Dans son communiqué, le premier ministre fédéral Charles Michel a adopté un ton acéré dont il n’est d’ordinaire pas coutumier. « Je ne laisserai personne torpiller le pacte énergétique », a-t-il assuré. Avant de poursuivre en évoquant une « exécution loyale de la loi » et la « bonne foi ». Autant de termes qui laissent peu d’espace aux négociations ou à une retraite honorable. Depuis que la N-VA a intégré le gouvernement, jamais elle n’avait à ce jour été mise aussi ouvertement sous pression par le premier ministre.
Tous les partis au pouvoir, tant sur le plan régional que national, sont concernés par le pacte énergétique interfédéral, qui prévoit à nouveau la fermeture des dernières centrales nucléaires à l’horizon 2025. La N-VA, de son côté, n’est pas convaincue que la production d’énergie fiable et abordable sera suffisante d’ici là si les deux dernières centrales venaient à baisser le rideau.
Si l’on se fie au passé, tout plaidoyer en faveur d’un délai supplémentaire s’avère insoutenable. Les premières décisions quant à la fin de l’ère nucléaire remontent à près de 15 ans en arrière, à l’époque du gouvernement violet-vert de Guy Verhofstadt. L’histoire nous apprend qu’il y a toujours une bonne raison d’attendre et que, avant que l’on ne s’en aperçoive, le délai fixé apparaît tout d’un coup intenable. S’ensuit alors systématiquement un énième report et une dynamique essoufflée. Voilà pourquoi il est urgent, à présent, de mettre les mains dans le cambouis. Ce n’est que sous la contrainte qu’une mission extrêmement difficile peut être menée à bien.
La N-VA rétorque qu’il est néanmoins insensé de suivre aveuglément la loi si celle-ci nous mène droit dans le mur. Les importants groupes de pression issus de l’industrie, tels que la FEB, sont sur la même longueur d’onde. Cette position a le mérite d’obliger les partisans du pacte énergétique à chiffrer la manière dont l’objectif ambitieux sera atteint. Le plus simple, en effet, consiste à signer un plan et d’en confier la mise en œuvre au gouvernement suivant, voire à la prochaine génération politique.
La politique de la montagne russe menée jusqu’à présent sape le dossier énergétique dans son ensemble. Ce sempiternel manège doit cesser. Et persuader la population que tout finira par s’arranger si chacun y met du sien, ce n’est pas sérieux. Il faut maintenant impérativement mettre les chiffres et les modèles qui démontrent la faisabilité du projet ainsi que les efforts nécessaires à sa réussite sur la table. Assez palabré.
En définitive, il est hors de question de laisser tomber l’objectif fixé en matière de sortie du nucléaire d’ici 2025. Cela fait bien longtemps que la question n’est plus « si », mais « comment ». Face à l’inéluctable, il est vain de jouer les prolongations.