Belfius, le budget, les avions de combat et un deal pour l’emploi: le moment ou jamais est venu pour le gouvernement de prouver qu’il dispose encore des ressources nécessaires pour aller de l’avant.
Avec les élections locales qui se profilent, le gouvernement fédéral a-t-il perdu son dynamisme, son « dash » pour reprendre la terminologie utilisée par le président de la N-VA Bart De Wever en mars dernier ? On serait tenté de répondre par l’affirmative, quand on voit comment il a outrepassé cette semaine encore l’avis du ministre flamand de l’Emploi, Philippe Muyters, pour pouvoir accorder une nouvelle fois la prépension à 56 ans chez Carrefour. Le même constat s’impose à la lecture des chiffres budgétaires.
Il serait pourtant exagéré d’affirmer qu’il ne s’est rien passé ces derniers mois. Le gouvernement est ainsi parvenu à se mettre d’accord sur une proposition de loi sur le « maintien de l’ordre », qui accorde aux bourgmestres de meilleures armes dans la lutte contre les incivilités, les troubles de l’ordre public et la criminalité. Des progrès ont également été réalisés dans la définition des métiers pénibles, même si le dossier fait l’objet d’un bras de fer inutile et erroné.
Mais ce ne sont pas là les grandes avancées dont la Belgique a vraiment besoin, même après quatre années de gouvernement de centre-droit. Il est dès lors permis de penser que le véritable test qui permettra de vérifier combien de « dash » il reste encore dans le gouvernement Michel, c’est maintenant. Le Premier ministre va probablement lier cinq dossiers au cours des prochains jours, en espérant forcer un accord politique global avant les vacances d’été. Un budget pour l’an prochain qui semble plus sain que celui de cette année. L’achat d’avions de combat. L’arrivée d’un quatrième opérateur sur le marché des télécoms qui rendra internet et la téléphonie meilleurs marchés. L’entrée en bourse de la banque d’Etat Belfius. Et un deal pour l’emploi qui devrait permettre à la Belgique de mieux travailler.
S’il parvient à trancher tous ces problèmes, Michel disposera d’un deuxième accord de l’été. Ce sont des décisions qui engageront la Belgique pour les années à venir. Dans un monde idéal, ce sera un pays qui tient mieux ses comptes publics, qui assure le financement du vieillissement en mettant davantage de gens au travail, qui prend au sérieux sa défense et la coopération internationale, qui permet l’éclosion de la concurrence sur le marché des télécoms et qui se rend compte que les pouvoirs publics doivent agir en tant que régulateur plutôt qu’en opérateur bancaire.
Les écueils, cependant, ne manquent pas. Il se pourrait en effet que le gouvernement tente d’obtenir une bonne note de la part de la Commission européenne avec sa réforme du marché de l’emploi, dans l’espoir d’échapper à la sanction pour le travail budgétaire bâclé. Il est également possible que le choix se porte finalement sur le Rafale français, même si cela va à l’encontre de la procédure que le gouvernement s’était lui-même imposée. Le gouvernement pourrait lier l’entrée en bourse de Belfius avec une indemnisation des actionnaires qui ont investi par le biais d’Arco. La prépension chez Carrefour montre en outre que le diable se cache bien souvent dans les détails, au risque de vider la réforme de sa substance.
Le Premier ministre Charles Michel (MR) se compare parfois avec le réformateur qu’était son prédécesseur Jean-Luc Dehaene (CD&V). S’il prend sa tâche au sérieux, cet été sera sans doute la dernière occasion pour lui de montrer ce dont son gouvernement est capable.