Le bon vivant de naguère rôde cet été autour de la rue de la Loi
La rue de la Loi est déserte. Des présidents de parti aux collaborateurs, ils se prélassent tous sous un parasol à l’étranger. Seul, Kris Peeters (CD&V) continue à travailler. Le bon vivant que nous connaissions serait-il devenu un drogué du boulot ? Et cela sert-il son parti ?
Hier, Kris Peeters a rencontré des membres du Congrès américain pour parler notamment du TTIP, l’accord commercial négocié entre l’Europe et les Etats-Unis. Il continue à peaufiner les mesures du taxshift. Surtout les plus pointues. Jeudi, il se rendra au Caire pour y inaugurer le deuxième Canal de Suez et y visiter des entreprises belges.
L’homme autrefois si soucieux de sa santé : jogging, vélo, escalade, équitation, rien ne l’arrêtait. L’homme qui, après les heures, préférait parler des choses de la vie que de politique, cet homme-là, le voilà transformé en un drogué du travail. Alors que tous ses collègues se dorent au soleil méridional, il continue à hanter la rue de la Loi.
Entretenir le climat de défaite
Pourquoi donc ? Franchement, d’ici au 15 septembre aucune décision importante ne sera prise. Notre question fait rire Peeters. « J’apprécie votre sollicitude ».
S’il reçoit une délégation d’Américains pendant une heure, cela ne signifie pas, répond-il, qu’il travaille encore à 100%. « Pourquoi je n’arrête pas de travailler ? Parce que ce n’est pas prévu. Je suis en régime d’été, mes journées de travail sont un peu plus courtes. Je commence quelques heures plus tard et je termine un peu plus tôt. Parfois, je prends un jour de congé. Mais quitter totalement la scène ? Non, en tant que ministre-président, je n’ai jamais fait cela non plus. Comme je suis souvent en mission à l’étranger, je préfère passer l’été chez moi. »
Et pourtant : au sein de son parti, certains aimeraient que Peeters aille passer quelques semaines à l’étranger. Car ils lui reprochent le résultat décevant des négociations sur le taxshift. Mais aussi parce que sa présence rue de la Loi entretient le climat de défaite. Hier, Kris Peeters a aussi été interrogé sur les économies en matière de sécurité sociale et il a subi les critiques des Mutualités chrétiennes, le socle du pilier chrétien.
Peeters ne veut pas s’étendre sur ces critiques. Dans son entourage, on entend dire qu’il est surtout soucieux de clarté. Les autres ministres sont partis en vacances dès la conclusion de l’accord sur le budget et le taxshift, mais il y avait encore quantité d’autres questions, auxquelles Peeters essaie de répondre. « Mais il fait bien attention à ce qu’il dit . »
Hier, à propos des fonds de maladie, il n’a rien dit de plus que : « C’est à la secrétaire d’Etat Maggie De Block de négocier avec les organisations. » Sur la position de son parti au sein de la coalition de centre droit : « Nous sommes arrivés à un engagement dans des circonstances difficiles. En matière d’emplois et de protection des acquis sociaux, il est nécessaire que le CD&V continue à faire la différence au sein du gouvernement. »
En tenue de joggeur
Il y a un certain temps, on pouvait encore voir Peeters en tenue de joggeur. Ou au sommet d’une lointaine montagne, comme en 2011 en Argentine, lorsqu’il tentait de vaincre l’Aconcagua avec des patients asthmatiques.
En tout cas, au cours d’une interview accordée à ce journal, il a promis de s’entraîner à nouveau au club de triathlon de Malines. Va-t-il tenir sa promesse ? « En septembre, le club organise son triathlon annuel. Mais retrouverai-je la forme nécessaire d’ici là ? Bof. J’ai fait peu de sport ces derniers mois, car l’agenda était très chargé. Je m’y suis remis, mais ce n’est pas facile », dit-il en riant.
Jeroen Van Horenbeek
Traduit du néerlandais par Micheline Goche
L’article en V.O. sur le site du Morgen