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23·05·17

Pour ou contre : faut-il bâillonner la N-VA ?

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Page Facebook de Theo Francken

L’annulation de plusieurs conférences du secrétaire d’État Theo Francken (N-VA) rallume le débat sur la liberté d’expression. Lors d’une conférence donnée à la VUB (Université libre flamande de Bruxelles), des manifestants ont entravé l’accès à la salle. « Nous nous félicitons de l’annulation de cette conférence », indique Vincent Cornil, directeur du MRAX, (Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie). « Restreindre le droit à la parole du secrétaire d’État n’est pas approprié », réagit pour sa part Dirk Jacobs, professeur de sociologie à l’ULB.

POUR (VINCENT CORNIL, DIRECTEUR DU MRAX)

« Nous nous félicitons de l’annulation de la conférence de Theo Francken à la VUB », indique Vincent Cornil, directeur du MRAX.

Son organisation, une ONG qui reçoit des subsides de la Communauté française, soutient le boycott des conférences du secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Theo Francken, camarade de parti du ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA).

« Nous souhaitons empêcher autant que possible la dissémination d’idées d’extrême droite telles que celles de Jan Jambon », précise Vincent Cornil. « Francken prend non seulement des mesures inspirées d’un programme politique d’extrême droite, mais il criminalise en plus les migrants dans ses interventions, dans l’espoir de s’attirer les faveurs des électeurs du Vlaams Belang. »

Le MRAX proteste contre la politique d’asile du secrétaire d’État depuis sa nomination. Le mouvement juge notamment la traque des sans-papiers et les expulsions collectives inacceptables.

« Nous devons constituer un Front démocratique pour nous opposer aux idées répressives ainsi qu’à celles qui en découlent. Non pas pour la beauté du geste, mais parce que les mesures de politiques tels que Theo Francken et Jan Jambon ont un réel impact sur la vie de milliers de personnes en Belgique. »

« Francken invoque sa légitimité démocratique. Il a certes été élu et dispose de ce fait, sur le plan procédural, d’une légitimité démocratique. Or la démocratie se caractérise avant tout par des valeurs telles que le respect de la dignité humaine, la liberté et l’égalité. Autant de valeurs bafouées par Francken, ce qui me conduit à penser que, sur ce plan, nous n’avons pas affaire à un démocrate. »

Le fait que la rectrice de la VUB, Caroline Pauwels, ouvre une enquête relative aux protestations plutôt que de se ranger derrière les militants est « préoccupant », juge-t-il encore. « Ces jeunes activistes symbolisent un avenir qui fait la part belle à l’ouverture sur le monde, au savoir, à l’égalité et la sensibilisation aux problèmes d’autrui. La vision renvoyée par Jan Jambon et Theo Francken nous offre quant à elle un monde fermé et radical où les gens se replient sur eux-mêmes. »

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CONTRE (DIRK JACOBS, PROFESSEUR DE SOCIOLOGIE À L’ULB)

« Empêcher le débat n’est pas un moyen démocratique d’exprimer ses critiques. C’est même contre-productif », affirme Dirk Jacobs, un Flamand qui enseigne la sociologie à l’ULB. 

« Les vives protestations de la part de mouvements de gauche témoignent de critiques et de sentiments de colère en hausse à l’égard de la politique du secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, Theo Francken. Ce mécontentement est sous-estimé. Pourtant, il faut tendre l’oreille face aux voix dissidentes, » estime Jacobs. « Mais de là à chahuter les conférences et débats de Francken parce qu’il adopte des positions extrêmes, c’est pousser le bouchon un peu trop loin. »

« Le fait de perturber des débats est une atteinte à la liberté d’expression. Ce n’est pas parce que l’on estime qu’une personne viole les droits fondamentaux d’autrui que l’on doit à notre tour porter atteinte aux droits fondamentaux de ladite personne en réduisant celle-ci au silence. »

« Pour autant, cela ne signifie pas que des actions symboliques ne peuvent être menées. La lecture publique de témoignages de demandeurs d’asile, comme cela s’est produit à Gand, ne contribue peut-être pas au débat mais, ce qui est sûr, c’est qu’elle ne l’entrave pas non plus. Il s’agit dès lors d’un moyen d’action légitime. »

« Une polarisation s’opère des deux côtés et toutes les parties concernées en sont responsables. C’est un cercle vicieux au sein duquel tant Theo Francken que les mouvements de gauche réagissent avec toujours plus de virulence. D’une part, l’essence du débat est perdue de vue et, d’autre part, l’émotion joue un rôle toujours plus important. »

« Dans tout ce vacarme, Francken s’érige en victime, attitude pour le moins déplacée. Prenons le débat de la semaine dernière à Anvers, où des dirigeants de divers partis politiques et autres faiseurs d’opinion étaient à l’affiche avant que l’évènement ne soit annulé par l’organisation, celle-ci n’étant pas en mesure de garantir la sécurité des lieux. Cette décision était excessive. La conférence aurait pu en effet se tenir. Francken récupère complètement la situation à son avantage en se qualifiant de victime de la « violence d’extrême gauche”. »

« Que l’on ampute le débat de son contenu est regrettable pour tous les citoyens qui ont soif d’information. Ils ne sont plus au fait de la politique d’immigration, des problèmes qui surviennent et du rôle joué par l’État en la matière. La N-VA en est pertinemment consciente. En secouant le cocotier, elle distrait la population qui ne voit plus la forêt en arrière-plan. »

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