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06·02·17

Vue de Flandre: «Pauvre Fillon? Pauvre con, oui!»

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) PDP

Nos élus ont un devoir d’intégrité. Quand ils arrosent copieusement leur femme et leurs enfants sur le compte de l’État, pour des services « douteux », ils manquent clairement à ce devoir.

Est-il donc si difficile, pour un élu politique, de se contenter de ce à quoi il a droit ? De ne pas aller trifouiller à sa guise dans les caisses de l’État dont les citoyens lui ont confié les clés ? N’y a-t-il donc rien à faire contre cette tentation de faire profiter ses proches de ce que l’on a acquis sur le compte d’autrui ? Est-il vraiment trop demander à un élu à l’apparence toujours impeccable de l’être aussi sur le plan moral ? Ou pour reprendre cette savoureuse expression de chez nous : de lui demander d’être « propre sur lui », aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur ? La réponse est : oui, hélas, c’est trop demander.

Prenez François Fillon, candidat des Républicains, considéré jusqu’il y a peu comme un homme immaculé et irréprochable, et donc comme le président tout désigné. Un président certes un brin ennuyeux. Un rien gris. Mais un président solide. Intelligent. Paternel. Conséquent. Intègre.

Jusqu’à ce que ce futur président soit pris dans sa propre toile, tissée de demi-vérités et de vilains mensonges. Menteur, voilà le qualificatif qu’on lui prête aujourd’hui le plus volontiers. Plus souvent encore, on le dépeint comme un voleur, un escroc, un scélérat, un hypocrite. L’homme a versé à sa femme Pénélope, in tempore non suspecto, la modique somme de 900 000 € pour des services à la pertinence douteuse – lui apporter son courrier, lui repasser ses chemises, c’est-à-dire en gros, lui rendre la vie plus agréable. Madame Fillon reconnaît d’ailleurs qu’elle n’a jamais rien fait de plus que des millions d’autres épouses dévouées, mais qui n’ont quant à elles jamais empoché le moindre centime : entretenir le ménage, éduquer les enfants dans le respect des valeurs et la vertu, et soutenir la brillante carrière de son petit mari chéri. Et pour comble de malheur, l’homme en a profité pour donner un peu d’argent de poche à ses deux enfants, Charles et Marie. Pour des missions de consultance, nous explique-t-on, alors qu’ils étaient, pour ainsi dire, à peine sortis de l’école primaire.

Alors comment ça, pauvre Fillon ? Pauvre con, oui !

Vous me trouvez trop dur ? Sans pitié ? J’assume mes propos. Quiconque se rend coupable de tels actes de népotisme, en France ou ailleurs, connaît d’avance les critiques auxquelles il s’expose, quand bien même ces dépenses publiques correspondraient à un véritable service rendu, ce qui n’est absolument pas le cas ici. Adieu, monsieur Fillon ? Cette conclusion est prématurée : s’il décide de se présenter aux électeurs, l’homme n’a pas encore perdu toute chance de devenir le prochain président de la République. Mais les sondages indiquent que le favori à présent, c’est Emmanuel Macron (39). Profil ? Mi-banquier, mi-politicien, mi-libéral de gauche, mi-bleu mer, mi-vert pomme. Statut ? Sans parti.

Dans un pays où les valeurs socialistes et républicaines sont si fortement ancrées, il faut quand même le faire. Il fait penser à ce titre à Trump, loup solitaire par essence, qui n’avait de Républicain que l’étiquette. Si les partis traditionnels se demandent encore, de Washington à Paris en passant par Bruxelles, pourquoi plus un chat ne leur fait confiance, qu’ils analysent, dans ce contexte, le capital crédibilité de Hillary, François, Elio et les autres. La particratie, telle que nous la connaissons, trouble, à bout de souffle, impuissante, impotente, a fait son temps.

Et cela nous ramène à cette même question rhétorique, déjà tant de fois énoncée : faut-il vraiment s’étonner que les électeurs se réfugient dans les bras de Donald Trump et consorts ?

Ndt – l’italique indique les passages en français dans le texte original.

 

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