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Revenus pour les réfugiés ukrainiens : un imbroglio administratif
18·03·22

Revenus pour les réfugiés ukrainiens : un imbroglio administratif

Isolde Van den Eynde est journaliste politique au quotidien Het Laatste Nieuws.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Photo by Tina Hartung on Unsplash

Sammy Mahdi (CD&V) en est tout retourné. « On s’est tout de suite mis à parler revenu d’intégration, alors que des mères et des enfants arrivent dans notre pays », a-t-il déclaré la semaine dernière dans l’émission De Afspraak. « On », c’est Bart De Wever (N-VA). Le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration venait d’être confronté à la misère des réfugiés ukrainiens en Pologne. Il parlait avec son cœur, son sens de la charité.

Mais depuis lors, la question du revenu d’intégration sociale fait rage : le ministre aurait mieux fait de ne pas la mettre sous le tapis trop tôt. Parmi tous les gouvernements que compte ce pays, pas un seul n’a vraiment, à ce stade, été en mesure d’apporter une réponse à la question du revenu d’intégration destiné aux réfugiés ukrainiens. Se verront-ils accorder une prestation minorée ? Devront-ils renoncer à toute allocation ? Ou recevront-ils seulement de l’argent de poche s’ils sont hébergés gratuitement ?

La Belgique compte actuellement près de 10 000 réfugiés ukrainiens. En décidant d’accorder immédiatement à ces réfugiés une reconnaissance et un statut de protection, on leur ouvre également l’accès à notre système de sécurité sociale. Ils peuvent ainsi bénéficier d’un revenu d’intégration lorsqu’ils sont sans emploi. Et de toute évidence, ils ne trouveront pas du travail tout de suite.

Par ailleurs, les autorités organisent l’hébergement des Ukrainiens qui ont signalé leur arrivée en Belgique. Il serait en effet impensable de les abandonner à leur sort dans un pays qu’ils connaissent à peine. Mais cette combinaison de prestations donne désormais du fil à retordre aux responsables politiques.

Crise de l’asile: les politiques ne peuvent pas fuir leurs responsabilités

Les Ukrainiens peuvent-ils bénéficier à la fois d’un logement gratuit et d’un revenu d’intégration ? Est-ce bien juste ? Pas vis-à-vis des Flamands qui doivent se contenter de ce revenu sans bénéficier d’un hébergement gratuit. Ni vis-à-vis des autres réfugiés, qui ne touchent pas non plus ces aides. Les responsables politiques trouvent dans le grand élan de solidarité qui pousse les Belges à aider les Ukrainiens un important soutien auquel ils n’entendent pas renoncer.

Quo vadis ? En échange de l’hébergement gratuit, le gouvernement flamand souhaite percevoir une indemnisation de la part des Ukrainiens, qui touchent eux-mêmes un revenu d’intégration sur les deniers de l’État fédéral. On peut féliciter le nationaliste flamand Matthias Diependaele pour la manœuvre : la Flandre profite ainsi d’un transfert de fonds fédéraux.

Et quid du gouvernement fédéral ? Après la N-VA, l’Open Vld a également jeté un pavé dans la mare en demandant que les prestations soient revues à la baisse. Sammy Mahdi lui a emboîté le pas, hier, en affirmant qu’il ne saurait être question d’accorder aux réfugiés à la fois un hébergement gratuit et un revenu d’intégration. Du côté de Vooruit, on évite de faire trop de bruit, mais les socialistes flamands préféreraient eux aussi trouver que la solution retenue soit équitable.

« À ce rythme, les revenus accordés aux Ukrainiens tiendront bientôt du patchwork. »

Désormais, les responsables et les gouvernements de tous bords se renvoient la balle. Quand aux autorités locales, elles se retrouvent livrées à elles-mêmes, comme d’habitude. C’est à elles qu’il appartient de décider des montants qu’elles souhaitent accorder.

À ce rythme, les revenus accordés aux Ukrainiens tiendront bientôt du patchwork. La situation pourrait donc être meilleure à Gand qu’à Anvers — et ce ne sont pas que les Gantois qui le disent.

Sammy Mahdi a voulu prendre les devants, mais son initiative s’est retournée contre la Flandre. Les réunions sur l’Ukraine organisées chaque semaine entre le Premier ministre et les ministres-présidents n’ont pas encore permis de résoudre le problème.

Ce n’est pas la première fois que nos gouvernants s’empêtrent dans un imbroglio administratif dont il est difficile de sortir. Et ce n’est pas la première fois qu’une telle situation nous fait tourner en rond en temps de crise.

Quelle sera la suite ? C’est à Karine Lalieux, l’expérimentée ministre PS des Pensions et de l’Intégration sociale qu’il revient de démêler l’écheveau. Au grand dam des Flamands de la coalition Vivaldi, qui craignent qu’elle n’augmente le revenu d’intégration de 30 %.

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