Il aura fallu plus de quinze mois avant qu’une ébauche de coalition ne se dessine. Et nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge pour autant.
Les négociations ont connu leur deuxième faux départ d’affilée. Lundi dernier, Joachim Coens, président du CD&V, n’a pas retrouvé ses chevaux de bataille dans le texte à cause d’un copier-coller malheureux. Mardi, un test positif au coronavirus du préformateur Egbert Lachaert (Open VLD) a tout figé. Pour une durée indéterminée, cette fois. Cette dernière nouvelle a à nouveau mis en évidence le flou qui entoure les règles de quarantaine, même dans le chef de responsables politiques qui participent au processus décisionnel. Ce mercredi, ils ont eu besoin d’un moment afin de démêler le licite de l’illicite.
Tout le monde a compris le message : il faut se laver les mains et garder un mètre et demi de distance. En ce qui concerne les bulles, en revanche, les affaires se compliquent. Quant à savoir qui doit rester en quarantaine, à quel moment précis et pour combien de temps, voilà des questions réservées à un public d’experts en la matière. À l’heure actuelle, la Belgique impose encore une quarantaine relativement longue, ce qui, selon le professeur Herman Goossens, fera bientôt de notre pays le champion d’Europe de la discipline. Or les règles en vigueur ne sont pas vraiment réalisables en pratique, et pas correctement suivies de manière générale.
Il va de soi que Lachaert aurait mieux fait de rejoindre son lit à la hâte dès l’apparition des premiers symptômes et dans la foulée son test. Nul doute qu’il a poursuivi son travail en raison de l’importance de la tâche qui lui incombe. Mais un entrepreneur qui tente de maintenir son entreprise à flot pourrait en dire autant. Au même titre qu’un employé qui est confronté à une importante échéance. Ou qui craint tout simplement pour son emploi. Tout le monde ne peut pas se permettre le luxe de travailler deux semaines à la maison, en toute sérénité. Il convient de s’accorder sur un équilibre réaliste. Quoi qu’il en soit, les politiques ne peuvent en aucun cas s’ériger en donneurs de leçons tout en outrepassant les règles.
Pour en revenir à la formation, un deuxième faux départ ne présage rien de bon, d’autant que la date butoir du 17 septembre se profile à l’horizon. La « confiance » dont jouit le gouvernement Wilmès risque de s’effriter. Mais si l’on est capable de laisser quinze mois s’écouler, on doit également être en mesure de trouver un arrangement. Une confiance en progression peut aboutir à des solutions. Pour l’heure, continuons néanmoins à marcher sur des œufs.