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Une visite officielle au Congo qui ne doit pas prendre des airs de propagande électorale
08·06·22

Une visite officielle au Congo qui ne doit pas prendre des airs de propagande électorale

Sandrine Ekofo est collaboratrice politique pour le Congo et l’Afrique centrale chez l’ONG Broederlijk Delen.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Belga (BENOIT DOPPAGNE)

Auteure
Maxime Kinique
Traducteur Maxime Kinique

Pour la première fois depuis douze ans, un couple royal belge se rendra au Congo. La délégation du roi Philippe est en effet attendue à Kinshasa, Lubumbashi et Bukavu. Autant de villes où notre souverain ne pourra pas se contenter de rencontrer des politiciens de premier plan et des célébrités locales, mais où il devra également tendre l’oreille vers le.la Congolais.e lambda.

Du 7 au 13 juin, le couple royal effectuera une visite au Congo, accompagné du Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld), de la ministre de la Coopération au développement Meryame Kitir (Vooruit) et du secrétaire d’État à la Politique scientifique Thomas Dermine (PS). La dernière visite royale au Congo remonte à 2010, à l’occasion des célébrations dans le cadre du cinquantième anniversaire de l’indépendance du pays, événement pour lequel le roi Albert II et la reine Paola avaient répondu présent à l’invitation du président congolais de l’époque, Joseph Kabila.

Fraude électorale

La visite de notre actuel souverain se déroulera elle aussi dans un climat de tension. 2023 est une année électorale au Congo et la visite d’une délégation belge de haut niveau pourrait être interprétée par le gouvernement en place comme une marque de soutien de la Belgique au président Félix Tshisekedi. Ce dernier doit néanmoins sa position actuelle à une fraude électorale, ce que n’ignorent ni la Belgique, ni le reste de la communauté internationale. Au sein de la population congolaise, cette situation suscite d’ailleurs un vif mécontentement.

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La délégation belge est également attendue au Kivu, dans l’est du pays, pour une visite qui n’a rien d’anecdotique étant donné que cette région est en guerre depuis plus de 25 ans et qu’elle subit en ce moment même un énième regain de violence.

« Le Roi se doit également d’écouter le monde associatif et les Congolais ordinaires. »

On ne peut qu’espérer que le roi et la reine ne se contenteront pas de s’entretenir avec le Dr Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix, mais qu’ils profiteront également de l’occasion pour écouter le témoignage de femmes qui ont été violées par des rebelles armés et d’hommes et d’enfants qui n’aspirent qu’à une chose : la paix.

Vu son statut de chef de l’État belge, le roi ne peut pas se limiter à des entretiens avec le président Tshisekedi, des politiciens haut placés ou des célébrités locales. Il se doit également d’écouter le monde associatif et les Congolais ordinaires, et en particulier les associations qui représentent les intérêts des jeunes et des femmes. C’est une bonne chose que le roi montre de l’intérêt pour le Congo et veuille découvrir le pays, mais la proximité des élections et les difficultés auxquelles est confronté le régime congolais ne doivent pas donner à la visite de notre souverain des airs de propagande électorale pour le régime de Tshisekedi.

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L’enjeu de ce voyage ne peut pas se limiter au renforcement des liens avec les autorités congolaises et à la préservation des intérêts géopolitiques et économiques de la Belgique. L’objectif prioritaire de la délégation belge doit être de contribuer à améliorer les conditions de vie d’un peuple qui, malgré l’énorme richesse du Congo, continue de faire partie des plus pauvres du monde. D’un point de vue moral, c’est la seule approche qui porte ses fruits.

 

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