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Le CD&V fait peau neuve, mais son président irrite l’arrière-ban
22·04·21

Le CD&V fait peau neuve, mais son président irrite l’arrière-ban

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Image par Gerd Altmann de Pixabay

Auteur⸱e
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Que des caciques tels que Mark Eyskens, Étienne Schouppe ou d’autres ex-premiers ministres ou ex-présidents du CD&V ne siègent plus au bureau du parti, cela n’attristera pas grand monde. Même chose pour les représentants des standen, les « piliers » tels que beweging.net, l’Unizo ou le Boerenbond. D’ailleurs, la plupart des membres du parti sont bien d’accord : il faut en simplifier les structures. Pour le président Joachim Coens, la réécriture des poussiéreux statuts du parti doit répondre à deux objectifs : le rendre plus moderne, et le rendre plus combatif.

Depuis quelques jours, le président rencontre pourtant de forts vents contraires, émanant surtout de catégories de membres bénéficiant aujourd’hui d’un statut spécial. Or ce qu’il veut, c’est augmenter le nombre d’adhérents « ordinaires » n’appartenant pas à telle ou telle chapelle. Par exemple, il souhaite plafonner l’âge des jeunes CD&V à 30 ans plutôt qu’à 36 ans. Il veut porter à 67 ans l’âge minimum pour les seniors, actuellement fixé à 60 ans. Voilà deux mesures qui réduiraient sensiblement l’effectif de ces structures.

Poisson d’avril

Mais ce n’est pas tout. Désormais, les diverses composantes du parti devront conclure avec celui-ci un accord de coopération renouvelable tous les trois ans. De cet accord dépendront les moyens et les effectifs mis à leur disposition. Certains adhérents interprètent ces mesures comme une mise en garde : ceux qui ne s’en tiendront pas à la ligne du parti verront leurs moyens rabotés. Selon un ponte de la formation politique, « ce n’est vraiment pas la meilleure des idées. La présence dans nos rangs de jeunes à l’esprit critique a toujours été un de nos grands atouts ».

Selon plusieurs sources, l’absence de concertation, de la part de Joachim Coens, aurait encore ajouté à l’irritation au sein des différentes composantes. En interne, le président du Jong CD&V, Kevin Maas, fulmine : « il y a effectivement eu concertation, le 1er avril. Mais j’ai vraiment eu l’impression, par la suite, que c’était plutôt un poisson d’avril », aurait-il lancé à l’assemblée générale, selon diverses sources.

Au mouvement des femmes CD&V, Vrouw & Maatschappij, les critiques fusent également, et tout particulièrement sur la diminution, demain, du nombre de femmes dans les instances dirigeantes du parti. Plus encore, on y craint une perte de singularité. « On nous suggère de changer de nom. Or notre positionnement est plus neutre, à l’égard du parti, et nous pouvons donc toucher un autre public, ouvrir la porte à de nouveaux membres », y entend-on. Et d’ajouter : « l’idée du président de créer, un peu comme Vooruit (nouveau nom du Socialistische Partij), un mouvement ouvert aussi aux non-membres, correspond exactement à notre façon de faire. Ces propositions surprennent donc tout le monde.  Joachim Coens veut-il concentrer davantage de pouvoir entre ses mains ? Personne ne comprend où il veut en venir. »

Le contenu, le contenu, toujours le contenu

Joachim Coens se dit prêt à entendre les critiques. « Il n’est pas du tout question de contraindre les différentes composantes du parti ni de limiter leur autonomie », explique-t-il. S’il veut abaisser la limite d’âge au Jong CD&V, c’est surtout pour adapter davantage cette structure aux jeunes gens qui, demain, pourront voter dès 16 ans. Par ailleurs, 67 ans, c’est désormais l’âge du départ à la retraite. « C’est la seule raison d’être de cette proposition, rien d’autre », insiste-t-il. « Nous ne devons pas oublier que la taille du CD&V a diminué, et que ses moyens sont limités. Il nous faut donc plus de cohérence et une meilleure coordination. »

Le verdict tombera le 11 juin au congrès du parti. Cela étant, souligne le président, des ajustements sont encore possibles. Mais voilà : les critiques à son encontre ne visent pas que sa réforme. On lui reproche aussi de privilégier le fonctionnement interne du parti au détriment du contenu. « Si le parti éprouve des difficultés, ce n’est pas avec les mouvements qui le composent, mais bien avec son message. Face à un gouvernement composé de sept formations, avec un CD&V qui participe au pouvoir sans discontinuer depuis 15 ans, le contenu est plus important que les statuts », clame Éric Van Rompuy, président des CD&V Senioren. C’est exactement la critique qu’a formulée contre le projet de Joachim Coens l’ex-Premier ministre Yves Leterme, lundi, en réunion du bureau.

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