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Une taxe sur les chiens ? Un emmerdement pour l’humain, le chien et la société
25·02·22

Une taxe sur les chiens ? Un emmerdement pour l’humain, le chien et la société

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

Pixabay

Auteure

Les chiens sont-ils un fléau pour la société et pour l’environnement ? Pour Joni Delanoeije, titulaire d’un master en éthologie et d’un doctorat en sciences commerciales, ils contribuent à notre bien-être collectif.

Étant donné que les chiens coûtent à la collectivité, il revient à leurs propriétaires d’assumer ces coûts. Ce raisonnement, aussi logique puisse-t-il paraître, ne se base sur aucune étude scientifique sur l’impact économique, sociétal et écologique des chiens sur l’être humain et sur la société. Par contre, les études démontrent que le bien-être de l’homme, des animaux et de l’environnement sont interdépendants, et qu’il convient d’étudier le bien-être sous un angle holistique.

L’analyse coût-bénéfice de la possession d’un chien est-elle négative ? Il est vrai que les chiens peuvent engendrer des coûts (en cas de morsure, par exemple), mais le secteur des animaux de compagnie connaît une certaine prospérité économique, qui alimente les caisses de l’État grâce aux taxes sur le matériel canin ou sur les frais de soin de santé des animaux, qui ne sont pas remboursés par la sécurité sociale.

Les propriétaires de chiens sont en outre moins souvent hospitalisés, ils ont besoin de moins de soins de santé mentale et sont plus actifs physiquement. Et de surcroît, les chiens semblent attirer davantage notre attention, ce qui contribue à réduire l’addiction aux écrans. Ces bénéfices, dans un État-providence tel que le nôtre, ne profitent pas qu’aux propriétaires de chiens.

Un bienfait pour tout le quartier

Mais les avantages des chiens ne sont pas qu’économiques. Les études établissent que les quartiers comptant le plus de chiens connaissent une croissance du capital social des habitants et une meilleure cohésion sociale. Pour s’en persuader, il suffit de s’asseoir sur un banc près d’un espace réservé aux chiens : vous y serez surpris du nombre d’histoires que se racontent les gens.

Sigmund Freud l’avait déjà remarqué lors de ses séances de thérapie, qu’il donnait en présence de son chien. Pendant la pandémie aussi, nous avons pu constater toute la gamme des effets positifs qu’entraîne la possession d’un chien. Par exemple, les chiens réduisent les risques liés au télétravail, comme la solitude et le manque d’activité physique. Puis, ils offrent aux gens, y compris aux
non-propriétaires de chiens, une manière de rester en contact avec le monde réel.

Mais ce n’est pas tout : les personnes les plus vulnérables trouvent aussi dans le contact avec les animaux un moyen bon marché d’éviter des problèmes de bien-être. Il n’est pas étonnant que les animaux deviennent de plus en plus populaires en dehors du monde de la psychothérapie. Nous assistons, par exemple, à l’apparition de bureaux, de campus universitaires et d’hôpitaux chiens admis.

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Mais qu’en est-il de l’empreinte écologique des chiens ? Il est vrai que le meilleur ami de l’homme, comme tout être vivant, a un impact sur l’environnement. Cependant, il convient de nuancer les rares recherches sur le sujet, dans la mesure où elles ne tiennent pas compte des changements positifs d’attitude vis-à-vis de la nature et de l’être humain engendrés par les chiens.

Les chiens permettent d’atténuer les désavantages du télétravail

En effet, en faisant preuve d’empathie et en se souciant de notre environnement direct, nous nous comportons de manière respectueuse de la nature. Nous décelons aussi d’autres effets positifs sur l’organisation du travail, comme le démontrent nos recherches récentes : les chiens permettent d’atténuer les désavantages du télétravail, comme nous l’avons mentionné plus haut, ce
qui stimule les formes de travail plus écologiques.

De plus, il arrive souvent que les chiens représentent, pour leurs maîtres, un moyen de compenser l’absence d’enfants. Parfois même, la possession d’un chien pousse certains couples à reporter à plus tard leurs désirs de parentalité. Cette réalité, aussi contestable soit- elle sur le plan éthique, n’en demeure pas moins une donnée dont les études actuelles ne tiennent pas compte.

Les experts en développement durable émettent parfois des commentaires pour le moins tranchés sur l’optimisation de la nourriture pour animaux et sur la limitation des libertés des animaux. Ces questions complexes devraient plutôt être étudiées par les spécialistes en diététique ou en comportement animal, qui connaissent mieux les besoins biologiques des chiens.

Les dernières évolutions, comme l’utilisation d’insectes comme source de protéines pour les chiens, ou les Objectifs de développement durables (ODD) des Nations unies, qui analysent l’utilisation de l’espace public par les animaux de compagnie, mériteraient aussi leur voix au chapitre, mais ils restent à la traîne dans le débat.

Le principe du pollueur-payeur

Le potentiel des chiens ne peut être utilisé dans son intégralité que si la société met en place des conditions adéquates. Il faut apprendre aux propriétaires de chiens à éduquer leur chien et à respecter l’environnement, mais il faut aussi créer un espace public qui réponde aux besoins des chiens. Les mesures répressives telles que les laisses courtes, les amendes pour déjections canines et les taxes sur les chiens ne sont que des emplâtres sur des jambes de bois. Ce qui manque actuellement, c’est l’éducation des propriétaires et un espace public permettant une interaction positive entre l’humain et le chien. Peut-on considérer comme une bonne politique le fait d’autoriser la possession de chiens sans créer d’environnement répondant à leurs besoins ?

Une taxation juste se base sur le principe du pollueur-payeur. Toutefois, le chien ne pollue peut-être pas autant qu’on pourrait le croire à première vue. Il existe bel et bien une alternative. Nous savons que de nombreux coûts liés aux chiens sont dus à un manque d’éducation des maîtres, et au fait que les chiens soient disponibles comme des marchandises fournies par des sociétés à but lucratif.

Si le pollueur doit payer, ces sociétés doivent aussi pouvoir contribuer à l’effort de manière équitable. Les chiens, qui, à cause d’une socialisation défectueuse, ont du mal à s’adapter à notre système, engendrent des coûts conséquents pour la société et constituent un fameux casse-tête pour de nombreux citoyens. Dans ce cas, une taxe canine sur lesdites sociétés rapporterait plus que nous ne le pensons.

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