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Bart De Wever néglige-t-il Anvers ?
08·09·22

Bart De Wever néglige-t-il Anvers ?

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

NICOLAS MAETERLINCK (Belga Image)

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À Anvers, il ne se passe pas une semaine sans qu’un partenaire de coalition ne s’en prenne à un échevin en particulier, ou au collège dans son ensemble. Des sujets tels que la lutte contre la narco-criminalité, les travaux de percement des quais de l’Escaut ou encore le poème (refusé) de la ville ont suscité la polémique. À présent, la crise énergétique risque de mettre les nerfs de la coalition bourguignonne à rude épreuve, alors que les regards commencent à se tourner vers les élections de 2024. Plus que jamais, Bart De Wever (N-VA) devra ménager la chèvre et le chou, entre la présidence de son parti et son mandat de bourgmestre.

Un bref rappel s’impose. L’échevin Tom Meeuws, du parti Vooruit, et sa collègue libérale Erica Caluwaerts ont remis en question l’approche de la lutte contre la narco-criminalité. Tom Meeuws a reproché à Bart De Wever de ne pas se montrer coopératif. « Mais peut-être n’est-il pas en mesure d’organiser quelque coopération que ce soit, notamment à cause de son caractère« , lance l’échevin.

Erica Caluwaerts (Open Vld), échevine d’Anvers et avocate de profession, se joint à la critique : « Nous ne devons pas nous perdre dans un débat qui consisterait à distribuer des bons et des mauvais bulletins. Bart De Wever est un homme intelligent. Eh bien, les gens intelligents sont ceux qui ont le courage de se remettre en question« .

Diffamation

Le week-end dernier, la tension était de nouveau palpable au sein de la coalition bourguignonne. Et pour cause : Nabilla Ait Daoud (N-VA) a refusé de concéder le titre de poème de la ville aux vers écrits par Ruth Lasters. Selon Erica Caluwaerts, ce refus est une erreur. Dans les rangs de Vooruit, on partage ce point de vue.

Les affaires précitées se limitent surtout à des déclarations politiques. Mais dans un dossier en particulier, le conflit s’est invité à la table du collège des échevins. Par un vote poussif, la N-VA a fait passer l’étude de faisabilité sur le creusement d’un tunnel sous les quais de l’Escaut, à hauteur de la Suikerrui. Au grand dam de Vooruit, son partenaire de coalition. L’alliance bat-elle de l’aile à deux ans des élections communales ? Les échevins eux-mêmes prétendent le contraire. Les relations entre les uns et les autres seraient au beau fixe.

Superdiversité à Anvers : inquiétudes, richesse et nouveaux défis

En interne, cependant, Vooruit et l’Open Vld se demandent comment échapper à l’emprise de la N-VA, principal partenaire de coalition. Les élections de 2024 semblent encore lointaines, mais les partis les ont déjà clairement en ligne de mire. La législature précédente leur a appris qu’être loyal et garder ses opinions pour soi ne fait que rapporter des voix aux plus gros partenaires.

Listes électorales

En 2018, le CD&V et l’Open Vld ont vu leurs électeurs se tourner vers la N-VA. Voilà pourquoi les socialistes et les libéraux se font désormais davantage entendre au sein du débat public. L’exercice est délicat. Il faut d’un côté faire preuve de loyauté envers ses partenaires de coalition et, de l’autre, défendre publiquement l’accord de gouvernement et les positions de son propre parti.

À l’approche des scrutins, des listes électorales seront bien entendu établies. Il est fort à parier que certains candidats souhaitent déjà se positionner.

« Bart De Wever veut nationaliser les élections anversoises »

D’aucuns estiment que le bourgmestre anversois, qui brille par son absence à l’échelle communale, est à l’origine des conflits de ces dernières semaines. La présidence de la N-VA lui requiert tellement d’énergie qu’il tarde à se rendre à l’évidence : il y a un problème politique à Anvers. Pour ne rien arranger, Bart De Wever ne parvient pas non plus à jouer les médiateurs entre les échevins en cas de litige.

Dans ce contexte, des querelles éclatent au grand jour, comme celle qui a opposé Jinnih Beels à Claude Marinower, ancien échevin et actuel conseiller communal (Open Vld), à propos de subventions.

Les lourdes conséquences de la crise

Reste à savoir si Bart De Wever tiendra le coup. Après la crise sanitaire, la crise énergétique vient frapper les Anversois de plein fouet. La trésorerie de la ville sera à nouveau confrontée à des difficultés, avec des dépenses qui augmentent et des recettes qui diminuent. Durant l’épidémie, la bonne santé financière de la ville a permis de ne pas abandonner certains projets. Mais à présent, la crise énergétique et l’indexation des salaires des fonctionnaires communaux viennent s’ajouter au problème.

À l’heure où l’élaboration du budget bat son plein, il se peut que certaines ambitions doivent être revues à la baisse. Or d’éventuelles coupes budgétaires ne feraient qu’exacerber les tensions entre échevins et partenaires de coalition. D’ici les prochaines élections et dans l’optique de l’accord de gouvernement, chaque parti tentera de tirer son épingle du jeu.

Le bourgmestre, quant à lui, devra garder le cap. Il doit non seulement mener son parti jusqu’aux élections, mais aussi préserver la santé de sa ville en pleine crise énergétique, satisfaire ses partenaires de coalition et faire barrage à l’opposition. Autant dire que les deux années à venir s’annoncent particulièrement compliquées pour la coalition bourguignonne.

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