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Un bloc de droite contre un bloc de gauche? Les désirs de De Wever et leurs réalités
16·02·21

Un bloc de droite contre un bloc de gauche? Les désirs de De Wever et leurs réalités

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) Qimono via Pixabay

Auteur⸱e
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Y a-t-il trop de partis politiques en Flandre ? Bart De Wever estime que oui. Il aimerait une grande réorganisation du paysage politique dans lequel subsisteraient une poignée de formations seulement : un bloc de centre-droite, un front de gauche et éventuellement un parti extrémiste.

Cette idée n’est pas neuve, et le phénomène n’est pas seulement flamand ni belge. Depuis l’essoufflement des partis traditionnels en Europe, l’électorat s’est dispersé entre formations nationalistes, extrémistes de droite ou de gauche et écologistes. Cet éparpillement ne facilite pas la tâches des politiques. En effet, plus il faut de briques pour bâtir une coalition, plus le plan de l’architecte s’avérera compliqué. Il n’y a donc rien de surprenant à voir des politiques réfléchir à une réorganisation des partis. À première vue, les choix deviendraient plus clairs, l’action politique plus efficace et la volonté du peuple plus facile à satisfaire. Mais quand on y regarde de plus près ?

Ramer dans la même direction

Imaginons que le rêve de De Wever se réalise : les électeurs du CD&V et de l’Open VLD joignent un front de droite sous la bannière de la N-VA. Ainsi, un libéral-social désireux d’assouplir les conditions d’accès à l’interruption volontaire de grossesse et de refédéraliser le pays se retrouverait dans le même bateau qu’un conservateur de centre-droite qui plaide pour l’indépendance de la Flandre. Que ferait alors le capitaine De Wever ? Plutôt que d’améliorer la gouvernance, il s’appuierait sur la position dominante de la N-VA au sein du bloc de droite et, par là même, pencherait davantage en faveur de ses projets séparatistes. Combien de temps ce navire arriverait-il à voguer dès lors que tout le monde ne ramerait pas dans la même direction ?

Puis, quand bien même les partis actuels, au bord de l’implosion (qui n’est pas inenvisageable, vu l’état du CD&V, de l’Open VLD et du sp.a), se verraient contraints de coopérer, ils devraient arriver à s’entendre en interne. Mais une autre question se poserait : combien de temps ces partis gigantesques tiendront-ils le coup sans qu’une concurrence ne voie le jour ? Qu’est-ce qui empêcherait de nouveaux partis de se mesurer à ces fronts multipartites ?

Coupe les ailes aux petits partis

Pour éviter cela, il faudrait alors sérieusement élever la valeur du seuil électoral, ou bien réformer le système électoral dans son intégralité. En Grande-Bretagne, où les conservateurs servaient, à l’époque, d’exemple à Bart De Wever, le système « the winner takes it all » (le vainqueur remporte tout) permet de laisser les petits partis à leur place de petits partis. Autrement dit, avec un tel système, qui coupe les ailes à tout renouveau politique, la N-VA n’aurait jamais pu devenir le grand parti qu’elle est devenue.

En définitive, les électeurs auraient de plus en plus la sensation de ne pas être représentés. Aujourd’hui, notre système de coalition, aussi imparfait soit-il, donne au moins l’impression que chaque voix compte. Que (presque) chaque parti a des chances de participer au pouvoir. Si même ceci disparaît, nous ne ferons que nous enfoncer encore plus profondément.

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