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Pollution au PFOS, un scandale extrêmement flamand
18·06·21

Pollution au PFOS, un scandale extrêmement flamand

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) Peggychoucair via Pixabay

Bart Eeckhout
Auteur
Dominique Jonkers
Traducteur Dominique Jonkers

Le parlement flamand vient de constituer une commission d’enquête PFOS, et d’une manière plus qu’originale : en suggérant sa création, la ministre compétente a surpris à la fois le gouvernement dont elle fait partie et sa majorité parlementaire – majorité qui n’a pas réussi tout de suite à décider si elle devait voter pour ou contre l’idée. La commission va cependant être constituée ; c’est bien et c’est utile.

Question très simple

Ses membres n’auront même pas à se compliquer la vie, car la question qui se pose est d’une simplicité enfantine : comment se peut-il qu’il ait fallu plus de quatre ans avant que les pouvoirs publics (en l’occurrence, le gouvernement flamand) ne préviennent la population qu’elle court de graves risques sanitaires ?  Oui, quatre ans. C’est l’âge du rapport dont la conclusion recommande à la population de ne pas consommer d’œufs produits à proximité de la très polluante usine 3M de Zwijndrecht.

Cet avertissement à la population a bien été diffusé – la semaine dernière.

Question embarrassante

Cela dit, la chronologie de ce dossier remonte bien plus loin dans le temps. En 2003, 3M met fin à la production de PFOS, de sa propre initiative. Cette décision, on peut le supposer, n’est pas vraiment le résultat d’une attitude philanthropique. En 2004 sont venues les premières questions parlementaires ; quant aux premières études alarmantes sur la gravité de la pollution, elles remontent à 2008. Apparemment, pourtant, il ne s’est jamais trouvé un seul haut fonctionnaire, conseiller de cabinet ou ministre pour se dire : « Tiens, et si on prévenait les riverains ? Ce serait peut-être une bonne idée. »

C’est là que la question toute simple devient une question embarrassante : mais comment est-ce possible ?  Cette question est embarrassante pour la direction du maître d’ouvrage Lantis. Le monde politique (et par conséquent ce conseil d’administration désigné au nom du peuple souverain) a vu passer tous ces signaux d’alarme, mais n’a eu en tête que l’avancement du chantier Oosterweel, accord amiable confidentiel compris. Jamais on ne s’est préoccupé des risques de santé publique.

Pouvoir ou devoir d’agir ?

La question est également embarrassante pour la société flamande de gestion des déchets Ovam. Avec quelle intensité les signaux d’alarme doivent-ils résonner pour que cette administration réagisse ?  Enfin, la question est embarrassante pour les ministres compétents du gouvernement flamand précédent, à savoir Joke Schauvliege (ministre de l’Environnement, CD&V) en Ben Weyts (ministre de la Mobilité, N-VA). N’auraient-ils pas pu ou dû agir ?

Ce scandale sanitaire — car oui, c’est bien un scandale — est un scandale extrêmement flamand. C’est le scandale d’une culture de gouvernance où l’on sacrifie prévoyance et sens des responsabilités sur l’autel de l’efficience et de la privatisation. Et c’est le scandale d’un mode de pensée qui ne voit dans les problèmes environnementaux qu’une regrettable rubrique de coûts dans un fichier Excel, et non un véritable risque pour la santé publique.

Nouvel équilibre

Il s’impose de trouver un nouvel équilibre entre progrès économique, d’une part, et environnement et santé, d’autre part. C’est exactement comme le débat qui concerne la lutte contre le réchauffement climatique, l’azote et d’autres problèmes environnementaux. Déterminer le point d’équilibre est une question qui dépasse le champ d’action de cette commission d’enquête. Mais il faudra en arriver là, d’urgence, si nous ne voulons pas continuer de nous traîner ainsi de scandale en scandale.

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