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La route vers un gouvernement PS/N-VA est parsemée d’obstacles
12·06·20

La route vers un gouvernement PS/N-VA est parsemée d’obstacles

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

(cc) sperchant via Pixabay

Le PS et la N-VA veulent négocier ensemble la formation d’un nouveau gouvernement. Mais la route qui mène à une coalition bourguignonne est longue, et elle est semée d’embûches.

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Au menu des négociations figurera évidemment la gestion de la crise du coronavirus. À quelque chose malheur est bon, en tout cas pour le PS et pour la N-VA : qui dit relance, dit dépenses massives. Et les coalitions violettes de Guy Verhofstadt nous l’ont enseigné : rien de tel qu’un porte-monnaie bien garni sur la table pour oublier les différences idéologiques.

D’ailleurs, le fossé qui sépare le PS et la N-VA sur le plan socio-économique n’est pas si profond qu’on pourrait le croire. Le succès du Vlaams Belang – avec un discours identitaire de droite associé à un programme socio-économique de gauche – a appris aux nationalistes flamands qu’ils se sont laissés entraîner trop loin par la vague néolibérale. La N-VA est donc tout à fait disposée à s’accorder avec le PS sur un certain nombre de « dadas » socialistes, comme l’augmentation du montant minimum des pensions.

Le problème est ailleurs. Que faire des départements ministériels liés à la sécurité, comme la Justice et la Migration ? C’est un domaine où la N-VA veut poursuivre la politique du gouvernement précédent. Sauf que pour le PS, c’est totalement hors de question. Et l’Emploi ou la Sécurité sociale ? Les socialistes estiment indispensable d’investir des milliards d’euros pour développer le filet social dès la fin de la crise du coronavirus. Alors que la N-VA, elle, n’en démord pas : il y a encore du gras à éliminer dans la sécurité sociale.

Voilà donc plusieurs domaines où un compromis violet paraît bien difficile – voire impossible – à atteindre. Une des options consisterait à limiter à un ou deux ans le mandat du prochain gouvernement, pour qu’il se consacre exclusivement à la lutte contre la crise du coronavirus. Une autre possibilité consisterait à laisser chaque parti se replier sur quelques départements essentiels.

Theo Francken

Bon nombre d’élus socialistes frémissent à la seule perspective de rejoindre Théo Francken au sein d’un gouvernement. Les puissantes fédérations bruxelloise et liégeoise du PS, notamment, voient en lui un loup de la droite radicale déguisé en mouton. Un homme auquel un parti à visées sociales tel que le PS ne saurait s’associer sans perdre la confiance de ses propres militants – lesquels militants sont d’ailleurs constamment courtisés par la gauche radicale du PTB.

À la N-VA, on a bien compris que la personne de Theo Francken est un obstacle la formation d’une coalition bourguignonne. Le parti n’est cependant pas prêt à sacrifier l’homme pour obtenir une place au gouvernement. Depuis mai 2019, son influence au sein du parti est bien trop forte pour cela. C’est que les élections n’ont pas pour seul effet de perturber les rapports de force entre les partis, elles redessinent également les hiérarchies au sein même des partis. Or l’excellent score de Théo Francken au Brabant flamand a évité à son parti d’imploser le 26 mai.

Il faudra donc trouver une astuce. Bart De Wever pourrait lui-même monter au prochain gouvernement en qualité de vice-premier ministre. Auquel cas Théo Francken deviendrait « simple » ministre. En mars, lors des négociations avortées pour la formation d’un gouvernement de crise limité à un an, Bart De Wever avait déjà laissé entendre à Paul Magnette qu’il pourrait abandonner le maïorat d’Anvers si nécessaire. Ce n’est pas la première fois qu’il applique cette démarche « hiérarchique » : en 2019, quand Geert Bourgeois rechignait à quitter son poste de ministre-président, Bart De Wever avait tout simplement décidé d’inscrire son propre nom en tête de la liste électorale flamande.

Autre possibilité encore : et si on trouvait à Theo Francken une autre casquette ? Une rumeur tenace qui circule rue de la Loi verrait la N-VA nommer Ben Weyts, aujourd’hui ministre flamand de l’Enseignement, à la fonction – actuellement vacante – de gouverneur du Brabant Flamand. Theo Francken pourrait alors passer à l’Enseignement, poste que ne déparerait pas ce pédagogue de formation. À la N-VA, cette rumeur – car ce n’est qu’une rumeur – fait l’objet de démentis catégoriques :  invention totale, n’importe quoi, jamais de la vie.

Les libéraux

Georges-Louis Bouchez, tout frais émoulu président du MR, est plus imprévisible que la météo. Sur un point, cependant, il ne laisse subsister aucun doute : il refuse catégoriquement toute aventure communautaire pour les années à venir. C’est une mauvaise nouvelle pour le PS comme pour la N-VA. Les nombreux tours de négociation de l’an dernier avaient laissé filtrer qu’en matière communautaire, les positions de ces deux partis n’étaient guère si distantes. Tous deux sont disposés à réfléchir à la manière de mieux organiser le pays à l’horizon 2024. Georges-Louis Bouchez ne veut pas en entendre parler, et il le fait savoir, non sans panache. Cela limite les marges de manœuvre dont dispose le président du PS, Paul Magnette, à l’égard de la N-VA. Car s’il devait aller trop loin dans les concessions, il pourrait bien entrer dans les livres d’histoire comme le fossoyeur de la Belgique. Tout cela, alors que la N-VA n’est pas près de remonter à bord d’un gouvernement fédéral sans programme communautaire.

Difficulté supplémentaire : Georges-Louis Bouchez tient à l’axe libéral avec l’Open Vld. Or le PS ne verrait pas d’un bon œil la présence des libéraux flamands dans une Bourguignonne : en raison des exigences fortes de l’Open VLD en matière de contenu, mais aussi parce que dans ce cas, les socialistes joueraient le rôle de dépanneur du gouvernement Michel, ce même gouvernement, ce même monstre asocial, qu’ils combattent par le fer et par le feu depuis cinq ans.

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