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Refuser les étudiants russes : la mauvaise idée du ministre flamand Ben Weyts
10·03·22

Refuser les étudiants russes : la mauvaise idée du ministre flamand Ben Weyts

Bart Eeckhout est le rédacteur en chef du quotidien De Morgen.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

Photo by Elena Mozhvilo on Unsplash

Bart Eeckhout
Auteur
Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Après deux semaines de guerre aux portes de l’Union européenne, les politiques en sont déjà revenus à leurs petites guéguerres quotidiennes. C’est décourageant.

Les demandes de bourses introduites par les étudiants russes en Flandre seront dorénavant rejetées, a fait savoir Ben Weyts (N-VA), le ministre flamand de l’Enseignement. Par cette mesure, il entend exprimer son soutien au peuple ukrainien et « faire comprendre à la Russie que nous désapprouvons la violation flagrante de la souveraineté ukrainienne. »

Incroyable ! Vladimir Poutine risque bien de ne jamais s’en remettre. Maintenant, c’est sûr : le retrait des troupes russes du territoire ukrainien n’est plus qu’une question d’heures ou de jours.

Il vaut mieux en rire, évidemment, tant l’actualité de ces derniers jours a entamé notre sens de l’humour. Il faut dire que la décision de Ben Weyts est tout sauf bien réfléchie. Ce qu’elle provoquera – à considérer qu’elle ait quelque effet que ce soit – ne pourra être que contreproductif. En effet, tout étudiant invité chez nous échapperait à l’ambiance vindicative et délétère qui règne dans son pays natal.

Certes, il ne faut pas être naïf, car les risques d’espionnage sont réels, mais de là à considérer chaque Russe qui met les pieds en Europe comme un potentiel agent provocateur de Poutine, il y a un pas à ne pas franchir. Bien au contraire, les programmes d’échange sont justement de nature à réconcilier les peuples et à susciter la compréhension mutuelle. Ce n’est pas négligeable, en temps d’escalade militaire.

Une guerre économique peut avoir des répercussions militaires

La petite idée du ministre Weyts n’est cependant pas isolée. Les chaînes de propagande russes sont censurées. Des concerts, spectacles et expositions sont annulés partout en Europe occidentale lorsqu’un Russe est à l’affiche. Des chefs d’orchestre et des pilotes automobiles sont priés de renier le Kremlin sous peine de perdre leurs contrats.

Tout ça comme si, primo, cela ne mettait pas leur vie en danger, et secundo, comme si notre état de droit libéral ne se distinguait pas des régimes autocratiques par la liberté d’opinion, justement.

Tout ceci ne fait vraiment pas honneur à notre société ouverte et libre. Même d’anciens maîtres, comme Tchaïkovski ou Malevitch, doivent succomber aux sirènes bien-pensantes de la cancel culture.

Mais pourquoi donc ? Ces tentatives désespérées d’afficher sa solidarité peuvent mal tourner, ne serait-ce que parce qu’une population russe humiliée aura tendance à suivre un président belliqueux et hostile à l’Occident.

Plutôt que d’essayer de briller par ce genre de non-politiques, nos politiciens seraient mieux inspirés de se concentrer sur ce qui aide réellement, même si cela se révèle plus difficile, évidemment.

Refuser des étudiants russes tout en négociant en catimini une exception des sanctions pour le secteur du diamant, on ne peut pas dire que cela soit très cohérent.

Un peu comme les lamentations du président de la N-VA, qui se plaint du manque de places d’accueil pour les réfugiés alors que c’est un secrétaire d’État N-VA qui, dans le gouvernement précédent, s’échinait à supprimer un maximum de places d’accueil.

Voilà donc comment nos politiques, après deux semaines de guerre aux portes de l’Union européenne, en sont revenus à leurs guéguerres quotidiennes. Autant dire que nous sommes en droit de nous décourager.

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