« Un tandem anti-islamisation ». Tels sont les termes utilisés par Sam Van Rooy lui-même pour décrire sa coopération avec Filip Dewinter après avoir été proposé comme nouveau chef de groupe. « Tant en termes d’idéologie que de caractère, nous sommes sur la même ligne », explique-t-il. Une ligne de confrontation, de provocation et de critique irréfléchie de l’immigration et de l’islam.
De nuance, point trop n’en faut pour Van Rooy
Quand on écoute parler Van Rooy, on a du mal à faire la distinction entre la religion islamique et l’islamisme, à savoir un courant politique basé sur une lecture conservatrice du coran et des hadiths. De nuance, point trop n’en faut pour Van Rooy : l’islam n’est à ses yeux rien d’autre qu’un système totalitaire et fasciste. Ce n’est pas un hasard s’il considère Pim Fortuyn comme un héros politique, ni s’il a fait ses premiers pas en politique rémunérée au PVV du Néerlandais Geert Wilders. Auparavant, Van Rooy avait travaillé comme ingénieur pendant quatre ans, et à son CV figurent également trois saisons de course cycliste professionnelle avec pour apogée une dix-neuvième place à la Coupe Sels.
Flanqué à la porte pour un dérapage verbal
Au PVV, qui n’a pourtant pas l’habitude de mâcher ses mots, Van Rooy a été flanqué à la porte pour un dérapage verbal. Il avait en effet filmé quelques femmes en burqa à Scheveningen, puis partagé sa vidéo sur Facebook en qualifiant les femmes de « racaille » et en posant la question suivante : « Dois-je trouver normal que mon temps de repos à Scheveningen soit gâché par ce genre d’arriération importée des bacs à sable islamistes ? » Un pas qu’il n’aurait pas dû franchir, même pour le PVV.
Peu après, Van Rooy atterrit au Vlaams Belang. En 2015, après avoir été promu porte-parole de la section anversoise, il s’est fait connaître par toute la Flandre en réagissant sèchement à un tweet de la SNCB qui l’appelait par son prénom : « Appelez-moi simplement Monsieur Van Rooy », avait-il répondu.
« Je connais une autre « piscine » où ces « jeunes fauteurs de trouble » peuvent aller nager sans déranger personne : la Méditerranée. »
Van Rooy n’en était pas à son coup d’essai : l’année précédente, il s’était fait incendier à cause d’un tweet sur de jeunes fauteurs de trouble dans une piscine néerlandaise : « Je connais une autre « piscine » où ces « jeunes fauteurs de trouble » peuvent aller nager sans déranger personne : la Méditerranée. » Il s’agit, pour de nombreux observateurs, d’une référence aux migrants qui se noient en voulant atteindre l’Europe, mais Van Rooy, lui, assure qu’il ne fallait pas y voir malice.
— Sam van Rooy ? (@SamvanRooy1) January 6, 2020
« dauphin de Dewinter »
Au sein de la section anversoise du VB, Van Rooy a pris du crédit à l’ombre de Dewinter : « Mon ami, collègue, compagnon de lutte et maître en politique », précise Van Rooy. Au fil des années, on le qualifie de plus en plus de « dauphin de Dewinter » et on le considère finalement comme le successeur désigné d’avance de Dewinter à Anvers.
Pour Dewinter, ce pas de côté est une manière de maintenir son influence au sein du parti. Sous la présidence de Tom Van Grieken, le parti a baissé d’un ton dans sa communication, bien que les points de vue défendus demeurent relativement les mêmes que dans les années 1990. La direction nationale du parti considère seulement qu’il n’est pas nécessaire de mettre sans cesse les pieds dans les plats. À Anvers, en revanche, Dewinter a veillé à conserver le style du Vlaams Blok.
En guise d’inspiration, Dewinter a offert à Van Rooy un cactus vénéneux
Le 26 mai a démontré que Van Grieken a remporté la lutte de pouvoir interne au sein du parti. Si, en 2014, le VB flirtait avec le seuil électoral, aujourd’hui, il est le deuxième parti de Flandre. Dewinter a suffisamment d’expérience pour comprendre qu’avec ses 6 sièges sur 55 au conseil communal anversois, il ne fait pas le poids et que tôt ou tard, il devra passer à l’arrière-plan. En désignant Sam Van Rooy pour lui succéder, il sauve son héritage. En guise d’inspiration, Dewinter a offert à Van Rooy un cactus vénéneux : « Cette plante survit même dans le désert grâce à sa détermination et à sa ténacité. Elle reste toujours piquante et ne se laisse pas étouffer par les embrassades. »