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07·12·16

Parlons l’anglais pour améliorer notre néerlandais

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(c) Pixabay

Gita Deneckere, Bruno De Wever et Antoon Vrints ont récemment écrit dans De Standaard que l’enseignement supérieur était axé sur l’enrichissement intellectuel, l’échange d’idées au plus niveau, le libre arbitre et le travail. Je partage entièrement cette vision. J’ai en revanche beaucoup de mal à adhérer au postulat que « cela doit se faire dans la langue maternelle, ou au moins dans la langue des études secondaires ».

En tant qu’immigrée en Belgique depuis mes 21 ans, et en tant qu’historienne dans plusieurs universités belges depuis 2001, j’ai une tout autre conception de la langue. Mon expérience de vie à Bruxelles, ville éminemment multilingue, avec un enfant bilingue, m’incite également à relativiser le concept de « langue maternelle ». Non pas que je trouve inutile que mon fils parle l’espagnol : je le pratique avec lui depuis sa naissance. Mais en raison de la domination du néerlandais à la maison et à l’école, l’espagnol n’est pas sa langue « forte ». Les études sur le multilinguisme ne parlent d’ailleurs plus de langue maternelle, mais de première ou de deuxième langue.

Dans sa réponse au billet d’opinion de nos collègues gantois, Filip Vermeylen dit comprendre le point de vue défendu, car « l’histoire est par définition une discipline où la langue maternelle occupe une place prépondérante ». Il est évident que la connaissance du néerlandais est essentielle pour des étudiants en histoire, au même titre d’ailleurs que pour les professeurs actifs dans les universités flamandes. C’est également la raison pour laquelle le néerlandais scientifique a été intégré au programme, et le fondement de l’obligation, pour les professeurs étrangers, d’apprendre le néerlandais pour briguer un poste de permanent. Les professeurs d’université qui migrent en Belgique doivent donc bel et bien apprendre le néerlandais, et il faut s’en réjouir. Pour ma part, je vois cette obligation comme un enrichissement intellectuel, et non comme une énième tracasserie imposée par les autorités académiques. De façon analogue, il est à espérer que nos étudiants et nos confrères perçoivent l’arrivée de cours et de programmes de Master dispensés en anglais comme un atout et non comme une menace.

Le multilinguisme au plus haut niveau ne conduit pas seulement à l’accès à de nouveaux supports d’archives et à la découverte de visions jusqu’alors inexplorées dans la littérature scientifique, mais également à une réflexion plus approfondie sur sa propre langue. C’est justement parce qu’ils ne coulent pas de source que les cours et les devoirs dans une autre langue encouragent le recours aux grammaires et aux dictionnaires et stimulent un rapport plus étroit à la langue, non seulement dans le chef des étudiants, mais aussi des enseignants. Depuis le début de ma carrière académique, je fais systématiquement relire mes textes en anglais, en français et en néerlandais, mais aussi les articles en espagnol que je souhaite publier ou présenter. Les langues sont complexes, les langues évoluent, et elles demandent à ce titre une remise en question et un feed-back permanents. L’acceptation de la critique constructive est une compétence en soi, que tous devraient maîtriser, étudiants comme enseignants.

Je ne crois pas que recourir davantage à l’anglais dans nos formations conduira à un appauvrissement du néerlandais. Au contraire, le multilinguisme en améliorera l’usage. Tout dépend de l’approche qu’adopteront les autorités académiques face à cette nouvelle tendance. Donner et suivre des cours dans plusieurs langues exige un effort, que les enseignants et les étudiants doivent être prêts à consentir, ne serait-ce que pour obtenir le soutien nécessaire. Nous disposons à cet égard de nombreux outils qui peuvent nous aider à nous améliorer. Personnellement, je me fais chaque jour une joie de les utiliser.

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