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Le duel Zemmour-Le Pen déchire aussi… le Vlaams Belang  
09·02·22

Le duel Zemmour-Le Pen déchire aussi… le Vlaams Belang  

« Les paroles d’Éric Zemmour résonnent à mes oreilles comme une douce musique », déclare Filip Dewinter. « Il ne serait ni raisonnable ni loyal de soutenir Eric Zemmour », tranche le président du Belang, Tom Van Grieken, qui ne jure que par Marine Le Pen. 

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Credit : BELGA

Bart Brinckman
Auteur⸱e
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

« Imaginez Marine Le Pen en train d’encourager les Flamands à voter N-VA : ça ne nous ferait pas plaisir, à nous non plus. » Le week-end dernier, la présidente du Rassemblement National organisait un grand rassemblement pour lancer sa campagne en vue de l’élection présidentielle française. Pour Tom Van Grieken, président du Vlaams Belang, c’était l’occasion, sur Twitter, de promettre tout le soutien possible « au seul candidat capable de rendre la France aux Français ». « Elle nous a soutenus lorsque le Vlaams Belang a connu des temps difficiles. »

Le Vlaams Belang et le Rassemblement National appartiennent tous deux au groupe parlementaire « Identité et Démocratie », qui réunit les partis d’extrême droite au Parlement européen. Pour Tom Van Grieken, cependant, les liens qui les unissent vont bien plus loin que cela. Il juge « politiquement déloyal, et même déraisonnable » de soutenir le rival de Marine Le Pen à droite. « Zemmour est tellement intelligent : il n’est pas conscient qu’il bousille les chances de voir élire un président de droite en France. »

« C’est pour une raison analogue qu’aux Pays-Bas, à droite, nous soutenons Geert Wilders et non Thierry Baudet, pourtant très sympathique. » De manière générale, Tom Van Grieken se méfie des personnages politiques dont la carrière progresse trop vite. « Je n’ai pas encore quarante ans, mais je sais que la politique n’a rien d’un sprint sur cent mètres : c’est un marathon. Et puis, je préfère le discours de Marine Le Pen à celui d’Éric Zemmour : elle met davantage l’accent sur le social. »

« Ces divisions, ça me fend le cœur. Tous mes amis français me parlent du choix déchirant qui les attend. » – Filip Dewinter

Filip Dewinter, membre du Parlement flamand, voit lui aussi ce duel d’un mauvais œil. « C’est tragique. Jamais encore la droite n’a été si forte. Si on tient compte de Valérie Pécresse (candidate du parti Les Républicains, NDLR), quelque peu opportuniste, on dépasse le seuil des 50 %. Sur le plan du contenu comme sur le plan idéologique, je me sens proche d’Éric Zemmour. Marine Le Pen, elle, place la barre un peu moins haut. Son style pragmatique lui offre davantage de perspectives au second tour, et c’est la raison pour laquelle je voterais pour elle. Par choix intellectuel. »

Pour le chef de file anversois, les paroles d’Éric Zemmour sur l’islamisme résonnent comme « un chant de sirène ». « Ces divisions, ça me fend le cœur. Tous mes amis français me parlent du choix déchirant qui les attend. »

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Filip Dewinter espère pour le Vlaams Belang que celui-ci ne sera jamais la proie de telles divisions. En même temps, il trouve dangereuse l’attitude de Marine Le Pen consistant à réduire son niveau d’exigence pour mieux s’approcher de l’exercice du pouvoir. « Participer au pouvoir est une chose indispensable, mais aussi extrêmement difficile. Cette mise en garde, je ne cesse de la répéter aux jeunes dirigeants de notre parti. Nous devons résister à cette tentation, et ne participer au pouvoir que si cela nous permet d’imposer nos points de rupture. »

« Le Vlaams Belang envisagerait plus volontiers une collaboration avec l’Europe centrale, et même avec la Russie. » – Filip Dewinter

Filip Dewinter n’est plus membre de la direction du parti ; il se conforme aux lignes directrices établies par Tom Van Grieken. « Parfois, nous sommes plus forts dans notre rôle d’opposition. Nous devons absolument éviter d’être pris dans l’étreinte d’un « grizzly » capable de nous étouffer. Cette stratégie-là est très présente à la N-VA. »

Contrairement à Filip Dewinter, Tom Van Grieken ne croit pas qu’une participation au pouvoir ferait nécessairement perdre des voix à l’extrême droite. « D’ailleurs, si le Vlaams Belang n’accède pas au pouvoir, en 2024, ce ne sera pas le signe que j’ai échoué. Nous devons tout simplement avoir en mains les meilleures cartes possible ; je n’exclus donc rien. Je ne tiens pas à tirer davantage de plans sur la comète. »

Ce week-end, à la consternation de la N-VA, Filip Dewinter a soutenu le plaidoyer de Marine Le Pen appelant à se retirer de l’OTAN et à se tenir à l’écart de l’escalade du conflit ukrainien. Il l’admet : « cela manquait de nuance ». Le programme du Vlaams Belang appelle en effet à une attitude critique à l’égard de l’Alliance, en attendant l’émergence d’une variante européenne. Le Vlaams Belang envisagerait plus volontiers une collaboration avec l’Europe centrale, et même avec la Russie.

 « Le Rideau de fer », estime Filip Dewinter, « constituait au moins un rempart contre le multiculturalisme, et cela renforce notre bonne entente ». Tom Van Grieken est sur la même longueur d’onde. Il rejette l’idée d’un déploiement d’unités de l’armée belge dans le contexte actuel d’escalade du conflit.

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