« Irréaliste », « cliché » : le string rouge de la photo utilisée pour la promotion de l’émission « Lady Bouwers », sur VTM2, a provoqué un tollé la semaine dernière. Parmi les voix les plus indignées, celle de Charlotte Fleerackers, 34 ans, originaire de Kasterlee, gérante de la société de construction Stabco, qui vient de se voir décerner le titre de constructrice de l’année.
« Quel est l’idiot qui a bien pu choisir cette photo ? », « Pourquoi la télévision s’appuie-t-elle toujours sur des stéréotypes ? » : voici quelques-unes des deux mille réactions qu’a suscitées une publication LinkedIn par laquelle Estel Meyhui, patronne de la société de construction Artes Group, a exprimé son mécontentement au sujet de la publicité de l’émission Lady Bouwers.
Elle est loin d’être la seule à fustiger le string rouge que porte l’ouvrière sur le cliché. « On voit bien que c’est une femme, avec ou sans petite culotte. Cette photo aurait eu beaucoup plus d’impact si la représentation de l’ouvrière n’avait pas été stéréotypée », résume Charlotte Fleerackers, récemment élue constructrice de l’année.
Un bastion d’hommes
Pour battre en brèche ce bastion d’hommes, les représentations non stéréotypées d’ouvrières font cruellement défaut. En effet, seuls 2 % des salariés du secteur de la construction sont des femmes, et elles sont encore moins nombreuses à réellement travailler sur les chantiers.
« Les femmes sont extrêmement rares dans le secteur du bâtiment. Je suis moi-même à la tête d’une société de construction. Seules quatre femmes travaillent à mes côtés — toutes à un poste de bureau. Voilà cinq ans que je suis dans le métier et il ne m’est arrivé qu’une seule fois de voir une femme sur un chantier. La situation est absolument déplorable », poursuit l’entrepreneuse.
Le grand problème, c’est que le secteur est connu pour être un monde d’hommes très dur. Ce n’est donc pas la volonté de VTM2 de mettre en avant ce côté féminin que réprouve Charlotte Fleerackers, mais la manière de faire. « Ils ne font qu’entretenir les clichés selon lesquels les femmes seraient faibles ou incapables. À l’époque actuelle, ce n’est tout simplement plus possible. »
Un problème de confiance en soi
« Les ouvriers du bâtiment aiment beaucoup avoir des collègues femmes. Le secteur est donc prêt, il n’y a aucun doute là-dessus. Ce sont les femmes elles-mêmes qui se disent qu’elles ne tiendront pas, parce qu’il faut être solide et ne pas se laisser marcher sur les pieds. » Elles se sous-estiment et manquent de confiance en elles, analyse Charlotte Fleerackers. « Mais il n’y a pas besoin d’être du genre gros dur en permanence. L’approche plus douce des femmes peut justement apporter de la diversité au secteur. »
La patronne estime que des émissions telles que « Lady Bouwers » peuvent aider les femmes qui souhaitent travailler dans la construction à prendre confiance. Enfin, tant qu’elles ne représentent pas les ouvrières vêtues d’un string rouge…
L’argument de la chaîne : l’humour
VTM2 comprend que la photo est clivante, mais affirme ne jamais avoir eu l’intention de renforcer les stéréotypes. « Cette image, c’est un clin d’œil humoristique au cliché de l’ouvrier dont on entrevoit la raie des fesses, mais avec une touche féminine. »
La chaîne explique qu’à travers cette émission, elle cherche justement à « offrir un regard bienveillant et respectueux sur la force des femmes qui évoluent dans un univers typiquement masculin. » Les responsables ajoutent que la photo en question faisait partie des publicités de lancement et que la campagne a évolué depuis le début de l’émission. Sa disparition n’a donc rien à voir avec la polémique actuelle, précisent-ils.