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25·06·19

Sexisme et homophobie : les victimes ne sont pas responsables

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) Michele C. 

Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Johan Leman, docteur en anthropologie (KUL), est l’ancien directeur du Centre pour l’égalité des chances. Ses déclarations de samedi dans De Standaard ont suscité l’indignation. Politiques, journalistes, éditorialistes et citoyens se sont montrés à la fois étonnés et en colère. Selon Leman, les homosexuels et les femmes en jupes courtes doivent éviter toute attitude trop provocatrice dans certains quartiers bruxellois.

Johan Leman est connu pour ses prises de position tranchées. Ses propos n’avaient pas pour objectif de légitimer la discrimination, l’homophobie ou le sexisme. Il s’agit plutôt d’un plaidoyer en faveur du pragmatisme et d’un avertissement face à la polarisation. Bruno De Lille, écologiste bruxellois concerné par le sujet et au-delà de tout soupçon, l’a bien compris : il vaut mieux travailler avec précaution au changement des mentalités que de forcer les choses et récolter l’inverse de ce que l’on a semé.

Il n’en demeure pas moins que les propos de Leman sont inacceptables. On ne peut pas demander aux femmes de s’habiller plus chastement qu’elles le voudraient dans la capitale de leur propre pays. Et conseiller aux femmes, comme le fait Leman, de ne pas provoquer les réactions hostiles, c’est le monde à l’envers. La responsabilité du sexisme ne doit en aucun cas reposer sur les épaules de la victime. Pourquoi les femmes devraient-elles accepter le sexisme à Molenbeek alors que c’est inacceptable ailleurs ? Il en va de même pour les conseils aux homosexuels de tâter le terrain pour voir jusqu’où ils peuvent aller. Cela reviendrait à accepter qu’à Molenbeek, on aurait moins de droits qu’ailleurs en Belgique, et donc à nier le caractère universel des droits humains.

Autre conseil étonnant de M. Leman : les Flamands progressistes ne devraient pas aller vivre à Molenbeek. Si la diversité est un atout, cela vaut pour tout le monde. Leman appelle « toute personne venant habiter ici à rendre les choses meilleures » tout en supposant que les Flamands progressistes n’y seraient pas encore prêts. Vous avez dit paradoxe ?

Johan Leman est probablement plein de bonnes intentions. « Nous aussi, nous voulons que les femmes puissent circuler où elles le veulent, habillées comme elles l’entendent, et que l’homosexualité soit acceptée partout », précise-t-il dans la même interview. Pourtant, ses propos témoignent d’une mentalité pour le moins étrange : pour certaines raisons, l’intolérable deviendrait plus tolérable en certains lieux qu’en d’autres. Il en va d’ailleurs de même pour Bernard Clerfayt (DéFI), bourgmestre de Schaerbeek, qui ne se sent que modérément concerné par l’insécurité routière qui a coûté la vie à une journaliste de notre journal. Ou pour la bourgmestre de Molenbeek, Catherine Moureaux (PS), qui a minimisé les émeutes de la Saint-Sylvestre dans sa commune en les qualifiant de « fête des jeunes ».

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