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Climat : La Flandre arrivera-t-elle à se défaire de ses démons ?
31·03·21

Climat : La Flandre arrivera-t-elle à se défaire de ses démons ?

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) Pascvii via Pixabay

Bart Brinckman
Auteur⸱e
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Jusqu’où le gouvernement flamand peut-il aller pour corriger les erreurs du passé ? Il ne se passe pas une journée sans que la politique climatique du ministre-président Jan Jambon (N-VA) ne se heurte aux choix — pas tous judicieux — de ses prédécesseurs. Et le fait que tous les partis en portent une part de responsabilité (à l’exception des partis radicaux de gauche comme de droite) n’est qu’un maigre réconfort.

Une nouvelle bévue serait-elle en préparation ? C’est ce que craint une coalition inédite d’agriculteurs, d’architectes, de spécialistes de la planification du territoire et d’associations de défense de la nature. Pour tenter d’éviter l’urbanisation à tout-va de la Flandre, le gouvernement régional a décidé d’une mesure de « stop au béton » baptisée bouwschift. Dès 2040, il sera ainsi interdit de construire sur des espaces non « artificialisés ». Cette interdiction implique de dédommager les propriétaires, ce qui risque d’imposer aux communes une facture de 12 milliards d’euros.

Tôt ou tard dans une impasse

Cette indemnisation est censée faire passer la pilule et gagner du soutien. Le gouvernement flamand a déjà appliqué un raisonnement analogue dans le dossier des panneaux solaires. Et demain, une politique similaire permettra d’indemniser les éleveurs de bétail à qui on imposera de réduire leur production d’azote. Soit le gouvernement flamand décide d’« acheter » ses dossiers, soit il décide de ne pas décider, comme dans le dossier de la tarification routière. Mais dans les deux cas, tôt ou tard, il se retrouvera dans l’impasse.

Son approche pose un double problème. Quand on indemnise tout le monde, il ne reste guère de moyens pour mener une vraie politique. Et quand les pouvoirs publics se muent en grands propriétaires fonciers, ils se privent des moyens nécessaires pour investir dans la rénovation ou dans les logements sociaux. Quand ils indemnisent les propriétaires de panneaux solaires pour faire accepter l’installation de compteurs intelligents, les moyens financiers disponibles pour financer la transition énergétique sont réduits d’autant.

Effet Matthieu

De plus, cette politique oblige les citoyens « innocents » à mettre tout de même la main à la poche pour indemniser les propriétaires immobiliers, les propriétaires de panneaux solaires ou les exploitants de méga-installations d’élevage, sans en tirer aucun avantage en retour. C’est ainsi qu’en Flandre, les personnes les plus défavorisées vont subir l’effet Matthieu : « on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a ».

Le choix est cornélien : à ses administrés, le gouvernement flamand est redevable d’une sécurité juridique. Mais il ne peut pas pour autant rectifier chaque erreur du passé en imposant au passage à des innocents de mettre la main au portefeuille. Pour l’expert en énergie Ronnie Belmans, « nous pouvons soit préparer l’avenir, soit le saboter. » La politique climatique du gouvernement flamand exige un maximum de créativité, d’énergie, et surtout, de courage. Il n’est jamais trop tard pour en prendre conscience.

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