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07·05·19

L’enseignement, un thème électoral idéal pour la N-VA

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) picjumbo_com via Pixabay

Bart Eeckhout
Auteur
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

S’ils gardent leur cap actuel, la N-VA et le CD&V sont prêts à diriger la Flandre « à la bavaroise »

Ce qui nous fut présenté comme le « Grand duel », à savoir le débat télévisé de ce dimanche matin entre Bart De Wever et Hilde Crevits, respectivement candidats N-VA et CD&V à la ministre-présidence flamande, fut passionnant à regarder. À moins d’être amateur de coups bas et de polarisation, bien entendu. C’est d’ailleurs la sérénité du débat mené dans De zevende dag qui en a fait tout l’intérêt.

Contrairement aux grands duels récents – Guy Verhofstadt (Open Vld) face à Yves Leterme (CD&V) ou Bart De Wever (N-VA) face à Elio Di Rupo (PS), pour n’en citer que deux – les coups échangés furent peu nombreux ce dimanche. Ce n’est pas un duel, mais un duo que le spectateur a eu à se mettre sous la dent : deux responsables politiques de haut niveau qui, plutôt que de s’attaquer, se sont complétés. C’est intéressant, parce que tant la N-VA que le CD&V aspirent à des changements de positionnement, loin de l’opposition crispée et épuisée de ces cinq dernières années. L’arrivée de Crevits comme tête de proue du CD&V revêt à cet égard un intérêt fondamental, en tout cas plus important que le rôle stéréotypé et dénigrant de la « femme de service » que d’aucuns lui ont attribué.

Pendant longtemps, la stratégie de Wouter Beke, président du CD&V, a consisté en partie à entraîner son partenaire de coalition, la N-VA, dans la boue du compromis à la belge. Il s’en est suivi une législature parsemée de jalousie et de pertes de temps. La N-VA en a subi quelques avaries, en effet, mais le CD&V davantage encore. Et au bout du chemin, un destin funeste pour les démocrates-chrétiens. Avec Crevits comme figure de proue, le CD&V rejoint son habitat naturel : le centre. Hilde Crevits, c’est l’Angela Merkel des polders flamands : ne serait-ce qu’en termes de ton et de style, les similitudes sautent aux yeux.

De son côté, le président de la N-VA a aussi pris un virage. À sa manière, De Wever se rapproche, lui aussi, du centre, tout en restant à droite. Longtemps, la N-VA a flirté avec la droite radicale, tantôt par conviction, tantôt par stratégie. Mais ici aussi, la route menait à un funeste destin pour le parti : la concurrence Vlaams Belang s’est réveillée. Theo Francken a beau continuer de se démener sur les réseaux sociaux, il ne sera plus jamais aux manettes du parti.

Avec le débat sur l’enseignement, De Wever a trouvé un thème idéal pour changer de cap. Le ton nostalgique et conservateur de droite adopté par De Wever s’adresse à nouveau au grand public flamand. S’il le faut, il ressortira à l’occasion ses éléments de rhétorique, mais son répertoire est redevenu plus rassembleur et plus traditionnel.

Si l’on peut comparer le CD&V nouveau au CDU de Merkel, la N-VA, elle, doit correspondre à une variante plus à droite du parti allemand, le CSU, qui fait la pluie et le beau temps en Bavière. S’ils gardent le même cap que dimanche, la N-VA et le CD&V pourraient diriger la Flandre pendant des années, à la bavaroise. Les deux partis auraient d’ailleurs déjà pu le faire en 2014, sans hisser à leur bord un Open Vld mathématiquement superflu.

Comment réagira l’électeur ? Seul l’avenir nous le dira. En attendant, force est de constater qu’une coalition N-VA/CD&V s’avère à nouveau possible, tant sur le plan humain qu’idéologique.

Telle est l’importante leçon à tirer du duel serein de ce dimanche matin.

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