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26·08·16

« Pokemoneurs, je ne vous aime pas ! »

Lillo est un ancien fort militaire intégré dans la Ligne de défense d’Anvers. Enclavé dans le port d’Anvers, le village compte aujourd’hui 34 habitants. Depuis le lancement de Pokemon Go, les habitants de ce hameau sont envahis jour et nuit par les fans de Pokemon.

Ce billet d’opinion a été publié dans Les Cahiers de la Semaine.

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Pixabay

Aubry Touriel
Auteur⸱e et

Pokemoneurs! Pokemoneuses!

Vous tous présents et à venir, je ne vous salue pas, je ne vous aime pas et au plus profond de mon cœur, je vous déteste. Vous vous êtes laissés prendre par un jeu imbécile, téléguidé par des gens plus malins que vous, qui au bout du compte vous exploiteront d’une façon ou d’une autre et qui à coup sûr n’attendent pas pour vous manipuler.

Toutes générations confondues, l’engouement pour le Pokémon Go est général et mondial. Tout le monde le fait, n’est pas une raison en soi. Certaines personnes sont passionnées par des mots croisés qui leur apprennent quelque chose… d’autres par la gymnastique mathématique et logique du Sudoku qui éveille le cerveau. À chacun ses plaisirs, le 16e siècle jouait massivement au bilboquet qui n’était pas un jeu très intellectuel. Mais le Pokémon Go… alors ça !

Les arguments pour avancent que les enfants sortent au grand air plutôt que de rester devant leur ordinateur et que les contacts humains sont multipliés à l’infini… Les contre avancent les aspects « virtuels » de la chose et donc son « irréalité ». Les joueurs se vautrent dans un fantasme et comme par une drogue sont hallucinés par leur smartphone. J’exagère ? Pas tant que ça.

Des forces étrangères que personne ne semble connaître nous envoient en des endroits bien précis, des petites bêtes coloriées qui virevoltent sur l’écran. Il s’agit de les attraper et de les  détruire ou de les forcer à se détruire entre elles. Ces images seraient inspirées par un jeu de cartes japonais. Certaines ne sont actives qu’en marchant, d’où l’illusion de perdre facilement quelques kilos tout en jouant.   Il y a déjà plus de cent de ces petites bêtes et on annonce une nouvelle génération d’ici la fin de l’année.

Le Fort de Lillo, où j’ai le privilège d’habiter, est un mini-endroit historique et bucolique sur l’Escaut. Il compte 34 habitants. Depuis trois semaines une présence variée de Pokémons s’est manifestée et a attiré une grande foule d’accros imbéciles. Le weekend dernier, des centaines de capteurs de Pokémons ont infesté cet endroit unique  de leur présence et de leurs mauvaises manières. De jour et de nuit, de nuit et de jour, des centaines de curieux les ont rejoints.   Les deux seuls restaurants et cafés s’en réjouissent et je m’en réjouis pour eux, mais à certains moments il n’est même pas possible de traverser la rue principale. C’est l’horreur absolue. Dormir en paix est exclu. Peu à peu chacun commence à vivre comme un zombie avec tous les inconvénients que cela amène pour la vie en commun.

Le Fort de Lillo, en plein port, fait partie de la ville d’Anvers. Il dépend principalement de sa gestion et le district n’a pas grand-chose à dire. En attendant de trouver « à qui parler », la Ville, que ce soit aux États-Unis ou au Japon, fait ce qu’elle peut. Les services de la voirie se dépensent sans relâche pour ramasser les saletés laissées par les pokémoneurs/neuses. La police surveille discrètement de nuit et de jour, de jour et de nuit, aussi efficacement que possible, une invasion qui se déploie sans respect et sans vergogne.

Et moi que fais-je ?  Je secoue tout le monde et l’opinion publique en premier afin d’arrêter ce scandale.

Lillo, fort, Doel, pokemon

Lillo vue du ciel (Google Earth)

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