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Analyse : de « Sterke Jan » à « Jambon le Yo-yo »
14·12·21

Analyse : de « Sterke Jan » à « Jambon le Yo-yo »

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

Pixabay

Au sein de la N-VA, on regarde le ministre-président flamand, Jan Jambon (N-VA), avec de grands yeux. Il n’est pas à la hauteur des attentes, ce qui engendre frustrations et grincements de dents en interne.

Mercredi passé, Jan Jambon (N-VA), ministre-président flamand, avait appelé ses collègues à réunir un nouveau Comité de concertation, afin de décider de l’annulation des événements prévus à l’intérieur. Il avait beau arguer de son souci de ne pas submerger les hôpitaux, sa demande tenait plutôt du football panique. En effet, il faut savoir que la veille, il avait demandé de nouveaux assouplissements. Et ce jeudi-ci, il compte encore demander de nouveaux assouplissements.

Ces remous ont suscité, la semaine passée, des discussions houleuses dans un groupe WhatsApp interne de la N-VA, auquel se sont même mêlés plusieurs députés. Ils ne comprenaient pas comment le chef du gouvernement flamand pouvait dire une chose un jour, et son contraire le lendemain. En fin de compte, c’est le président du parti, Bart De Wever, qui a pris la défense de Jambon. Un geste apparemment de plus en plus fréquent.

Le brave toutou de De Wever

Après « Jambon le Yo-yo », le ministre-président doit également supporter d’être qualifié de « brave toutou de De Wever ». Les vice-premiers ministres Pierre-Yves Dermagne (PS) et Georges Gilkinet (Ecolo) l’ont ainsi accusé de convoquer un Comité de concertation à la demande de De Wever, uniquement parce que ce dernier n’osait pas annuler de son propre chef le grand événement de Saint-Nicolas au Sportpaleis d’Anvers. Bien que le cabinet de Jan Jambon réfute cette allégation, l’image reste présente dans les esprits.

Les attentes étaient pourtant élevées lorsque Jambon a pris les rênes de la formation du nouveau gouvernement en août 2019. Son prédécesseur, Geert Bourgeois, avait été « promu » député européen par la direction du parti en raison du manque de panache de sa communication, tandis que De Wever se concentrait sur son maïorat anversois et sur les négociations au niveau fédéral.

Dès l’arrivée de la N-VA dans l’opposition fédérale, la stratégie était limpide : des ténors du parti, comme Theo Francken et Peter De Roover, ont reçu pour mission de se défouler sur la Vivaldi, sachant très bien que la coalition de sept partis ne tiendrait pas le coup longtemps, avec des dossiers aussi sensibles que la réforme des pensions et la sortie du nucléaire. Entre-temps, Jan Jambon et son équipe flamande allaient continuer à diriger la Région, imperturbables, histoire de démontrer le contraste avec le bourbier fédéral. Ce plan fut mis à mal dès le départ, en raison de plusieurs déclarations malheureuses, notamment celles sur les tableaux budgétaires qu’il avait refusé de transmettre à l’opposition.

Le problème, c’est que deux ans plus tard, Jan Jambon n’a toujours pas réussi à renverser la vapeur, ce qui crée des sentiments ambigus dans le camp des nationalistes. D’un côté, la N-VA se montre compréhensive, eu égard à la difficulté de la position qu’il occupe. En effet, la crise sanitaire a coupé les ailes du gouvernement flamand, et au Comité de concertation, Jambon se heurte à des poids lourds de la trempe d’un Frank Vandenbroucke (Vooruit). Au début de la crise, la Région flamande s’est fait humilier, avec les drames dans les maisons de repos et la mauvaise gestion du tracing.

À l’époque, la N-VA envisageait encore d’essayer de gérer la crise en bonne entente avec le fédéral, car la confrontation politique aurait été mal vue. Dès lors, Jambon devait se résoudre à défendre des compromis, parfois à l’encontre des idées défendues par son parti. « C’est ce qui a créé une certaine distance entre Jan et le parti », avance un membre de la N-VA.

Mais en même temps, les nationalistes, de plus en plus stupéfaits, assistent à l’échec quasi systématique de tous les faits d’arme de Jambon, aussi bien intentionnés soient-ils. On dirait un Midas inversé : tout ce qu’il touche se transforme en plomb. Lorsqu’il demande une fermeture des événements à l’intérieur, le Comité de concertation se réunit et c’est l’enseignement flamand qui en paie les pots cassés. Et alors que Ben Weyts, ministre N-VA de l’Enseignement flamand, s’échine à vouloir garder les écoles ouvertes, Jambon déclare que la dernière semaine avant les fêtes, on ne fait de toute façon plus grand-chose en classe, si ce n’est organiser des petites fêtes de Noël.

Jambon est-il bien entouré ?

Une question revient sans cesse dans les analyses des partisans de la N-VA : Jan Jambon est-il mal entouré ? Dès son investiture, Jan Jambon a hérité de Joachim Pohlmann, porte-parole de Bart De Wever pendant des années, comme chef de cabinet à la Culture (NDT : Jan Jambon est non seulement ministre-président, mais il est également ministre de la Culture, entre autres). Pourtant, depuis l’incident aux Ultimas Awards, la remise des prix de la culture flamande, où il a été reçu à coups de lancers de tomates, cela ne lui a pas assez rapporté. Il dispose aussi d’un porte-parole solide, en la personne d’Olivier Van Raemdonck, déjà son porte-parole quand il était vice-premier ministre, mais il ne semble pas en tirer profit non plus.

Autre souci qui anime le parti : Jan Jambon aime-t-il encore ce qu’il fait ? Pour quelqu’un qui, un jour, a déclaré que la ministre-présidence était un métier de rêve, la motivation semble avoir disparu. « Parfois, on se demande vraiment s’il ne travaille pas à contrecœur », confie un député. Et un collègue du gouvernement de remarquer que Jambon « n’aime pas vraiment communiquer » et qu’il semble s’être tout simplement résigné à être perçu de manière négative.

Sur ce plan, notons que le contraste avec Zuhal Demir, l’atout actuel du parti à la Région, ne cesse de s’accentuer. Cependant, il faut reconnaître que le style de Jambon fait toujours l’unanimité au sein de l’exécutif flamand. Autour de la table, le ministre-président laisse parler toute son expérience du monde de l’entreprise, il forge des compromis et garde tout l’équipage à bord, ce qui constitue une qualité indispensable à tout chef de gouvernement. C’est d’ailleurs pour cette raison que certains membres de la N-VA regrettent qu’en dehors des conseils des ministres, Jambon n’arrive pas à marquer des points.

Son cabinet n’a pas souhaité réagir.

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