affaire devait être associée à celle des fuites des images dans la presse.

Les agents de police semblent donc faire exactement ce qu’ils reprochent à certains criminels : épuiser tous les recours en justice. C’est bien entendu parfaitement légal, mais sur le plan moral, il faudra repasser.

Une position difficile

Évitons tout malentendu : les membres de l’Équipe d’assistance spéciale de la police anversoise n’ont pas la tâche facile. Comparativement à de simples agents, les citoyens de ce pays leur permettent d’user de davantage de violence. Ils doivent gérer les situations les plus critiques.

Mais il n’en reste pas moins qu’ils ne peuvent se soustraire à leur responsabilité pénale lorsqu’ils commettent une erreur de jugement. Il s’agit là d’une position particulièrement difficile. Il est aisé de jeter la pierre à l’auteur d’une faute. Il est donc logique qu’ils réclament un peu de compréhension. Mais qu’ils se montrent à leur tour responsables.

Confiance

C’est précisément parce qu’ils sont agents de police que le citoyen s’attend à ce qu’ils montrent l’exemple, en termes de sens civique et de prise de responsabilité, en collaborant pleinement à l’enquête, et en comparaissant devant le tribunal. C’est précisément parce que les membres de cette équipe d’assistance spéciale ont plus de pouvoir que de simples agents de police qu’ils se doivent, plus que les autres, d’être dignes de notre confiance.

Et voilà que ces gros bras adoptent exactement le même comportement que certains criminels. J’aimerais pouvoir les admirer, ces commandos, car leur tâche n’est pas évidente. Mais si les images n’avaient pas « fuité » jusqu’à la rédaction de la VRT, l’affaire aurait été étouffée. Une perspective qui n’est pas de nature à restaurer la confiance.

Le climat

Tout autre chose à présent : les autorités néerlandaises n’ont quant à elle pas pu se dérober à la justice. Elles ont été condamnées à fournir des efforts supplémentaires dans la lutte contre le réchauffement de la planète. Les réactions à l’égard des militants écologistes et du « juge courageux » sont élogieuses, même s’il faut reconnaître que la tâche dudit juge est plus aisée, puisqu’il n’a pas à en assumer les conséquences politiques.

Nous nous dérobons nous aussi sans cesse davantage face à nos responsabilités. Malgré l’arrivée massive de réfugiés dans notre zone de confort, nous rechignons à investir réellement, que ce soit par des actions militaires ou toute autre action, dans la stabilité de l’Afrique du Nord. Et le climat ? Nous trouvons que les autorités doivent en faire plus, mais tenons néanmoins à prendre chaque jour notre voiture pour aller au travail.

Et oui, quand nous avons alors demandé à la ministre flamande de l’Environnement, Joke Schauvliege, de venir débattre avec un représentant de l’Action pour le Climat sur le plateau de « De Zevende Dag » lors du débat dominical de la VRT, la ministre a elle aussi brillé par son absence.

Tim Pauwels

Tim Pauwels est un présentateur politique de l’émission « De Zevende dag ». Le climat et la disparition des procès d’assises seront les thématiques du débat de dimanche. La commissaire européenne Marianne Thyssen est également invitée afin de s’exprimer au sujet du dumping social et de la crise grecque.

Traduit du néerlandais par Fabrice Pintiaux et Guillaume Deneufbourg

L’article en V.O. sur Deredactie.be

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