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21·06·19

La Belgique en passe de perdre son influence en Europe

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(cc) Domaine public via Pxhere

Auteur⸱e
Traducteur⸱trice Jean-Paul Bombaerts

Voici cinq ans, la Belgique, avec la présidence du Conseil européen attribuée à Herman Van Rompuy (CD&V), était plutôt bien servie par l’Europe. L’ancien Premier ministre Guy Verhofstadt (Open Vld) officiait alors en tant que chef de groupe connu et influent des libéraux au Parlement européen. Forte de sa longue expérience, Marianne Thyssen (CD&V) s’était construit une réputation solide au Parlement européen et pouvait peser au sein du groupe PPE de centre-droit.

Aujourd’hui, les choses se présentent un peu différemment. Deux anciens ministres-présidents, Kris Peeters (CD&V) et Geert Bourgeois (N-VA), n’ont pas saisi leur chance lors de leur passage à l’Union européenne pour se mettre en évidence au sein des cénacles européens. La répartition des fonctions les plus en vue au sein du PPE voici une semaine à San Sebastian a totalement échappé à Kris Peeters. Ses chances d’occuper une fonction prééminente et visible au sein de ce parti de pouvoir en Europe se sont réduites comme peau de chagrin. De plus, il n’était pas encore clair hier si Peeters allait vraiment assumer son mandat européen. Si la question est révélatrice des frictions qui agitent le CD&V, Peeters devrait pourtant prêter serment à Strasbourg début juillet.

Ce serait une rupture par rapport à la tradition qui prévaut au CD&V. Le PPE est le plus grand groupe du Parlement européen. La Belgique a toujours envoyé des poids-lourds politiques à Strasbourg, comme l’ancien Premier ministre Jean-Luc Dehaene, qui se sont lancés dans une nouvelle carrière. Wilfried Martens, encore un ex-Premier, a fait du PPE le parti de pouvoir qu’il est devenu aujourd’hui.

La N-VA a attendu trop longtemps avant de se décider de rejoindre un groupe parlementaire. La direction du parti s’est retrouvée à devoir choisir entre des familles politiques « problématiques » et s’est résignée mardi soir à rester avec le groupe CRE de la droite conservatrice emmenés par les nationalistes polonais du parti PiS, actuellement au pouvoir. Les trois élus de la droite populiste de Thierry Baudet ont également rejoint le CRE. L’extrême droite espagnole de Vox, qui s’oppose farouchement à l’autonomie de régions comme la Catalogne, a été accueillie hier au sein du même groupe parlementaire.

Le CRE rejoint en outre les plus petits groupes parlementaires. Ce qui signifie moins de poids et moins de temps de parole dans l’hémicycle. Plus grave : l’amalgame entre partis extrêmes et très extrêmes au sein du CRE risque de coller à la peau de la N-VA. Certainement si les conservateurs britanniques devaient quitter le groupe à l’issue du Brexit.

Bourgeois a déclaré dans l’émission « De Ochtend » sur Radio 1 (VRT) que « dans chaque groupe, il y a de ces oncles un peu bourrés », une référence un rien grotesque à l’enfant terrible hongrois Viktor Orban qui siège au PPE. Bourgeois souligne également que la N-VA fixe sa propre ligne de conduite au sein du CRE. Le choix fait par le parti oblige néanmoins la N-VA à virer à droite. Ces cinq dernières années, la N-VA s’est signalée par des prises de position régulièrement à contre-courant des autres partis classiques. La pression pour entrer dans un jeu d’opposition contre les groupes européens traditionnels n’en sera que plus importante.

Talents d’orateur

Même Verhofstadt, qui a officié pendant dix ans en tant que chef de groupe des libéraux, a décidé de se mettre en retrait. Son groupe Renew, qui travaille de concert avec le mouvement du président français Emmanuel Macron, a choisi hier le Roumain Dacian Ciolos comme chef de groupe.

Ciolos parle un excellent français, mais se retrouve déjà sous le feu des critiques en raison de déclarations quelque peu malheureuses sur les valeurs de la famille traditionnelle. Il n’est pas non plus doté des talents d’orateurs qui avaient permis à Verhofstadt de faire fureur pendant toutes ces années.

Jusqu’à la prestation de serment, Verhofstadt mènera les négociations sur les gros postes à pourvoir. Le Gantois nourrit, comme en 2014, des ambitions pour le perchoir du Parlement européen. Mais il ne veut pas, comme en 2014, se prendre un râteau. A l’époque, Verhofstadt avait voulu augmenter le poids de son groupe politique en négociant un deal avec le Mouvement Cinq Etoiles, notoirement anti-establishment. En interne, cela lui a coûté cher.

Il est logique que Verhofstadt n’y aille pas à fond. Le puzzle des nominations est à tout le moins compliqué (lire ci-dessous). Même le Premier ministre Charles Michel (MR) se positionne pour la présidence du Conseil européen, comme Van Rompuy. D’après les sources européennes, ses chances seraient toutefois limitées.

Le seul chef de groupe belge au Parlement européen est Philippe Lamberts d’Ecolo. Il rêve de devenir commissaire européen. Mais le risque est grand que la Belgique tarde trop pour envoyer un commissaire. Ce poste fait en principe partie du processus de formation du gouvernement fédéral. Or les pourparlers risquent de trainer en longueur. C’est pourquoi la Belgique pourrait ne pas peser bien lourd dans la répartition des postes importants au sein de la nouvelle Commission.

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