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L’appel de la N-VA au PS accélérera-t-il les négociations pour un nouveau gouvernement fédéral?
04·05·20

L’appel de la N-VA au PS accélérera-t-il les négociations pour un nouveau gouvernement fédéral?

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

Isopix

Aubry Touriel
Auteur

Bart De Wever tend la main au PS. Le président du SP.A lance un message « présidentiel » où il souhaite mettre fin aux « jeux politiques stupides et dépassés ». Ces appels arriveront-ils à faire débuter les négociations vers un nouveau gouvernement fédéral en juin ?

« Le compte à rebours a commencé », lance Bart Brinckman, le journaliste politique dans une opinion publiée dans De Standaard le 28 avril. « Le soutien aux pouvoirs spéciaux fond de jour en jour, une prolongation en juin semble hors de question. […] Ce qui a commencé comme une expérience bancale reste une construction bizarre. La fin des pouvoirs spéciaux implique un vote de confiance, et la fin du gouvernement Wilmès. »

« J’aimerais être aimé en Flandre »

Bart Brinckman, considère cette période comme une opportunité de constituer un « vrai » gouvernement. Selon lui, Georges-Louis Bouchez est le seul à vouloir empêcher des discussions inévitables : celles visant à former un nouveau gouvernement fédéral. « Son comportement démontre l’insupportable frivolité d’un fou du volant. Le président du MR se fait plus haïr en Flandre que n’importe quel membre du PS. »

Pour tenter de redorer son image, le président du MR se défend dans une interview au HLN ce week-end : « J’avoue : j’aimerais être aimé en Flandre. […] Quand je lis certains journaux flamands, j’ai l’impression d’être l’homme politique francophone le plus détesté. »

Il en profite aussi pour recadrer ses propos sur les négations pour former un gouvernement fédéral : « Je dis la même chose que Bart De Wever sur la formation d’un gouvernement. Il a dit que nous devions négocier à partir de juin pour avoir du concret en septembre. »

La N-VA tend à nouveau la main au PS

Deux semaines après son appel à former un gouvernement fédéral en juin, Bart De Wever souhaite se montrer constructif dans De Zondag ce dimanche.

Dans l’interview intitulée « Ce n’est pas fini, mon tour viendra », le président de la N-VA semble tendre la main au parti socialiste : « Un véritable gouvernement doit voir le jour. Nous voulons de nouveau aller à table avec le PS. Je n’aime pas le dire, mais c’est la seule possibilité pour qu’un gouvernement solide puisse gouverner l’ensemble du pays. »

Il défie ensuite le parti socialiste : « Mais le PS veut-il être à la table des négociations ? Je ne pense pas. J’ai l’impression que ce parti a renoncé au niveau fédéral. »

D’un côté, le leader du parti nationaliste fait un pas vers le PS. De l’autre, il recule : « Nous allons nous réveiller avec une dette publique gigantesque [après la crise du coronavirus]. […] Si on suit le PS, tous ceux qui travaillent, épargnent et entreprennent devront payer. En bref : le Flamand. »

Alors, l’appel de Bart De Wever est-il sincère ou est-ce un énième coup de bluff ? À en croire Georges Louis Bouchez, la confiance n’a en tout cas pas grandi entre les deux partis ces derniers temps : « La Flandre ne va pas aimer ce que je vais dire, mais pensez-vous vraiment que le PS est plus proche d’un deal avec la N-VA qu’avant ? »

Conner Rousseau, le petit homme d’État

Au mois de mars, Conner Rousseau avait réussi à ramener le PS et la N-VA autour d’un projet de gouvernement. Même si cela n’a pas débouché en un gouvernement avec un nouvelle coalition, le nouveau président du SP.A de 27 ans a démontré qu’il pouvait rapprocher les socialistes francophones et la N-VA. Pourra-t-il y arriver de nouveau lors des prochaines discussions ?

Sa vidéo pour le 1er mai de Conner Rousseau est en tout cas placée sous le signe du rassemblement : « À une époque où tout le monde se surpasse, la politique ne peut et ne doit pas être restée à la traîne. Le temps est venu de mettre fin à ces jeux politiques stupides et dépassés, de se débarrasser de ces ego et veto stupides. »

Pour l’éditorialiste de quotidien Het Laatste Nieuws, le message vidéo de Conner Rousseau (aka. KingConnah sur Instagram) se démarque des autres discours : il ne s’adresse pas seulement aux membres de son parti, mais à tout le pays : « Faut le faire, en tant que président d’un parti qui ne séduit qu’un Flamand sur dix. Et pourtant, il fait comme si tout le monde était socialiste avant même de s’en rendre compte, à la Steve Stevaert. Il a adopté un ton présidentiel. Un homme d’État de 27 ans. Enfin, un petit homme d’État pour l’instant. »

Mais l’éditorialiste prévient : « La négociation d’un gouvernement sera le test décisif. Un vrai. L’art de la mise en scène requiert plus qu’un joli minois et une citation accrocheuse. »

Le retour de Vivaldi ?

Tout comme d’autres politiciens flamands, le journaliste politique Rik Van Cauwelaert rappelle aussi la nécessité de former un gouvernement fédéral à part entière une fois le confinement terminé : « C’est nécessaire pour le bien-être du pays, mais aussi pour les entités fédérées. […] Au début de cette année, il était encore défendable de plaider pour une élection fédérale anticipée. Les partis et les autorités du pays ont laissé passer cette occasion de remaniement électoral », écrit-il dans son billet hebdomadaire dans De Tijd,

Selon le faiseur d’opinions, il faut donc jouer avec les cartes que les électeurs ont distribuées il y a près d’un an. Revient alors encore et toujours la même question : le PS et la N-VA parviendront-ils à former une coalition fédérale ensemble ?

Si pas, c’est l’alternative « Vivaldi » qui resurgit : associer les libéraux, les socialistes, les verts et le CD&V. Bart De Wever n’est en tout cas pas convaincu par ce scénario : « Le PS court après le PTB. Je ne vois pas comment l’Open VLD et le CD&V pourraient s’en accommoder. Sans parler d’Écolo. On ne peut pas former un gouvernement avec eux. À moins que les libéraux ne jettent par-dessus bord toute dignité. »

Le président du CD&V explique quant à lui ce week-end à De Standaard qu’il ne veut plus qu’on lui rabâche les oreilles avec ce scénario : « On ne parle plus de Vivaldi depuis longtemps. L’important c’est de savoir quel projet on veut. On ne va tout de même pas de nouveau radoter sur le choix entre une coalition violette-jaune ou violette-verte, si ? Les gens en ont marre des querelles politiques. »

Pourtant, à la fin du compte, il faudrait faire un choix pour trouver une majorité. À la fin de son interview, le président des chrétiens-démocrates flamands souligne l’importance du contenu : « Réfléchissons d’abord au projet que nous voulons et partons à la recherche d’un consensus à ce sujet. […] Après, on pourra savoir quels partis seront partants. »

C’est alors au journaliste du Standaard de répliquer : « Les partis de la violette-jaune ou violette-verte ? » Après un rire nerveux, Joachim Coens ignore la question : « Vous voulez encore boire quelque chose ? »

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