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Tensions communautaires : un climat de guerre froide
19·02·20

Tensions communautaires : un climat de guerre froide

Bart De Wever veut mettre sur pied un front flamand. Les Wallons sont-ils les ennemis ? Hilde Crevits, femme jusqu’au bout des ongles, lance quant à elle le hashtag #MagNjet sur Twitter. Des attaques personnelles auxquelles des personnalités d’un autre acabit nous avait habitués. Qui ne peuvent qu’exacerber les tensions.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Image par S. Hermann & F. Richter de Pixabay

Je discute avec un jeune Wallon, aux alentours de la vingtaine. Voilà six ans qu’il étudie dans l’enseignement flamand, à présent sur les bancs de l’université. « Je m’entends bien avec mes camarades de classe », affirme-t-il. « Avec certains, j’ai même noué de vraies amitiés, notamment parce que je me suis donné la peine de venir étudier en Flandre. Il n’empêche que lorsque l’on détecte mon accent francophone ou qu’il est question de Wallonie, c’est souvent la même chanson qui revient : ‘Vous êtes bons, vous autres, mais quand même un cran en dessous de nous’. Ce genre de remarques me fait toujours rire (jaune). Je m’évertue alors à leur prouver que c’est faux. »

Les Wallons sont un cran en dessous

Les Wallons sont un cran en dessous. Une affirmation que j’ai, moi aussi, souvent entendue au nord du pays. S’ensuivent des « pas toi, bien sûr ! » bien polis et des « mais regarde l’économie wallonne, cela fait cinquante ans que vous êtes à la traîne par rapport à nous. Sans oublier votre enseignement : médiocre. Et ces margoulins du PS… Comment est-ce possible que vous continuiez à soutenir un parti qui pousse la Wallonie dans le précipice et qui repousse toute exigence flamande ? »

Depuis quelques semaines, le tableau se noircit davantage. Un collègue de chez RTL m’a dit : « Mes deux nièces grandissent en Flandre. Parfaites bilingues. À la maison, elles parlent français. Depuis le début de la crise politique, elles le font dans le secret et parlent néerlandais entre elles en présence de Flamands dans le quartier. Par peur de réactions négatives. »

Un climat de guerre froide, pour ne pas dire de guerre civile.

Bart De Wever veut mettre sur pied un front flamand. Les Wallons sont-ils les ennemis ? Hilde Crevits, femme jusqu’au bout des ongles, lance quant à elle le hashtag #MagNjet sur Twitter. Des attaques personnelles auxquelles des personnalités d’un autre acabit nous avait habitués. Qui ne peuvent qu’exacerber les tensions. Hier, j’ai croisé un athlète francophone qui m’a glissé : « En ce moment, lorsque nous participons à une compétition côté flamand, nous ne sommes pas toujours accueillis de la même manière que nos congénères du Nord. On entend de plus en plus souvent des mots tels que « profiteurs » et « paresseux ». Ce qui est plutôt drôle quand on voit que pour l’instant, nous sommes les meilleurs en athlétisme : Nafissatou et les Borlée ne sont pas flamands. »

Hashtag #MagNjet sur Twitter

Durant la longue crise qui s’est étalée en 2010 et 2011, j’ai tiré la sonnette d’alarme. Lors d’inondations, des chasseurs flamands sont passés outre des barrières Nadar qui bloquaient l’accès à Olloy-sur-Viroin. Leurs 4×4 ont alors causé des vagues dans les eaux de crue, alourdissant les dégâts déjà subis par les maisons environnantes. Les riverains s’en sont ensuite pris aux véhicules, et quelques têtes brûlées sont allées jusqu’à traîner des blocs de béton pour leur entraver le passage. La police a pu empêcher que l’altercation ne tourne au vinaigre. Si elle n’avait pas été dépêchée sur les lieux, allez savoir où l’escalade aurait terminé.

Jusqu’à présent, le seul coup de feu recensé dans un contexte de tensions communautaires a été tiré dans le Limbourg, quand Joseph Snoeck, fermier wallon, a blessé deux manifestants flamands dans les Fourons. C’était le 9 mars 1980. À une époque où les réseaux sociaux incendiaires n’existaient pas.

Si la Guerre froide n’a jamais dégénéré en réel affrontement, la Belgique n’est pas à l’abri pour autant.

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