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Les cabinets de l’ombre de la coalition Vivaldi : un bastion d’hommes
08·10·20

Les cabinets de l’ombre de la coalition Vivaldi : un bastion d’hommes

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

(cc) Free-Photos via Pixabay

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Ils sont huit, non élus et inconnus du grand public. Et ils s’installeront bientôt aux avant-postes du processus décisionnel. Découvrez qui sont les chefs de cabinet qui feront « tourner la boutique » sous la houlette d’Alexander De Croo.

Ambiance foire aux emplois à la rue de la Loi. Les candidats se bousculent aux portillons des ministres et des secrétaires d’État qui constituent leurs cabinets politiques. Les fonctions à pourvoir sont diverses et variées : chefs de cabinet, conseillers, techniciens, secrétaires, experts en communication, informaticiens, huissiers, cuistots et chauffeurs. Une véritable armée à mettre sur pied. À son apogée, le gouvernement Michel ne comptait pas moins de 650 cabinettards au total. Les critiques à l’égard de ces cabinets surpeuplés ne datent pas d’hier. Dans d’autres pays, les ministres gouvernent de manière bien plus directe avec leur administration. En Belgique, rien ne laisse pourtant présager une quelconque évolution en ce sens. Au contraire : il faut sans doute s’attendre à ce que le gouvernement De Croo compte encore plus de personnel politique, ne serait-ce qu’en raison du secrétaire d’État supplémentaire par rapport à la législature précédente.

Chacun son vivier

Le défi sera particulièrement grand pour les écologistes flamands, absents du pouvoir depuis 17 ans et dotés d’un petit centre d’études. Au fédéral, le sp.a et le PS ne siègent plus depuis six ans, mais cette absence ne s’avère problématique que pour les socialistes flamands. Par le biais des gouvernements régionaux et du fameux Institut Émile Vandervelde, centre d’études du parti, leurs homologues francophones disposent encore de solides viviers de talents. Du côté de l’Open VLD, du CD&V et du MR, l’heure est avant tout à la redistribution des cartes et au déblaiement. L’Open VLD et le CD&V conservent autant de cabinets que sous le gouvernement Michel. Le MR, qui passe de sept à trois éminences, a déjà connu de nombreux départs depuis les élections.


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Il convient également de souligner la continuité dans la nouvelle composition du DAB (acronyme tiré du néerlandais « directeurs algemeen beleid », cercle qui rassemble le gratin ministériel, ndlr). Il s’agit de l’organe informel – – dans l’ombre du Conseil des Ministres restreint (le « Kern », ndlr) – où les chefs de cabinets du Premier ministre et des vice-Premiers se réunissent chaque jeudi afin de préparer le Conseil des Ministres et boucler des dossiers en gestation. Dans les rangs des partis qui jouaient déjà les premiers rôles dans le gouvernement Michel, des pointures bien connues reviennent sous le feu des projecteurs.

La Vivaldi ne les a pas tous fait rêver

Le chef de cabinet du Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD), qui assurera donc également le rôle de secrétaire du Conseil des Ministres, ne sera autre que le bientôt quarantenaire Ruben Lecok. Économiste et politologue, l’homme est cabinettard des libéraux flamands depuis 15 ans, dont neuf en tant que chef de cabinet de politique générale. Lecok est connu pour sa faculté à tisser des réseaux et sa propension à chercher des solutions sans perdre de temps en enfantillages. Dans les colonnes du quotidien De Tijd, il déclarait l’an dernier qu’un gouvernement « doit tourner à plein régime ». En début d’année, il avait annoncé son retrait de la politique avant d’entrer en service chez Egon Zehnder, une société de recrutement. Et puis, au cours d’une balade à vélo, De Croo a su le convaincre de revenir sur sa décision. Au départ, pourtant, la coalition Vivaldi n’avait rien d’un projet de rêve à ses yeux. Et pour cause : Lecok entretient encore de bonnes relations avec des membres de la N-VA depuis l’ère Michel.

Continuité

Le CD&V présente trois ministres flambant neufs, mais continue de s’appuyer sur Eddy Peeters (âgé de 60 ans) pour assurer la mise en œuvre du projet. Ce dernier était déjà chef de cabinet de Theo Kelchtermans en 1995, et a ensuite officié sous l’égide de Jo Vandeurzen, Steven Vanackere, Pieter De Crem, Kris Peeters, Wouter Beke, Koen Geens en Nathalie Muylle. Peeters a commencé sa carrière en tant que fiscaliste au centre d’études de l’ACW (mouvement ouvrier-chrétien flamand, ndlr) et a des liens étroits avec les acteurs de terrain. Cependant, il n’est pas vu comme le bras long de Beweging.net (réseau d’organisations sociales qui succède à l’ACW) pour autant. « Peeters se situe à l’aile gauche du CD&V, mais il ne crie pas ses opinions sur les toits. Il exécute la volonté de son ministre », affirme l’un de ses anciens collaborateurs. Au sein du gouvernement De Croo, son nouveau chef sera le vice-Premier ministre Vincent Van Peteghem.

Tour des présentations et constat

Au MR, le capitaine reste également à la barre. Gerald Duffy (44 ans), déjà actif en tant que secrétaire du Conseil des Ministres sous les mandats de Charles Michel et de Sophie Wilmès, endosse à présent le rôle de chef de cabinet de la vice-Première Wilmès. Le juriste, dans les rangs du MR depuis 2007, a aussi participé, à l’instar de Peeters et de Lecok, aux négociations sur la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde.

Du côté du vice-Premier Pierre-Yves Dermagne (PS), c’est Christophe Soil qui dirigera le cabinet de politique générale. L’homme possède un CV un béton : professeur de macro-économie à l’ULB, ancien étudiant d’Harvard, membre du conseil de régence de la Banque nationale et directeur du Bureau bruxellois de la planification. Dans le gouvernement Di Rupo, il était chef de cabinet adjoint de Laurette Onkelinx. « Un as », selon les socialistes.

Conner Rousseau, président du sp.a, perd quant à lui son bras droit et sherpa en la personne Frank Vandenbroucke, qui accède au poste de vice-Premier ministre. Inti Ghysels, qui dirigeait le centre d’études du sp.a ces derniers années, devient à quarante ans chef de cabinet de politique générale. Ghysels est une experte fiscale qui a travaillé au centre d’études du SPF Finances et fait ses gammes politiques au sein du cabinet de l’ancien secrétaire d’État pour la lutte contre la fraude, John Crombez. Le chef de cabinet Santé publique sera Ri De Ridder, auparavant à la tête de l’INAMI.

Le moins connu du lot est Grégory Van Lint (43 ans), chef de cabinet de Georges Gilkinet, vice-Premier Ecolo. Van Lint est un juriste actif depuis plus de 20 ans au sein de la formation écologiste. Une fois les présentations faites, le constat est sans appel : si le gouvernement compte autant d’hommes que de femmes, le Kern reste un bastion masculin.

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