En mars 2017, j’avais demandé à plusieurs stations de radio francophones pourquoi elles ne diffusaient littéralement jamais – au grand jamais – de morceaux en néerlandais. L’article avait alors été traduit en français (par DaarDaar, ndlr) et évoqué sur les ondes de RTBF La Première et de VRT Radio 1.
Une année s’est écoulée depuis lors, et je me suis demandé si cet écho médiatique avait changé la donne. Rien de bien compliqué au programme : il s’agissait d’éplucher les playlists de diverses radios francophones afin d’y déceler des traces de néerlandais.
Voici les résultats obtenus au lundi 19 mars, sur vingt-quatre heures d’émission :
- RTBF La Première : aucun morceau en néerlandais
- RTBF Vivacité : aucun morceau en néerlandais
- RTBF Classic 21 : aucun morceau en néerlandais
- RTBF Pure FM : aucun morceau en néerlandais
- Nostalgie : aucun morceau en néerlandais
- BEL RTL : information pas disponible en ligne (mais aucune trace de néerlandais durant des séances d’écoute)
- Radio Contact : aucun morceau en néerlandais
- NRJ : aucun morceau en néerlandais
Les chansons en anglais et en français constituent le gros du peloton, tandis que l’on note des incursions ponctuelles de langues telles que l’italien ou l’espagnol. En revanche, le néerlandais est aux abonnés absents.
À l’heure où les écoles d’immersion se multiplient en Wallonie et où les francophones, d’une manière générale, prennent davantage conscience de l’importance de maîtriser le néerlandais dans notre pays, les émetteurs francophones s’obstinent à perpétuer la division et la distance qui séparent les Flamands des Wallons du fait de leur allergie persistante à la musique néerlandophone.
Un an après, le constat est clair : les radios francophones aiment peut-être – je dis bien peut-être – réellement notre pays, mais il ne fait pas l’ombre d’un doute qu’elles souffrent d’une profonde allergie, voire d’une aversion caractérisée à l’égard du néerlandais.
Et c’est regrettable. Alors que nos radios flamandes émettent de 5 à 13% de chansons en français, selon des chiffres issus d’un mémoire de master publié il y a quelques années, leurs homologues francophones ne daignent pas passer le moindre morceau en néerlandais.
Je les invite dès lors vivement à se débarrasser de leur allergie ou de leur aversion et de s’ouvrir au répertoire néerlandophone existant qui, soit dit en passant, s’avère de qualité. Une telle démarche ne pourrait que nous rapprocher mutuellement, à condition que le paysage radiophonique francophone la soutienne. Ou serait-ce qu’Yves Leterme, ancien premier ministre, avait raison ? Bien que mon expérience personnelle le contredise, les radios francophones confirment ses propos.
Je ne me fais aucune illusion. Cet article ne changera vraisemblablement rien à l’affaire. Ce qui ne m’empêchera pas de continuer à mettre les radios francophones devant le fait accompli. Jusqu’au jour où – sait-on jamais – elles ouvriront les yeux. L’espoir fait vivre !