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Vu de Flandre : Zemmour, bien plus qu’une mode passagère
02·12·21

Vu de Flandre : Zemmour, bien plus qu’une mode passagère

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Pixabay License

Bart Eeckhout
Auteur
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Zemmour n’a pas besoin d’accéder à la présidence pour que ses idées soient normalisées. Les exemples de Geert Wilders aux Pays-Bas ou de Filip Dewinter chez nous l’ont suffisamment démontré.

Le polémiste de droite radicale, officiellement candidat aux présidentielles françaises depuis ce mardi, est-il en passe de devenir le Trump « européen » ? Il est trop tôt pour faire des prévisions fiables. Tout commentateur qui penserait qu’il n’a aucune chance ou que la victoire est à sa portée risque de se faire démentir par une campagne qui n’a pas encore débuté.

Obsédé par son image médiatique

Cependant, il n’est pas interdit de relever d’ores et déjà quelques similitudes entre les deux hommes. Le premier parallèle, superficiel mais important, réside dans l’attention excessive portée au candidat par les médias. Cette attention révèle un mélange paradoxal de sous-estimation et de fascination. La sous-estimation se lit dans les analyses qui font de Zemmour, comme de Trump à l’époque, un pion susceptible de mettre hors circuit des candidats « plus sérieux » à droite, c’est-à-dire Marine Le Pen et tous les Républicains possibles. La fascination, elle, s’exprime vis-à-vis de la soif insatiable du candidat Zemmour de paraître dans les médias.

Même sans parti derrière lui, Zemmour a réussi à se hisser au rang de challenger crédible, et ce, contrairement à tous les candidats de gauche, qu’ils soient rouge foncé, rouges ou verts. Bien sûr, certains se réjouiront de la concurrence sanglante que se livrent les partis de droite en France, mais il n’en demeure pas moins que pour un progressiste, rien n’est plus déprimant que les chiffres de tous les partis de gauche réunis dans les sondages chez nos voisins du sud.

Théorie du grand remplacement et instrumentalisation de la peur

Trump et Zemmour partagent d’autres points communs, plus profonds et plus inquiétants. Avec beaucoup de talent, ils ont ancré bien profondément et à grande échelle un sentiment de peur : les électeurs craignent de perdre leur statut et de se faire remplacer culturellement. Pour instiller cette peur, ils recourent à un savant mélange de racisme à peine dissimulé et de nostalgie nationaliste. L’islamophobie assumée de Zemmour lui octroie même un avantage concurrentiel sur Le Pen, qui a pris la peine de se rendre plus fréquentable.

La mode Zemmour est bien plus qu’un caprice passager. Il est très difficile de s’imaginer ce qu’il se passerait si les clés d’un pays central de l’UE se retrouvaient dans les mains d’un isolationniste d’extrême droite. La fin de l’UE serait soudainement envisageable, et dès lors, tout deviendrait envisageable. La société risquerait de se polariser de manière encore plus dangereuse, avec un président qui normalise le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme (car même si Zemmour est juif, cela ne l’a pas empêché de défendre le régime collaborationniste de Vichy).

Une banalisation des idées d’extrême droite

Le pire, c’est que Zemmour ne doit même pas devenir président pour normaliser ses idées. C’est ce qu’ont permis de comprendre les exemples de Geert Wilders aux Pays-Bas et de Filip Dewinter et ses semblables en Belgique. Même lorsque les voix de la droite radicale, extrême ou populiste s’expriment depuis l’opposition, leurs répercussions sur la politique et sur la société sont bel et bien tangibles. Pour s’en convaincre, il suffit de s’intéresser au sort des candidats réfugiés qui sont en train de mourir de froid devant les portes fermées du Petit-Château parce que même les politiciens de centre-droite n’osent plus leur accorder les soins les plus élémentaires.

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