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Qui était Paula D’Hondt, pionnière de la lutte contre le racisme en Belgique?
25·11·22

Qui était Paula D’Hondt, pionnière de la lutte contre le racisme en Belgique?

Kris Vanmarsenille est la rédactrice en chef du quotidien Gazet van Antwerpen.

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

BELGA

Guilhem Lejeune
Traducteur Guilhem Lejeune

Au sein de la rédaction, le constat s’est imposé lors de l’annonce du décès, à 96 ans, de Paula D’Hondt : toute une génération ne sait rien d’elle et ne connaît donc pas son héritage. Il s’agit de la génération qui trouve parfaitement normal que, dans ce pays, les nouveaux arrivants suivent des cours de néerlandais, et qu’il existe un centre de lutte contre le racisme. Une évidence, pour les trentenaires d’aujourd’hui. Mais ce ne l’aurait peut-être pas été sans Paula d’Hondt.

La soixantaine largement entamée, elle était pourtant encore bien verte lorsqu’elle fut nommée Commissaire royale à l’Immigration. « L’idée, c’était que je lève le pied et, surtout, que je me tienne tranquille », avait-elle déclaré au sujet de ce mandat. « Mais je n’y suis pas parvenue. » Il faut dire que la tâche était immense. Car il n’existait tout simplement pas de politique de l’immigration dans la Belgique des années quatre-vingt. Du fait de la succession des crises économiques, le taux de chômage s’établissait à un niveau sans précédent et la situation des migrants s’en trouvait fragilisée. Le Vlaams Blok améliorait son score élection après élection, à grand renfort de slogans du type « Notre peuple d’abord » et « Qu’ils rentrent chez eux ». Partout, le racisme gagnait du terrain.

Pourtant, la sphère politique ne s’intéressait guère à ce sujet. « Le rythme des réunions a ralenti et, au fil du temps, plus personne ne s’y rend : je me retrouve chaque mois avec les dames qui servent le café », déclarait-elle dans un entretien à De Morgen en 1990. Mais Paula d’Hondt persévéra. Elle se rendit dans des centaines d’écoles, d’entreprises, d’associations et d’institutions, et rédigea un rapport de trois mille pages formulant des recommandations ayant vocation à déboucher sur une politique de l’immigration digne de ce nom, fondée sur l’égalité des chances et des obligations. La nervosité s’empara alors du Vlaams Blok. Paula D’Hondt fut menacée à plusieurs reprises, jusque dans son domicile. Elle vécut sous protection policière pendant toute une période. Mais tout cela ne la fit pas taire : « Leur message est très simple : les Flamands d’abord et les autres dehors. C’est au ras des pâquerettes. Mais pour le reste, le Blok ne propose absolument rien. »

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Au terme de son mandat, en 1993, son proche collaborateur fut nommé directeur du nouveau Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme. Peu à peu, tous les partis politiques se mirent à comprendre à quel point Paula D’Hondt avait raison, et l’élaboration d’une véritable politique de l’immigration put commencer.

Bien que toutes ses propositions ne se soient pas avérées viables, que des bévues aient souvent été commises et que les crises de l’asile posent désormais des défis inédits, personne ne peut nier que le combat de Paula D’Hondt a entraîné de profondes mutations sociales.

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