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09·10·15

Linkebeek, commune à difficultés

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(cc) Albert Mock

Tine Peeters
Auteur⸱e
Pierre Lambert
Traducteur⸱trice Pierre Lambert

Eric De Bruycker (Prolink) a beau avoir été nommé bourgmestre de Linkebeek, Damien Thiéry (MR) est bien décidé à tout mettre en œuvre pour détrôner son rival. « C’est le bourgmestre qui a obtenu le moins de voix dans tout le pays. » Voici quatre scénarios possibles pour l’avenir de la commune à facilités.

Une bataille juridique de plus

Fidèle à sa combativité légendaire, Damien Thiéry compte saisir trois juridictions en même temps : le Conseil d’État, la Cour européenne des droits de l’homme et le Conseil de l’Europe. Ce serait la troisième fois que Thiéry introduirait un recours au Conseil d’État contre sa non-nomination par le gouvernement flamand. Celui-ci s’y refuse en effet depuis 2007 en raison de l’envoi de convocations électorales bilingues par le bourgmestre. De tous les bourgmestres des communes à facilités, Thiéry est le seul à encore faire de la provocation communautaire.

S’il tente d’obtenir gain de cause en plus haut lieu, à savoir à l’échelon européen, ses chances de l’emporter sont aussi minimes qu’auprès du Conseil d’État. « Les juges de la Cour européenne fronceront tout au plus les sourcils en apprenant qu’un candidat soutenu par 80 % de la population ne peut pas devenir bourgmestre », estime Paul Van Orshoven, professeur à la faculté de droit de Louvain. Thiéry admet lui-même que toutes ces procédures n’ont qu’une valeur purement symbolique. « Rien ne changera au cours de cette législature. »

Hier, Thiéry affirmait que la ministre Liesbeth Homans (N-VA) n’avait jamais discuté avec lui d’une possible solution, ce que la N-VA a démenti formellement. Ils se seraient rencontrés le 7 septembre dernier mais, selon Thiéry, cet entretien devait rester confidentiel.

Au MR, on s’efforce par conséquent de calmer le jeu face à l’insoumission du bourgmestre. « Nous avons mis plusieurs avocats sur le dossier, explique-t-on au siège du parti. Nous recherchons une solution pour qu’il puisse être nommé bourgmestre et continuons à lui apporter notre plein soutien. » Néanmoins, tous les membres du MR ne se rallient plus à sa cause. Certains libéraux francophones en ont assez des lubies du bourgmestre, d’autant plus qu’il s’agit d’un transfuge du FDF.

Un candidat externe

Si Thiéry et sa clique continuent à rendre la vie impossible au bourgmestre actuel, Erik De Bruycker, un candidat externe pourrait constituer une solution. Il s’agirait alors d’un Linkebeekois bien intentionné, extérieur au conseil communal. Ce scénario a déjà connu au moins un précédent à Coxyde, en 1989. Les conseillers communaux étaient alors si nombreux à briguer l’écharpe mayorale qu’il a fallu faire appel à une personne extérieure pour mettre fin aux querelles politiques. Pour l’heure, la ministre flamande des Affaires intérieures Liesbeth Homans n’est pas favorable à un tel deus ex machina. « J’aurais choisi cette option, mais c’est trop tard maintenant, juge Johan Ackaert, professeur de politicologie à l’UHasselt. Le brave citoyen qui deviendrait bourgmestre serait considéré comme un traître par les francophones. » Quant à Thiéry, il ne souhaite évidemment qu’une chose : redevenir lui-même bourgmestre.

L’intervention d’un commissaire du gouvernement

Lorsqu’une commune ne parvient pas à assumer certaines tâches, le ministre peut également envoyer un commissaire du gouvernement. La dernière fois que cela s’est produit, c’était à Schaerbeek en 1974. Le bourgmestre tristement célèbre Roger Nols avait alors persévéré dans son refus d’employer des fonctionnaires bilingues aux guichets de la commune. Ce commissaire du gouvernement se voit donc assigner une mission spécifique, et la commune est tenue de le rémunérer. « Il se contente de faire tourner la boutique, souligne Ackaert. Ce n’est rien de plus qu’un pis-aller. »

« En 1989, un bourgmestre externe a été désigné à Coxyde en raison du nombre trop élevé de conseillers communaux briguant l’écharpe mayorale. »

Des élections anticipées

Un scénario tout aussi improbable consisterait à organiser un nouveau scrutin. Les Linkebeekois seraient alors les seuls dans tout le pays à se rendre aux urnes. « Si ce cas de figure est prévu par la loi, il ne s’est toutefois encore jamais produit », observe Ackaert. Il faut dire que la procédure n’a rien d’évident : les conseillers communaux doivent donner leur démission, si bien que les réunions cessent d’être valides, et il faut ensuite procéder aux préparatifs laborieux d’une élection. Il va sans dire que Thiéry penche pour cette option, étant donné qu’il est certain d’être réélu. Il a même déjà promis de respecter les lois linguistiques en cas de scrutin anticipé. Pour le cabinet Homans, cela relève par contre de la fiction politique pure et simple.

Face à toute cette agitation, le nouveau bourgmestre Eric De Bruycker (Prolink) conserve son flegme.  Le dirigeant d’entreprise à la retraite espère surtout que Linkebeek retrouvera bien vite sa tranquillité. « Pour l’instant, Damien Thiéry jouit encore d’un soutien total, note-t-il. Mais seulement 24 heures ont passé depuis toute cette tempête médiatique. Attendons de voir quelle sera la situation dans quelques jours. »

Article en V.O. de Tine Peeters et Roel Wauters

Traduit du néerlandais par Pierre Lambert

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