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22·11·16

Le nouveau visage de l’extrême droite flamande

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Tommchen

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Un vent de fronde souffle sur le Vlaams Belang. Avec le recadrage de Filip Dewinter, sa figure de proue, le parti dévoilerait-il un nouveau visage, plus modéré ? Les analystes politiques y voient surtout le parricide du président, Tom Van Grieken, contre l’attrape-voix Filip Dewinter.

Dimanche dernier, le bureau politique du Vlaams Belang a décidé d’adresser un rappel à l’ordre à Filip Dewinter et d’exclure Anke Van dermeersch de la direction du parti suite à leur visite à Aube Dorée, la semaine dernière.

Parricide

Ivan De Vadder, journaliste politique de la VRT, n’est pas surpris : « Tom Van Grieken, le président, avait déjà exprimé son désaccord avec le style de Filip Dewinter, mais ce dernier demeure la coqueluche et l’attrape-voix du parti. Il est difficile de le mettre à l’écart tant qu’il ne commet pas d’erreur. Mais il vient de déraper. » Mais moins qu’un changement de cap radical, Ivan De Vadder y voit l’aboutissement de conflits latents. « La nomination de Tom Van Grieken traduisait déjà une nouvelle orientation. Mais en politique, on a parfois besoin d’un symbole pour montrer que les choses sont sérieuses. Et l’image la plus facile, c’est évidemment celle du parricide — ou plutôt du fratricide. »

Le politologue Dave Sinardet emploie lui aussi le terme de « parricide » et constate des similitudes avec le Front National, dont Marine Le Pen a écarté son père. « On peut considérer Tom Van Grieken comme le fils politique de Dewinter. Et même s’il y a des différences, tout cela ressemble aux débuts de la brouille qu’a connue le Front National. En France aussi, la question était de savoir jusqu’où il fallait aller dans la radicalité. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que le Vlaams Belang cherche à se dédiaboliser. C’est la ligne choisie par Van Grieken et que Dewinter vient court-circuiter. »

Le pari d’un président de parti jeune

Selon Ivan De Vadder, cette décision était la seule que Van Grieken pouvait raisonnablement prendre. « Sinon, on reste fidèle aux vieilles figures. » Dave Sinardet va également dans ce sens : « Dewinter reste la figure de proue du parti, bien entendu. Ce qui est peut-être une source de frustration pour Tom Van Grieken : voilà deux ans qu’il occupe la présidence, mais c’est toujours Dewinter qui truste les antennes. À travers cette décision, Van Grieken cherche à faire valoir son autorité. Et il apparaît clairement que la direction du parti se range derrière lui. »

Pour sa part, le politologue Carl Devos se demande si Van Grieken avait un autre choix. « Le parti entend profiter des vents favorables et surfer sur la vague de succès de Marine Le Pen, Geert Wilders et Donald Trump. Dans cette optique, il faut évidemment éviter que le parti soit rangé à l’extrême droite. S’ils ne se distancient pas, il leur sera impossible de mettre ce succès à leur profit. »

Indéboulonnable, Filip Dewinter ?

Pour Ivan De Vadder, il est évident que les rapports de force ont évolué au sein du parti. « Désormais, Filip Dewinter doit avoir l’aval de son parti pour s’afficher avec des contacts politiques étrangers. S’il passe outre, Van Grieken devra redoubler de fermeté. Les deux hommes se livrent en fait à une surenchère depuis quelque temps, puisque Van Grieken avait déjà signifié à Dewinter qu’il ferait mieux de ne pas se rendre en Grèce. La suite dépendra largement de la réaction de Dewinter : se couchera-t-il ? Ou fera-t-il fi de cette décision ? C’est la question à un million de dollars, comme on dit. »

De son côté, Carl Devos estime que les rapports de force sont restés inchangés et que Dewinter est indéboulonnable. « Le Vlaams Belang est et reste le parti de Filip Dewinter. Tom Van Grieken n’est présent dans le paysage que depuis quelques années, tandis que Dewinter est à l’avant-plan depuis 1991. C’est lui l’attrape-voix, le véritable chef. » Pour Carl Devos, c’est un signal en demi-teinte. « C’est surtout Anke Van dermeersch qui est concernée, les autres se sont modestement fait taper sur les doigts. Si Tom Van Grieken voulait réellement envoyer un signal fort, ne pouvait-il pas aller plus loin ? Ce n’est ni chair ni poisson : c’est une mise en garde sévère, mais rien de plus. »

Affaire à suivre…

Selon Ivan De Vadder, la question centrale est désormais de savoir si le Vlaams Belang fera réellement peau neuve. « On se demande si le parti changera réellement de cap. »

Dave Sinardet, quant à lui, s’interroge sur le dénouement de cette affaire. « L’objectif n’a pas changé : faire de Filip Dewinter la tête de liste d’Anvers en 2018. Mais quid en cas d’escalade du conflit ? Les présidents vont et viennent, mais Filip Dewinter a toujours su imprimer sa marque. Son statut est désormais remis en question et je ne peux pas m’imaginer qu’il l’acceptera sans broncher. Finiront-ils par serrer les rangs après avoir eu une bonne discussion ? Ou tout cela se terminera-t-il comme l’affaire Le Pen ? »

 

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