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Entre ras-le-bol et optimisme, le bilan des éditorialistes flamands un an après les élections
25·05·20

Entre ras-le-bol et optimisme, le bilan des éditorialistes flamands un an après les élections

Temps de lecture : 3 minutes
Aubry Touriel
Auteur

Ce mardi, cela fera exactement un an que nous nous sommes rendus aux urnes. Entre le « trop is te veel » de Liesbeth Van Impe et la proposition de gouvernement minoritaire de Bart Eeckhout, comment les éditorialistes flamands analysent-ils la situation ?

« Nous y revoilà. Un an après l’élection. » Liesbeth Van Impe, la rédactrice en chef du Nieuwsblad, ne mâche pas ses mots dans son édito du week-end : « Nous avons inventé une nouvelle pratique masochiste : la conviction que rien ne fonctionne ici parce que nous sommes le pays le plus compliqué au monde. Aucun pays n’est aussi fier de tout foutre en l’air. »

Selon elle, les politiques belges font comme si tout allait comme sur des roulettes dans les autres États fédéraux comme l’Allemagne ou les États-Unis : « Nous nous sommes persuadés que nous sommes dans une situation si complexe qu’il est normal de ne pas former de gouvernement ».

« Mieux, plus rapide et surtout plus simple »

Dans son édito du Standaard, Bart Brinckman estime que les temps ont changé avec la crise du coronavirus : « Des thèmes délicats tels que la migration et l’identité ont apparemment disparu. Ce phénomène renforce la boutade politique selon laquelle rien n’est éternel. Les événements inattendus mettent toujours des bâtons dans les roues. »

Selon le journaliste politique, il faut s’attaquer aux problèmes dans les soins de santé en trois points : apporter un soutien financier à une partie du personnel médical, gérer le prix de l’inflation des médicaments et finalement réformer mes structures.

La sixième réforme de l’État est une catastrophe en matière de soins de santé, constate Bart Brinckman : « Peut-être qu’il est illusoire d’obtenir des blocs de compétences homogènes, mais il faut que tout soit mieux, plus rapide. Et surtout, plus simple. »

Un véritable gouvernement minoritaire

En l’absence de solution, l’éditorialiste du Morgen Bart Eeckhout plaide pour un « véritable » gouvernement minoritaire : « La méfiance continue de bloquer toutes les solutions normales. Il faudrait peut-être envisager une solution qui sorte de la normale. »

Il s’appuie sur les exemples suédois, danois et norvégien où la mise sur pied de gouvernement minoritaire ne pose pas de problème. Dans son scénario, la coalition serait constituée des familles socialistes, libérales et chrétienne-démocrate. Il leur manquerait alors 5 sièges pour obtenir la majorité : « Si elles complètent leur coalition avec la N-VA ou avec les verts, la balance va toujours pencher d’un côté ou de l’autre. Avec un gouvernement minoritaire, elles ne devront pas prendre ce risque. »

Selon Bart Eeckhout, l’idée d’un gouvernement minoritaire circule en coulisse au 16 rue de la Loi : « Tout peut changer rapidement. S’il s’avère que les élections sont la seule alternative restante à l’automne. »

Des élections sont nécessaires

De nouvelles élections en septembre. C’est d’ailleurs le sujet de l’édito de ce week-end de Dirk Hendrikx, journaliste pour la Gazet Van Antwerpen. Bart Maddens, politologue proche du mouvement flamand, et d’Alain Gerlache, chroniqueur RTBF, expliquent dans une double interview que l’on se dirige inexorablement vers les urnes.

« Ils donnent tous les deux les mêmes raisons : les partis ne sont pas arrivés à s’entendre et le monde a fondamentalement changé depuis les dernières élections. Les partis politiques doivent s’adapter à une société avec le coronavirus et à une crise socio-économique jamais vue. Ce serait bien que les partis présentent leurs solutions aux électeurs », résume Dirk Hendrikx.

Bart Maddens explique aussi qu’il faudra une majorité au Parlement fédéral pour un plan de relance accompagné d’un budget pour 2021 : « Si ça ne marche pas d’ici la fin du mois de septembre, ce qui ne sera probablement pas le cas, alors il faudra trancher et aller vers de nouvelles élections. »

Deux raisons d’être optimiste

Le quotidien De Tijd ne serait pas De Tijd s’il ne mettait pas en garde contre les conséquences économiques de la crise. La tâche qui attend les responsables s’est compliquée, explique le journaliste Bart Haeck dans son billet d’opinion : « La facture arrive. Ça devient difficile de faire des économies, surtout maintenant que la bénédiction pour une sécurité sociale forte est devenue évidente. Des taxes supplémentaires risquent d’effrayer les familles anxieuses. Par conséquent, elles vont se serrer la ceinture, ce qui va encore amplifier la récession. »

L’auteur du billet estime néanmoins qu’il existe deux raisons de ne pas sombrer dans le pessimisme. Avec l’élection d’Egbert Lachaert à la tête de l’Open Vld de ce vendredi, tous les présidents de parti sont maintenant en fonction pour les années à venir, « ce qui permettra de renforcer leur confiance mutuelle. »

Ensuite Bart Haeck considère que la Belgique est un pays figé, qui ne bouge que lorsque la pression extérieure devient immense : « Nous avons avalé les économies de Dehaene parce que nous voulions rejoindre l’euro. Le gouvernement Di Rupo a vu le jour après 541 jours – avec des économies de milliards d’euros et une sixième réforme de l’État – lorsque les taux d’intérêt des obligations de l’État belge ont atteint la zone de danger. »

Selon lui, s’il y a donc un bon côté à « la facture corona » : « elle pourrait faire bouger les choses ».

Faire bouger les choses, c’est justement ce qu’exprime avec force Liesbeth Van Impe dans la conclusion de son édito de ce week-end : « Trop is te veel, te veel is trop. La récréation est terminée, il n’y a plus d’excuses. Qui osera faire ce pour quoi il a été élu il y a un an ? »

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